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Algérie : l’effondrement silencieux d’un dinar à bout de souffle


Rédigé par La rédaction le Dimanche 23 Novembre 2025



Panique en Algérie : Le Dinar s’effondre à un niveau jamais vu.

Algérie : l’effondrement silencieux d’un dinar à bout de souffle
Quand une monnaie s’écroule, c’est rarement un simple problème technique. C’est le symptôme d’un pays qui perd ses repères, d’un État qui glisse d’une crise économique vers une crise de confiance, puis vers une crise politique. Ce dimanche 23 novembre 2025, l’Algérie a franchi ce seuil.

Dans les rues d’Alger, aux abords du square Port-Saïd, devenu baromètre officieux du pays, une vérité brutale s’est affichée : 100 euros s’échangent désormais contre 28 250 dinars.

Cela revient à dire qu’un euro vaut 282,5 dinars. Une bascule historique qui, en quelques heures, a fait le tour des réseaux, des cafés, des marchés, des conversations. Une onde de choc qui dépasse les chiffres : elle raconte l’entrée de l’Algérie dans une zone de turbulence rarement vue depuis les années 1990. Pour rappel et d’après les données historiques, il y a un an (vers novembre 2024) le taux était d’environ 1 € = 140 dinar algérien 

Un dinar qui se délite, un système qui déraille

Les économistes suivent depuis des années la lente dérive du dinar, mais l’explosion actuelle dépasse les scénarios pessimistes. Ce n’est plus une dépréciation ; c’est une chute libre.
La barre symbolique du 1 euro = 300 dinars n’est plus une hypothèse lointaine : plusieurs analystes à Alger et Paris évoquent un horizon de quelques semaines, peut-être quelques jours.

Le terme qui revient dans les rapports d’experts est sans appel : désancrage.
Le dinar n’est plus lié à une économie capable de le soutenir, mais à un climat d’incertitude totale. Quand la monnaie s’effrite, c’est que l’État a perdu maîtrise, crédibilité et anticipation.

Le marché noir comme Banque Centrale bis

Dans les pays sous tension, les marchés parallèles disent souvent la vérité que les institutions n’admettent plus.
En Algérie, le square Port-Saïd fait office de thermomètre national. C’est là que se fixe chaque matin le véritable prix de l’euro, sous les yeux d’un peuple qui n’attend plus rien du taux officiel, devenu largement déconnecté de la réalité.

Le paradoxe est cruel : Un pays riche en gaz, en pétrole, en ressources naturelles, vit désormais au rythme d’un marché noir devenu son poumon financier. La norme économique s’est déplacée vers l’informel, signe que l’État a perdu l’un des attributs essentiels de sa souveraineté : la maîtrise de sa monnaie.

Des explications officielles qui sonnent faux

Face à la tempête, le gouvernement militaire tente de reprendre la main en empilant des explications bancales :
– importations automobiles “excessives”,
– baisse des réserves de change,
– fluctuations mondiales du gaz et du pétrole,
– spéculateurs,
– et inévitable accusation d’un “complot étranger”.

Le discours est connu, presque routinier. Mais il convainc de moins en moins, même parmi ceux qui ne contestent pas le régime. Car les chiffres, eux, ne mentent pas :
l’Algérie a perdu plus de 70 % de ses réserves de change entre 2014 et 2025, l’industrie hors hydrocarbures reste à l’arrêt, et la balance commerciale dépend quasi exclusivement d’un seul secteur énergétique en déclin structurel.

Les maux profonds d’une économie essoufflée

L’effondrement du dinar n’est pas un accident isolé. C’est la conséquence d’une maladie chronique :
– absence de diversification,
– PIB dépendant à 92 % des hydrocarbures,
– industrie locale en panne,
– fuite des capitaux,
– paralysie du secteur privé,
– et un chômage réel qui dépasse largement les statistiques officielles.

La dévaluation actuelle agit comme révélateur. Elle met en lumière un pays où le citoyen peine à acheter les produits essentiels : semoule, huile, lait, médicaments. Les files d’attente deviennent la norme. Les pénuries, un décor quotidien.

L’Algérie n’est pas encore dans un scénario à la vénézuélienne, mais les économistes craignent une dynamique similaire : spirale inflationniste, perte de confiance dans la monnaie, hausse brutale du coût des importations, explosion du marché noir.
Et surtout, une absence totale de réformes structurelles depuis vingt ans.

Un système politique en première ligne

Dans les coulisses, diplomates et analystes disent à voix basse ce que les responsables n’osent pas affirmer publiquement : la crise monétaire révèle l’usure d’un système.
Un régime militaire vieillissant, centralisé, peu transparent, qui gouverne par autorité plus que par stratégie.

L’économie n’est pas seulement en difficulté : elle est cliniquement sous respiration artificielle.

Et quand une monnaie s’effondre, ce n’est pas seulement le portefeuille des ménages qui vacille ; c’est la promesse d’avenir du pays tout entier.

45 millions d’habitants face à l’incertitude

La chute du dinar, ce n’est pas un graphique rouge sur un écran.
C’est un quotidien bouleversé pour des millions de familles : salaires qui fondent dans les mains, épargne qui disparaît, pouvoir d’achat laminé, jeunes diplômés qui n’envisagent plus leur avenir que loin du pays.

L’Algérie n’est pas condamnée. Elle dispose encore d’atouts considérables : jeunesse, ressources naturelles, position stratégique, diaspora qualifiée.
Mais sans réformes profondes – gouvernance, industrie, diversification, transparence – aucune reprise ne sera possible. La monnaie n’est que le miroir. Le mal est ailleurs.

Une crise économique qui devient politique

L’effondrement du dinar est devenu un acte d’accusation silencieux. Il pointe les limites d’un système verrouillé qui peine à se renouveler.
Il met face à leurs responsabilités des dirigeants qui se sont trop longtemps reposés sur la rente énergétique, croyant qu’elle suffirait à acheter la stabilité.

La dévaluation est un verdict.
Un rappel qu’aucun pays, fût-il riche en gaz, ne peut défier indéfiniment les lois économiques.

​Un pays au bord du tournant

L’Algérie entre dans une zone décisive. Le choc du dinar peut être le début d’un sursaut, ou le début d’une descente plus profonde. L’histoire économique montre qu’une monnaie qui s’effondre entraîne toujours un changement, d’une manière ou d’une autre : réforme, transition, ou rupture.

Ce dimanche 23 novembre 2025 restera comme le jour où le dinar a cessé d’être seulement une monnaie. Il est devenu le symbole d’un modèle qui atteint ses limites.

Et l’avenir des 45 millions d’Algériens dépend désormais de ce que le pays fera – ou ne fera pas – face à cette vérité.




Dimanche 23 Novembre 2025