Une montée en puissance discrète mais fulgurante
Il y a encore vingt ans, l’idée que le Maroc devienne un acteur clé de l’industrie aéronautique mondiale aurait fait sourire. Aujourd’hui, ce sourire s’est figé de surprise : avec cent cinquante entreprises implantées sur son sol, deux virgule cinq milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, et vingt-six mille emplois directs, le Royaume s’affirme sans fanfare comme une plaque tournante industrielle stratégique. Et pourtant, ce basculement ne s’est pas fait en fanfare, mais au fil d’un travail méthodique, patient, et, il faut le dire, incroyablement ambitieux.
Casablanca, Tanger, Rabat, Fès : ces villes abritent désormais des usines à haute valeur technologique, souvent en lien direct avec les plus grands noms du secteur comme Boeing, Airbus, Safran ou encore Figeac Aero. Une présence qui va bien au-delà de la simple sous-traitance : il s’agit d’intégration dans des chaînes de production globalisées, sur des segments critiques comme les fuselages, les éléments de structure, les câblages ou encore l’aménagement intérieur des avions.
Pourquoi un tel engouement pour le Maroc ? Plusieurs raisons tiennent la corde, mais l’une d’entre elles est d’ordre économique. Le coût horaire moyen d’un technicien marocain dans ce secteur s’élève à environ vingt-cinq euros, contre cent à cent vingt euros en Europe ou aux États-Unis. À cela s’ajoute une main-d’œuvre qualifiée : près de vingt-trois mille ingénieurs formés chaque année, dont quatre cents choisissent la filière aéronautique.
Pour Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie, « le Maroc coche toutes les cases : stabilité politique, infrastructures modernes, coûts maîtrisés, et montée en compétence continue. » Une déclaration qui résonne particulièrement bien alors que le Salon international du Bourget bat son plein, où le pavillon marocain attire l’attention.
Mais au-delà des chiffres, c’est l’ambition qui frappe : d’ici à 2030, le Maroc ne cache plus sa volonté de doubler le chiffre d’affaires du secteur aéronautique, en élargissant son offre à des domaines jusque-là hors de portée, comme les trains d’atterrissage ou même une ligne d’assemblage finale pour avions commerciaux.
L’un des points marquants de ce redéploiement réside dans les partenariats tissés avec des acteurs majeurs de l’aviation mondiale. Lors de la visite officielle d’Emmanuel Macron à Rabat en octobre dernier, un accord historique a été signé entre Royal Air Maroc et Safran, pour le développement et l’entretien de moteurs CFM Leap, nouvelle génération.
Cette coopération n’est pas seulement symbolique. Elle inscrit le Maroc dans la transition technologique du secteur, marquée par la recherche d’une aviation plus efficiente, moins polluante, plus légère. C’est également un message clair envoyé aux industriels : ici, on ne se contente plus de visser ou d’assembler. On innove, on anticipe, on collabore au cœur des technologies critiques.
Et ce n’est pas fini : Boeing, qui s’était déjà engagé dans un protocole d’accord en 2016 avec le Maroc, a signé récemment un nouveau contrat majeur avec Casablanca Aéronautique (filiale de Figeac Aero) pour la production de pièces destinées à l’illustre programme 737 MAX. Preuve que l’engagement initial a su se transformer en ancrage durable.
Autre indicateur d’une dynamique en marche : Royal Air Maroc est en pleine réflexion sur un plan de commande d’avions, qui pourrait déboucher sur une nouvelle configuration de sa flotte. Selon le ministre, l’Airbus A220, appareil de taille intermédiaire particulièrement adapté aux lignes intra-européennes, fait l’objet de discussions avancées.
Cette démarche n’est pas anodine. Elle témoigne d’une volonté de montée en gamme, mais aussi d’une synchronisation intelligente entre la stratégie industrielle nationale et les besoins logistiques de la compagnie nationale. On sent une approche plus intégrée, moins éclatée, où les différents volets (production, maintenance, formation, exploitation) convergent dans une logique d’écosystème cohérent.
Ce qui impressionne dans cette montée en puissance, c’est la cohérence stratégique. Il ne s’agit pas d’un « coup » industriel ponctuel, mais d’un plan structurant à long terme, appuyé par une vision gouvernementale, des incitations ciblées, et une implication croissante du secteur privé.
Reste un enjeu de taille : celui de la montée en gamme continue, notamment via la recherche et développement, l’automatisation, et la robotisation, domaines encore en cours d’appropriation. Le Maroc, tout en attirant les lignes de production, devra également s’assurer de ne pas rester cantonné aux « tâches à faible valeur ajoutée », au risque de voir la compétitivité s’éroder avec le temps.
Mais pour l’instant, l’atterrissage est maîtrisé, et le plan de vol ambitieux. Et si la ligne d’assemblage d’un avion commercial marocain reste encore à dix ans, la trajectoire est tracée.
Casablanca, Tanger, Rabat, Fès : ces villes abritent désormais des usines à haute valeur technologique, souvent en lien direct avec les plus grands noms du secteur comme Boeing, Airbus, Safran ou encore Figeac Aero. Une présence qui va bien au-delà de la simple sous-traitance : il s’agit d’intégration dans des chaînes de production globalisées, sur des segments critiques comme les fuselages, les éléments de structure, les câblages ou encore l’aménagement intérieur des avions.
Pourquoi un tel engouement pour le Maroc ? Plusieurs raisons tiennent la corde, mais l’une d’entre elles est d’ordre économique. Le coût horaire moyen d’un technicien marocain dans ce secteur s’élève à environ vingt-cinq euros, contre cent à cent vingt euros en Europe ou aux États-Unis. À cela s’ajoute une main-d’œuvre qualifiée : près de vingt-trois mille ingénieurs formés chaque année, dont quatre cents choisissent la filière aéronautique.
Pour Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie, « le Maroc coche toutes les cases : stabilité politique, infrastructures modernes, coûts maîtrisés, et montée en compétence continue. » Une déclaration qui résonne particulièrement bien alors que le Salon international du Bourget bat son plein, où le pavillon marocain attire l’attention.
Mais au-delà des chiffres, c’est l’ambition qui frappe : d’ici à 2030, le Maroc ne cache plus sa volonté de doubler le chiffre d’affaires du secteur aéronautique, en élargissant son offre à des domaines jusque-là hors de portée, comme les trains d’atterrissage ou même une ligne d’assemblage finale pour avions commerciaux.
L’un des points marquants de ce redéploiement réside dans les partenariats tissés avec des acteurs majeurs de l’aviation mondiale. Lors de la visite officielle d’Emmanuel Macron à Rabat en octobre dernier, un accord historique a été signé entre Royal Air Maroc et Safran, pour le développement et l’entretien de moteurs CFM Leap, nouvelle génération.
Cette coopération n’est pas seulement symbolique. Elle inscrit le Maroc dans la transition technologique du secteur, marquée par la recherche d’une aviation plus efficiente, moins polluante, plus légère. C’est également un message clair envoyé aux industriels : ici, on ne se contente plus de visser ou d’assembler. On innove, on anticipe, on collabore au cœur des technologies critiques.
Et ce n’est pas fini : Boeing, qui s’était déjà engagé dans un protocole d’accord en 2016 avec le Maroc, a signé récemment un nouveau contrat majeur avec Casablanca Aéronautique (filiale de Figeac Aero) pour la production de pièces destinées à l’illustre programme 737 MAX. Preuve que l’engagement initial a su se transformer en ancrage durable.
Autre indicateur d’une dynamique en marche : Royal Air Maroc est en pleine réflexion sur un plan de commande d’avions, qui pourrait déboucher sur une nouvelle configuration de sa flotte. Selon le ministre, l’Airbus A220, appareil de taille intermédiaire particulièrement adapté aux lignes intra-européennes, fait l’objet de discussions avancées.
Cette démarche n’est pas anodine. Elle témoigne d’une volonté de montée en gamme, mais aussi d’une synchronisation intelligente entre la stratégie industrielle nationale et les besoins logistiques de la compagnie nationale. On sent une approche plus intégrée, moins éclatée, où les différents volets (production, maintenance, formation, exploitation) convergent dans une logique d’écosystème cohérent.
Ce qui impressionne dans cette montée en puissance, c’est la cohérence stratégique. Il ne s’agit pas d’un « coup » industriel ponctuel, mais d’un plan structurant à long terme, appuyé par une vision gouvernementale, des incitations ciblées, et une implication croissante du secteur privé.
Reste un enjeu de taille : celui de la montée en gamme continue, notamment via la recherche et développement, l’automatisation, et la robotisation, domaines encore en cours d’appropriation. Le Maroc, tout en attirant les lignes de production, devra également s’assurer de ne pas rester cantonné aux « tâches à faible valeur ajoutée », au risque de voir la compétitivité s’éroder avec le temps.
Mais pour l’instant, l’atterrissage est maîtrisé, et le plan de vol ambitieux. Et si la ligne d’assemblage d’un avion commercial marocain reste encore à dix ans, la trajectoire est tracée.
L’industrie aéronautique marocaine, un décollage qui force le respect
Il y a des révolutions silencieuses. Celle de l’aéronautique marocaine en est une. Pas de slogans tonitruants, peu de projecteurs... mais une efficacité redoutable. Et aujourd’hui, à l’heure où le monde industriel cherche à relocaliser, sécuriser et diversifier ses chaînes de production, le Maroc est en train de s’imposer comme une base arrière fiable, agile, et ambitieuse.
Alors, à ceux qui se demandent encore où se joue la bataille industrielle du XXIe siècle, un conseil : regardez plus au sud. Là où le ciel est clair… et l’avenir bien balisé.
Alors, à ceux qui se demandent encore où se joue la bataille industrielle du XXIe siècle, un conseil : regardez plus au sud. Là où le ciel est clair… et l’avenir bien balisé.
À retenir – Le Maroc dans les airs, chiffres clés
150 entreprises aéronautiques présentes
2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel
26 000 emplois directs créés
23 000 ingénieurs formés chaque année, 400 dans le secteur aéronautique
25 € de coût horaire contre 100-120 € en Occident
Objectif 2030 : doublement du chiffre d’affaires
2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel
26 000 emplois directs créés
23 000 ingénieurs formés chaque année, 400 dans le secteur aéronautique
25 € de coût horaire contre 100-120 € en Occident
Objectif 2030 : doublement du chiffre d’affaires