Depuis Bab El Had, les manifestants ont arpenté les principales artères de la ville, dans une atmosphère mêlant ferveur et revendication. Les slogans inscrits sur les banderoles étaient sans équivoque : « Halte à la précarité ! », « Pour une législation du travail protectrice, non répressive », « Non à l’exploitation des femmes dans les champs et les usines ». Femmes en blouse de travail, syndicalistes chevronnés, jeunes diplômés en quête d’emploi, retraités solidaires… tous ont marché d’un pas décidé jusqu’à la place du Parlement, où les discours ont mis des mots sur les douleurs et les espoirs partagés.
Prenant la parole au nom des femmes syndicalistes de l’UNTM, une militante a captivé l’assemblée par un discours aussi poignant que combatif. « Ô femme marocaine militante, symbole de résilience et de dévouement… », a-t-elle lancé d’une voix forte, saluant d’abord toutes les travailleuses, avant de dresser un constat sans détour de leurs conditions de vie et de travail.
Elle a pointé du doigt l’érosion continue du pouvoir d’achat, les inégalités salariales tenaces, les licenciements abusifs de femmes syndiquées, le manque de structures d’accueil pour leurs enfants, ainsi que l’exploitation quotidienne dans les secteurs agricole, industriel et informel, où le droit du travail demeure lettre morte. « Comment parler d’autonomisation économique quand les bases d’un travail décent ne sont même pas garanties ? », a-t-elle questionné avec force.
Son message a mis en lumière les réalités accablantes vécues par les travailleuses agricoles, les cueilleuses de fraises, les femmes de ménage et les ouvrières des câbleries — souvent livrées à elles-mêmes, victimes d’exploitation, de harcèlement, et du silence complice de certaines autorités. Elle a également dénoncé l’éviction persistante des femmes des postes de responsabilité, en dépit d’un discours officiel se voulant progressiste.
De son côté, le secrétaire général de l’UNTM a prononcé une allocution percutante. Il a dénoncé l’écart criant entre les promesses gouvernementales et la réalité vécue par les travailleurs et travailleuses marocains. Il a critiqué l’absence de réformes sociales concrètes, la flambée des prix, la précarité grandissante, ainsi que la remise en cause d’acquis fondamentaux, à commencer par le droit de grève, mis en péril par un projet de loi qualifié de liberticide par les syndicats.
Il a aussi affirmé la position ferme de l’UNTM face à toute atteinte à l’identité nationale dans le cadre de la révision du Code de la famille, en insistant : « La cohésion familiale est le socle de notre stabilité sociale. Toute réforme doit être en phase avec nos valeurs, notre référentiel religieux et notre réalité sociétale. »
Le discours s’est achevé par un hommage solennel aux femmes palestiniennes, travailleuses et résistantes, notamment les militantes de l’Union Générale des Femmes Palestiniennes, en première ligne dans les hôpitaux, les écoles et les lieux de culte, malgré l’occupation et la guerre. L’UNTM a réitéré son soutien indéfectible au peuple palestinien et à sa juste cause.