Une lettre de cadrage : un outil budgétaire, mais aussi politique
La lettre de cadrage, généralement diffusée en juillet ou août (c'est cas cette année), pose le cadre macroéconomique, les grandes hypothèses de croissance, d’inflation, de déficit budgétaire, et surtout les priorités politiques du gouvernement pour l’année à venir. Elle précède le marathon technique des départements ministériels dans l’élaboration de leurs budgets sectoriels.
En théorie, cette lettre est l’acte fondateur du PLF : elle incarne la vision de l’Exécutif, assure la cohérence globale de l’action publique, et permet une allocation intelligente des ressources. Dans les faits, elle est souvent lue comme un exercice formel, à peine évoqué dans le débat public, sans ancrage fort dans le suivi ni dans l’évaluation.
En théorie, cette lettre est l’acte fondateur du PLF : elle incarne la vision de l’Exécutif, assure la cohérence globale de l’action publique, et permet une allocation intelligente des ressources. Dans les faits, elle est souvent lue comme un exercice formel, à peine évoqué dans le débat public, sans ancrage fort dans le suivi ni dans l’évaluation.
Trop souvent un rituel technocratique déconnecté du réel
Au Maroc, la lettre de cadrage souffre d’un double défaut : elle est à la fois trop vague et trop rigide.
Trop vague, car elle se contente souvent de rappeler des intentions générales (promotion de l’investissement, inclusion sociale, rationalisation des dépenses) sans hiérarchisation claire ni objectifs mesurables.
Trop rigide, car elle s’inscrit dans un cadre budgétaire prédéterminé, avec peu de marges de manœuvre réelles, surtout dans un contexte où plus de 80 % du budget est constitué de charges rigides (salaires, dettes, transferts sociaux).
Résultat ? Les ministères poursuivent leur logique propre, souvent sans cohérence intersectorielle. Et les arbitrages sont reportés à plus tard, souvent à la veille du Conseil de gouvernement, voire lors des discussions parlementaires.
Trop vague, car elle se contente souvent de rappeler des intentions générales (promotion de l’investissement, inclusion sociale, rationalisation des dépenses) sans hiérarchisation claire ni objectifs mesurables.
Trop rigide, car elle s’inscrit dans un cadre budgétaire prédéterminé, avec peu de marges de manœuvre réelles, surtout dans un contexte où plus de 80 % du budget est constitué de charges rigides (salaires, dettes, transferts sociaux).
Résultat ? Les ministères poursuivent leur logique propre, souvent sans cohérence intersectorielle. Et les arbitrages sont reportés à plus tard, souvent à la veille du Conseil de gouvernement, voire lors des discussions parlementaires.
Ce qu’elle devrait être : un outil de cohérence, de rupture et d’évaluation
La lettre de cadrage ne devrait pas être une simple lettre enrichie des dernières orientations de SM le Roi dans son dernier discours du trône. Elle devrait être une feuille de route politique et budgétaire assumée, à la fois synthétique, stratégique et engageante.
Concrètement, elle devrait :
1-Hiérarchiser clairement les priorités nationales : lutte contre le chômage des jeunes, refonte des retraites, déploiement du chantier de la santé, souveraineté alimentaire…
2-Fixer des objectifs chiffrés et datés, pour obliger les ministères à s’aligner sur des résultats et pas seulement des intentions.
3-Inscrire chaque dirham dépensé dans une logique de performance publique, en associant systématiquement indicateurs de résultat et dispositifs d’évaluation.
4-Créer un lien direct entre les grandes stratégies nationales (NMD, transition verte, régionalisation, etc.) et les arbitrages budgétaires.
5-Rappeler les engagements internationaux du Maroc : climat, financement du développement, politique africaine, etc.
Concrètement, elle devrait :
1-Hiérarchiser clairement les priorités nationales : lutte contre le chômage des jeunes, refonte des retraites, déploiement du chantier de la santé, souveraineté alimentaire…
2-Fixer des objectifs chiffrés et datés, pour obliger les ministères à s’aligner sur des résultats et pas seulement des intentions.
3-Inscrire chaque dirham dépensé dans une logique de performance publique, en associant systématiquement indicateurs de résultat et dispositifs d’évaluation.
4-Créer un lien direct entre les grandes stratégies nationales (NMD, transition verte, régionalisation, etc.) et les arbitrages budgétaires.
5-Rappeler les engagements internationaux du Maroc : climat, financement du développement, politique africaine, etc.
Un moment d’arbitrage politique, pas juste un envoi de consignes
Ce document devrait aussi être un moment de vérité politique, où le Chef du Gouvernement tranche, assume ses priorités, et met les ministres face à leurs responsabilités.
Il pourrait être accompagné de bilans sectoriels intermédiaires, pour évaluer les progrès accomplis depuis la dernière loi de finances. Et surtout, faire du budget un outil d’impact, et non un simple exercice de reconduction des dépenses.
Il pourrait être accompagné de bilans sectoriels intermédiaires, pour évaluer les progrès accomplis depuis la dernière loi de finances. Et surtout, faire du budget un outil d’impact, et non un simple exercice de reconduction des dépenses.
Un levier de transparence et de pédagogie publique déjà en place, mais à amplifier
Au Maroc, la lettre de cadrage budgétaire est déjà rendue publique, ce qui constitue un atout pour la transparence de l’action gouvernementale. Mais cette ouverture pourrait aller plus loin. Sa diffusion ne devrait pas se limiter à un document officiel consultable par les initiés ; elle gagnerait à être vulgarisée et expliquée pour que l’ensemble des citoyens puisse en comprendre les enjeux et les arbitrages.
En clair, il s’agirait de transformer cette publication en véritable outil de pédagogie budgétaire : infographies, synthèses claires, débats publics et interventions médiatiques pourraient aider à rendre ses orientations plus lisibles et à renforcer l’adhésion autour des priorités fixées.
La lettre ne doit pas seulement informer, elle doit impliquer et mobiliser, afin que le budget soit perçu comme un projet collectif et non un exercice technique réservé aux experts.
En clair, il s’agirait de transformer cette publication en véritable outil de pédagogie budgétaire : infographies, synthèses claires, débats publics et interventions médiatiques pourraient aider à rendre ses orientations plus lisibles et à renforcer l’adhésion autour des priorités fixées.
La lettre ne doit pas seulement informer, elle doit impliquer et mobiliser, afin que le budget soit perçu comme un projet collectif et non un exercice technique réservé aux experts.
Vers une réforme de la gouvernance budgétaire ?
À l’heure où le Maroc est confronté à une série de défis systémiques (pression sur les finances publiques, explosion de la demande sociale, impératif de relance verte et numérique) la réforme du pilotage budgétaire devient urgente.
Cela passe par :
Une montée en puissance du Budget Pluriannuel par Objectifs (BPO)
Une implication plus forte du Parlement en amont
Et une lettre de cadrage transformée en acte de gouvernance stratégique, avec engagement formel du Chef du Gouvernement devant la nation.
Cela passe par :
Une montée en puissance du Budget Pluriannuel par Objectifs (BPO)
Une implication plus forte du Parlement en amont
Et une lettre de cadrage transformée en acte de gouvernance stratégique, avec engagement formel du Chef du Gouvernement devant la nation.
La lettre de cadrage ne devrait pas être une formalité administrative, mais un acte fondateur d’un budget utile, juste et cohérent.
Dans un contexte où chaque dirham compte, le cadrage doit devenir une boussole, et non un nuage de bonnes intentions. Le Maroc a besoin d’un budget qui anticipe, priorise et transforme et cela commence par une lettre qui ose dire la vérité, fixer des caps clairs, et surtout, tenir des promesses réalistes.