On dira qu’il n’était “que” le père de Nasser. Réduction injuste. Il fut une conscience tranquille, un motif d’obstination éthique.
Quand la tourmente judiciaire frappait son fils et d’autres jeunes du Hirak, Ahmed avançait sans emphase, portant des dossiers, des lettres, des paroles mesurées. Il refusait l’excès tout en refusant l’injustice. Sa stature provenait de cette économie de gestes : ne pas théâtraliser la douleur, mais ne jamais la taire.
Dans ce deuil, les souvenirs affluent : une poignée de main ferme donnée à des visiteurs venus de loin ; une phrase courte – “la dignité ne se négocie pas” – ; une patience vigilante devant les portes fermées. Il incarnait cette passerelle fragile entre la mémoire longue des anciennes humiliations régionales et l’espérance obstinée d’un avenir partagé. Son intégrité n’était pas posture : elle se lisait dans la cohérence quotidienne, dans la fidélité à un fil moral qu’il n’a pas rompu même quand la fatigue de la maladie rendait l’effort plus lourd.
Le deuil, ici, ne peut se cloîtrer dans la seule intimité familiale : il nous oblige moralement et sereinement à reposer la question – jusqu’à quand prolonger un cycle de souffrance et de séparation qui épuise les familles, assèche la confiance et éloigne la réconciliation civique ?
Demander la libération de Nasser Zefzafi et des autres détenus liés au Hirak n’est ni une surenchère ni un défi lancé à l’autorité de l’État : c’est une invitation à investir dans la pacification durable en choisissant la mesure, la magnanimité et le dialogue.
Chaque société traverse des seuils où la clémence ciblée devient un acte stratégique, un geste qui réoriente l’énergie collective vers la construction plutôt que vers la mémoire antagoniste. Libérer ces voix, ce n’est pas effacer les tensions passées ; c’est créer les conditions d’une parole civique moins fracturée.
Dans l’héritage moral d’Ahmed Zefzafi, il y a cette exigence de principe qui ne se crispe pas en haine. Le meilleur hommage que l’on puisse lui rendre consiste peut-être à transformer la douleur présente en argument pour une décrispation lucide : reconnaître les blessures, ouvrir les verrous, permettre à des trajectoires humaines d’échapper à l’inertie carcérale et à la spirale du ressentiment.
Qu’il repose en paix. Que la miséricorde enveloppe son âme. Allahumma ighfir lahou, warhamhou, wa aafihi waafou anhou. Ô Dieu, accorde-lui lumière dans sa tombe, accueille-le en Ton infinie clémence, apaise les cœurs de sa famille et de tous ceux qui pleurent aujourd’hui. Et fais de cette perte une porte vers davantage de justice et de réconciliation. Amine.
Dans ce deuil, les souvenirs affluent : une poignée de main ferme donnée à des visiteurs venus de loin ; une phrase courte – “la dignité ne se négocie pas” – ; une patience vigilante devant les portes fermées. Il incarnait cette passerelle fragile entre la mémoire longue des anciennes humiliations régionales et l’espérance obstinée d’un avenir partagé. Son intégrité n’était pas posture : elle se lisait dans la cohérence quotidienne, dans la fidélité à un fil moral qu’il n’a pas rompu même quand la fatigue de la maladie rendait l’effort plus lourd.
Le deuil, ici, ne peut se cloîtrer dans la seule intimité familiale : il nous oblige moralement et sereinement à reposer la question – jusqu’à quand prolonger un cycle de souffrance et de séparation qui épuise les familles, assèche la confiance et éloigne la réconciliation civique ?
Demander la libération de Nasser Zefzafi et des autres détenus liés au Hirak n’est ni une surenchère ni un défi lancé à l’autorité de l’État : c’est une invitation à investir dans la pacification durable en choisissant la mesure, la magnanimité et le dialogue.
Chaque société traverse des seuils où la clémence ciblée devient un acte stratégique, un geste qui réoriente l’énergie collective vers la construction plutôt que vers la mémoire antagoniste. Libérer ces voix, ce n’est pas effacer les tensions passées ; c’est créer les conditions d’une parole civique moins fracturée.
Dans l’héritage moral d’Ahmed Zefzafi, il y a cette exigence de principe qui ne se crispe pas en haine. Le meilleur hommage que l’on puisse lui rendre consiste peut-être à transformer la douleur présente en argument pour une décrispation lucide : reconnaître les blessures, ouvrir les verrous, permettre à des trajectoires humaines d’échapper à l’inertie carcérale et à la spirale du ressentiment.
Qu’il repose en paix. Que la miséricorde enveloppe son âme. Allahumma ighfir lahou, warhamhou, wa aafihi waafou anhou. Ô Dieu, accorde-lui lumière dans sa tombe, accueille-le en Ton infinie clémence, apaise les cœurs de sa famille et de tous ceux qui pleurent aujourd’hui. Et fais de cette perte une porte vers davantage de justice et de réconciliation. Amine.