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BILLET D’HUMEUR –Gaza sous les bombes, l’Occident sous les points de suspension


Rédigé par le Mardi 27 Mai 2025

À Gaza, les morts s’accumulent. En Europe, les mots s’empilent. Retour critique sur une indignation diplomatique sans conséquence réelle :
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BILLET D’HUMEUR –Gaza sous les bombes, l’Occident sous les points de suspension
Chaque jour, à Gaza, des enfants meurent. Pas par accident, ni par une tragédie climatique. Par bombe. Et pendant que des visages en costard-cravate signent des communiqués au ton indigné, les livraisons d’armes suivent leur petit bonhomme de chemin. Un peu comme si l’on criait « halte au feu ! » en continuant à remplir les chargeurs.

Dans les coulisses diplomatiques, l’Europe se tord les mains. Ursula trouve les frappes « odieuses », le chancelier allemand découvre que les bombes tuent (incroyable scoop), l’Espagne hausse la voix, la Belgique fronce les sourcils, et la Norvège, elle, se démultiplie en aides, reconnaissances et déclarations percutantes. Pourtant, au fond, tout le monde marche à reculons dans la géopolitique de la mauvaise conscience. On déplore, on condamne, mais on vend toujours. On pleure, on s’indigne, mais on ne gèle pas les comptes.

Ward, c’est cette gamine aux yeux écarquillés par la peur, qui a survécu à un massacre scolaire. Une survivante parmi les morts. Elle court devant les flammes, caméra au poing, et devient le cœur battant d’un instant de lucidité médiatique. Puis l’algorithme remonte un chat mignon ou un discours électoral. On scroll, on passe. Ward retourne à l’oubli.

Les Européens ont la gorge nouée mais les tiroirs ouverts. L’Allemagne continue ses exportations militaires à Israël au nom de la mémoire. En gros : pour que l’histoire ne se répète pas… on arme ceux qui la réécrivent. La France, le Canada, l’Angleterre publient un communiqué commun : trois pages Word en Calibri 12 contre des bombes de 250 kilos. Et la Norvège, héroïne de la cohérence, verse des millions pour reconstruire les hôpitaux qui viennent d’être rasés.

Gaza n’est plus qu’un nuage de poussière et un amas de statistiques sinistres : cinquante-quatre mille morts, cent vingt-trois mille blessés. Une moyenne journalière qui ferait pâlir une pandémie. Les hôpitaux ? En ruine. Les écoles ? Viseurs certifiés. Les camps ? Déjà déplacés. Les mots ? Lissés. Et nous ? Spectateurs brefs et impuissants, effleurant l’horreur du bout du doigt.

Tout ça commence à ressembler à une comptabilité morbide. Les analystes parlent de « génocide », d’« escalade », de « proportionnalité ». Le droit humanitaire prend la poussière, les principes sont au placard, et les déclarations politiques se recyclent mieux que le plastique. La vérité, c’est qu’aucun mot ne pèse aussi lourd qu’un missile. Et que personne ne sait quand cette impunité prendra fin.

​Quand les bombes percent aussi la langue

Le langage diplomatique a inventé une grammaire de la lâcheté. On ne dit plus "massacre", mais "frappe". On évite "enfant tué", on préfère "dommage collatéral". Les médias, eux, glissent sur des termes neutres, pour ne fâcher ni sponsors ni gouvernements.

Mais à force d’atténuer, on anesthésie. À force d’euphémiser, on banalise. Il est temps de parler net. Car même les mots, parfois, doivent hurler.

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Mardi 27 Mai 2025