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Avec Joe Biden à la Maison blanche, le Maroc est paré


Rédigé par le Mercredi 20 Janvier 2021

C’est aujourd’hui que Joe Biden est investi 46e président des Etats-Unis d’Amérique. Le Maroc, doit-il s’en inquiéter ? Bien au contraire. Quel que soit l’occupant de la Maison Blanche, la politique extérieure de Washington ne change jamais. Plus encore quand les Etats-Unis, affaiblis par les pires élections présidentielles que ce pays ait connues, ont besoin de leurs fidèles alliés.



Joe Biden, lors de sa visite au Maroc, en 2014, en tant que vice-président des Etats-Unis
Joe Biden, lors de sa visite au Maroc, en 2014, en tant que vice-président des Etats-Unis
De Paris à Alger, en passant par Madrid, que n’a-t-on pas ergoté sur une éventuelle remise en cause par Joe Biden, une fois investi nouveau président des Etats-Unis, de la décision de Donald Trump de reconnaître la marocanité du Sahara.

Ce mantra est tellement répété par certains médias qu’il finit par laisser transparaître ce qu’il est censé cacher. Le rapport coût/bénéfice d’un retournement de la position des Etats-Unis concernant le Maroc n’est, de toute évidence, nullement favorable.

À Tel Aviv et Moscou, la situation en Afrique du nord est surveillée de très près.

Trump, l’antisystème

Entendons-nous bien ; si ça ne dépendait que de Joe Biden, jamais les Etats-Unis n’auraient franchi le pas de la reconnaissance de la marocanité du Sahara. Les démocrates progressistes bons teints qui pullulent dans son entourage préféreraient se tirer une balle que de voir se régler le conflit régional du Sahara.

Les problèmes internationaux, normalement Washington les entretient, elle les relance s’ils viennent à s’essouffler, elle les crée même si besoin est. Traditionnellement, les Américains évitent soigneusement de les résoudre. C’est là ou la posture antisystème de Donald Trump a été très utile au Maroc.

Sauf que maintenant, il ne s’agit plus pour l’administration Biden de savoir si elle doit ou pas aider le Maroc à régler son problème au Sahara. L’administration Trump l’a déjà fait.

Levier de pression cassé

Quelles seraient les conséquences d’un recul des Etats-Unis à ce sujet est plutôt désormais la question posée. Le Pentagone connaît la réponse et veillera à ce que se soit bien compris à la Maison blanche.

À ce niveau de réflexion, peut-être pas atteint par les caporaux cleptomanes d’Alger, mais sûrement à Paris et Madrid, l’image qui s’impose à l’esprit est celle d’un Maroc qui glisse des doigts comme une anguille. Adieu le levier de pression sur le Maroc baptisé « Sahara »…

D’autres acteurs géopolitiques surveillent la partie qui se joue actuellement en Afrique du Nord et y déplacent subtilement leurs pions, à savoir Israël et la Russie. Ce qui oblige les démocrates progressistes qui viennent d’être intronisés à Washington à freiner leur élan « droit-de-l’hommiste » envers le Maroc.


Lobby juif, appétit russe

Comment réagirait Tel Aviv à un retrait de la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara ? Le lobby juif à Washington se chargerait de le leur expliquer.

Il est certain que les Israéliens ne trouvent pas tellement à leur goût l’insistance du Roi Mohammed VI sur la reprise des négociations avec les Palestiniens. Mais de là à s’aliéner inutilement l’électorat juif-marocain, ni Benjamin Netanyahou, ni Benny Gantz ne s’y risqueraient.

À Moscou, Vladimir Poutine se lécherait les babines à la perspective d’une brouille entre le Maroc et les Etats-Unis. Même si les gros contrats d’armement conclu avec l’Algérie sont toujours bienvenus, quand le détroit de Gibraltar est invoqué, les Russes en ont malgré tout des frissons.

De l’autre côté, l’océan atlantique, et sur l’autre rive, les Etats-Unis… Et puis les Russes adorent traiter avec des gens aussi pragmatiques qu’ils le sont eux-mêmes.

Le Grand Jeu

Avec les deux anciens de l’équipe Obama, Antony John Blinken, chantre de l’invasion de l’Irak, de l’intervention en Libye et du soutien aux « rebelles » syriens, à la tête du département d’Etat et Victoria Nuland « fuck the EU» (Union Européenne) à ses côtés, l’administration Biden annonce clairement la couleur. Le « Russia bashing » a de très beaux jours devant lui.

De toute évidence, l’administration Obama-bis de Biden a autant de chance de réussir à venir à bout de la Russie que dans sa version originale. La dernière fois que les Américains ont essayé de jouer aux petits malins en Ukraine, en 2014, ils ont littéralement offert la Crimée à Moscou sur un plateau d’argent. Tout ça, bien sûr, les Marocains s’en moquent, c’est loin et ne les concerne en rien.

Le Grand Jeu du Maroc est en Afrique, ou les Américains voient d’un très mauvais œil les mercenaires russes prendre leurs aises. Pendant que les anciennes puissances coloniales européennes tentent tant bien que mal de s’accrocher aux vestiges de leur influence quasi-perdue sur le continent.

À l’Est, rien à signaler

Quant au pays voisin de l’est, il rêve d’envoyer ses légions guerroyer en Afrique subsaharienne, maintenant que sa constitution modifiée le lui permet. Ce n’est vraiment pas le moment pour les caporaux d’Alger de surenchérir militairement avec le Maroc, alors qu’ils se voient en proconsuls d’Occident en Afrique applaudis.

Le temps que nos chers voisins se rendent compte qu’ils sont encore une fois, et comme toujours, les dindons de la farce, bien de l’eau aurait coulé sous les ponts du Maroc. Parce qu’en attendant, qui se soucie des productions cinématographiques de guerre et autres vidéos lacrymogènes du polisario ?

La caravane transsaharienne du Maroc passe, chargée de marchandises des Amériques, d’Eurasie et d’Orient, à destination des marchés d’Afrique. Pendant ce temps, les polisariens aboient.

Par Ahmed NAJI




Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 20 Janvier 2021