Car une nouvelle fois, l’arbitrage a éclipsé le jeu.
Dès la fin de la rencontre, les débats n’ont plus porté sur la qualité tactique ou la créativité offensive, mais sur une série de décisions contestées qui ont enflammé les tribunes et les réseaux sociaux. L’arbitre central, dépassé par les événements, a vu ses choix être disséqués, dénoncés, puis, fait rare mais révélateur, il a été suspendu par la commission d’éthique de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) dans les heures qui ont suivi. Une sanction qui, bien qu’exceptionnelle, n’a surpris personne tant la tension autour de son sifflet avait pris le pas sur le match.
Cette soirée rappelle un précédent que j’avais déjà évoqué la saison dernière, lorsque j’écrivais sur une autre polémique arbitrale ayant secoué la Botola.
À l’époque, réunions et promesses de réforme s’étaient succédé, la FRMF affichant sa volonté de professionnaliser l’arbitrage et de restaurer la confiance. Un an plus tard, force est de constater que le mal reste profond : les mêmes débats ressurgissent, les mêmes erreurs nourrissent le doute, et l’espoir de stabilité s’éloigne.
Au-delà de ce Classico, c’est tout le championnat marocain qui se heurte à ses contradictions.
El Botola vit un paradoxe saisissant : pendant que les Lions de l’Atlas hissent le Maroc au sommet du football mondial, le championnat national lutte toujours contre des failles structurelles. Les clubs, malgré leur transformation en sociétés anonymes, peinent à attirer des investisseurs ; beaucoup commencent la saison avec des finances fragiles et des effectifs incomplets. S’ajoutent les polémiques récurrentes, les enquêtes sur l’intégrité des arbitres, les départs forcés de responsables, autant de signaux qui brouillent l’ambition de modernité.
Pourtant, les fondations d’un avenir plus solide existent.
La FRMF a lancé des réformes ambitieuses : amélioration des infrastructures, professionnalisation accrue des arbitres, refonte de la formation des jeunes talents. Mais ces chantiers ne prendront sens que lorsqu’ils se traduiront sur le terrain par une rigueur incontestable et des décisions irréprochables.
Le Maroc dispose du public, de la passion et du savoir-faire pour hisser son championnat à la hauteur des grandes ligues. Encore faut-il que le sifflet cesse de voler la vedette au ballon, et que chaque soir de Classico, ce soit le jeu – et lui seul – qui dicte la vérité du football.
Par Kamal El Hassane