Neuf enfants tués : la frontière afghano-pakistanaise replonge dans l’horreur
La frontière afghano-pakistanaise a de nouveau basculé dans l’horreur. Dans la nuit de lundi à mardi, des frappes menées depuis le Pakistan ont touché plusieurs zones de l’est de l’Afghanistan, causant la mort d’au moins dix personnes, dont neuf enfants, selon le porte-parole du gouvernement taliban, Zabihullah Mujahid.
L’attaque la plus meurtrière a eu lieu dans la province de Khost, quand un obus a frappé la maison d’un civil peu après minuit. Les talibans décrivent une scène insoutenable : cinq garçons, quatre filles et une femme ensevelis sans avoir eu le temps de fuir. D’autres frappes ont ensuite visé les provinces de Kunar et Paktika, faisant plusieurs blessés et créant un climat de panique dans ces régions montagneuses déjà martelées par des violences récurrentes.
Cette escalade intervient dans un contexte de tensions brûlantes entre les deux voisins. La veille, un attentat-suicide contre le QG des forces de sécurité pakistanaises, dans une zone proche de la frontière afghane, avait fait plusieurs morts. L’attaque n’avait pas été revendiquée, mais Islamabad soupçonne régulièrement des groupes armés opérant depuis l’Afghanistan de viser son territoire.
Ces dernières semaines, la situation n’a cessé de se dégrader. Le Pakistan avait déjà accusé une « cellule terroriste » basée en Afghanistan d’avoir orchestré l’attentat du 11 novembre devant un tribunal d’Islamabad, qui avait fait 12 morts et des dizaines de blessés. À Kaboul, ces accusations sont perçues comme une stratégie pour justifier des opérations militaires transfrontalières.
Les deux pays avaient pourtant annoncé une trêve fragile en octobre, après une confrontation armée d’une intensité rare. Mais les négociations qui ont suivi n’ont jamais permis de définir clairement les règles du cessez-le-feu, encore moins les mécanismes de contrôle sécuritaire. Résultat : chaque incident ravive les soupçons et accélère le retour des hostilités.
Face aux frappes de cette nuit, le gouvernement taliban a réagi avec fermeté. Dans un message posté sur X, Mujahid a condamné « fermement ce crime » et promis une riposte « appropriée en temps voulu ». Aucun détail n’a été donné sur la nature de cette éventuelle réponse, mais le ton laisse penser que Kaboul ne laissera pas l’épisode sans suite. Les prochains jours seront décisifs. Si les tensions continuent d’escalader, la région pourrait replonger dans un cycle de représailles dont les civils, comme souvent, seraient les premières victimes.