Héritage du hammam et esprit “green”
Dans la culture marocaine, la beauté a toujours rimé avec le naturel : le hammam, le savon noir, le ghassoul, le henné, l’huile d’argan… Ces produits, transmis de mère en fille, racontent une histoire d’équilibre entre le corps et la terre. Mais la génération actuelle urbaine, connectée, pressée les réinvente à sa façon.
Le hammam devient un moment de détente à la maison. Le ghassoul se mélange avec des huiles essentielles. Le henné est revisité pour colorer, soigner, hydrater. Les recettes anciennes circulent désormais sous forme de “reels” esthétiques et de “DIY routines” en trois étapes. La modernité ne balaie pas la tradition : elle la traduit dans le langage d’aujourd’hui.
Une beauté consciente
L’intérêt croissant pour les soins naturels n’est pas qu’une mode : c’est une réaction.
Face à la surconsommation cosmétique, aux emballages plastiques et aux produits importés bourrés de silicones, de plus en plus de jeunes Marocaines choisissent la transparence et la simplicité.
Elles veulent savoir d’où vient ce qu’elles mettent sur leur peau.
Elles redécouvrent la richesse locale : le romarin pour stimuler la pousse des cheveux, le miel pour apaiser, la figue de barbarie pour nourrir, la rose de Kalaât M’Gouna pour tonifier.
Ce retour à la nature s’accompagne d’une conscience écologique : pots en verre, huiles locales, circuits courts. Le soin devient un geste éthique, presque militant.
Le digital comme nouveau souk
Internet a remplacé les ruelles d’autrefois : c’est là que tout s’échange. Les jeunes créatrices utilisent les réseaux pour partager leurs recettes, vendre leurs produits ou simplement inspirer une communauté. Des micro-marques marocaines naissent sur Instagram ou TikTok, avec une identité forte : noms berbères, esthétiques naturelles, messages positifs.
Le digital n’a pas effacé l’esprit artisanal, il l’a amplifié. Grâce à lui, une crème à base de ghassoul préparée à Tanger peut se retrouver dans la salle de bain d’une cliente à Paris ou Montréal. Le savoir-faire local s’exporte sans quitter la maison.
Une nouvelle définition du soin
Ce mouvement n’est pas qu’une tendance beauté : c’est une manière de se reconnecter à soi. Dans un monde où tout va vite, prendre le temps de mélanger du miel et du romarin devient un acte de douceur, un moment intime. La beauté n’est plus une performance, mais une conversation silencieuse entre la peau et la nature.
Les jeunes Marocaines ne cherchent pas seulement à être belles, elles cherchent à être vraies. Et dans cette authenticité, il y a quelque chose de profondément apaisant : un retour à l’essentiel, à la lenteur, à la terre.
Ce qu’on appelle aujourd’hui “DIY beauty” n’est peut-être qu’une forme moderne d’un héritage ancien.
Le Maroc, depuis toujours, connaît la puissance des plantes, l’art des textures, la sagesse des rituels. La différence, c’est que cette fois, la tradition est racontée avec un smartphone à la main et un hashtag au bout des doigts.
Et si, dans ce mélange entre ancestral et digital, se cachait la plus belle des révolutions : celle de redonner à la beauté son sens premier; celui du soin, du respect et du lien.