Par Mohammed Yassir Mouline
Il aura fallu une Coupe d’Afrique pour que le taxi découvre soudainement le compteur, la courtoisie et, parfois même, le frein à main. Miracle continental… À l’approche du coup d’envoi, l’État sort sa panoplie de grand ménage… agents en civil, passagers incognito, regards soupçonneux… Le « client mystère » débarque, tel un espion de série B, dans les taxis marocains… afin de traquer le chauffard, le filou, le compteur farceur et l’insulte gratuite, histoire de présenter aux visiteurs un pays propre sur lui… au moins le temps des matches…
Car voyez-vous, en temps normal, le citoyen lambda peut se faire balader, surfacturer, enguirlander ou déposer à mi-chemin… c’est le folklore local… Mais dès que l’étranger présente son passeport, le pays se redresse, ajuste sa cravate et découvre soudain l’existence de règles, de sanctions… et même de lois…
La trouvaille est géniale… plutôt que de contrôler ouvertement, on infiltre… Le chauffeur croit transporter un pauvre type pressé, il embarque en réalité un rapport administratif sur pattes… Le moindre dérapage « refus de course, compteur (créatif), véhicule digne d’un musée » et paf ! Rapport, sanction, fourrière, carte de confiance envolée... Le taxi devient un confessionnal roulant où la faute se paie comptant…
Mais la vraie question n’est pas comment on contrôle, elle est quand. Pourquoi maintenant ? Pourquoi seulement quand les caméras du continent sont braquées sur nous ? Serait-ce à dire que la dignité du citoyen local vaut moins que celle du touriste de passage ? Que l’arnaque devient problématique uniquement quand elle risque de nuire à l’image, et non quand elle ruine le quotidien ?
Poussée jusqu’au bout, la logique du « mystère » ouvre pourtant des horizons fascinants... Un patient mystère pour diagnostiquer l’hôpital avant le malade… Un usager mystère pour tester l’administration avant l’humiliation au guichet... Un entrepreneur mystère pour voir comment fondent les appels d’offres comme neige au soleil… Un fonctionnaire mystère pour observer le collègue… Et tant qu’on y est, pourquoi pas un ministre mystère, infiltré dans son propre département, pour découvrir ce que tout le monde sait déjà ?!!
Dans un véritable État de droit, nul besoin de déguisement… la loi s’applique au grand jour, tous les jours, à tous… Le problème, ce n’est pas l’absence de règles, c’est leur intermittence... Elles apparaissent à l’approche des événements, puis disparaissent sitôt la fête terminée, comme les banderoles et les discours… !!
Le contrôleur secret, s’il était permanent, pourrait pourtant faire trembler bien des certitudes, renverser quelques trônes en carton et rappeler que l’abus de pouvoir n’est pas une tradition folklorique… Il pourrait surtout rappeler une évidence… al fassad n’entrave pas seulement l’image du pays, elle freine son développement…
En attendant, profitons du spectacle… au pays du client mystère, la morale circule en civil… et la loi, elle, continue de prendre le taxi seulement les jours de fête… Reste à savoir si al fassad tombera pour de bon… ou s’il se contentera, une fois encore, de faire semblant de ne pas reconnaître le passager… Wa Salam Aleykoum wa Rahmatou Allah.
Car voyez-vous, en temps normal, le citoyen lambda peut se faire balader, surfacturer, enguirlander ou déposer à mi-chemin… c’est le folklore local… Mais dès que l’étranger présente son passeport, le pays se redresse, ajuste sa cravate et découvre soudain l’existence de règles, de sanctions… et même de lois…
La trouvaille est géniale… plutôt que de contrôler ouvertement, on infiltre… Le chauffeur croit transporter un pauvre type pressé, il embarque en réalité un rapport administratif sur pattes… Le moindre dérapage « refus de course, compteur (créatif), véhicule digne d’un musée » et paf ! Rapport, sanction, fourrière, carte de confiance envolée... Le taxi devient un confessionnal roulant où la faute se paie comptant…
Mais la vraie question n’est pas comment on contrôle, elle est quand. Pourquoi maintenant ? Pourquoi seulement quand les caméras du continent sont braquées sur nous ? Serait-ce à dire que la dignité du citoyen local vaut moins que celle du touriste de passage ? Que l’arnaque devient problématique uniquement quand elle risque de nuire à l’image, et non quand elle ruine le quotidien ?
Poussée jusqu’au bout, la logique du « mystère » ouvre pourtant des horizons fascinants... Un patient mystère pour diagnostiquer l’hôpital avant le malade… Un usager mystère pour tester l’administration avant l’humiliation au guichet... Un entrepreneur mystère pour voir comment fondent les appels d’offres comme neige au soleil… Un fonctionnaire mystère pour observer le collègue… Et tant qu’on y est, pourquoi pas un ministre mystère, infiltré dans son propre département, pour découvrir ce que tout le monde sait déjà ?!!
Dans un véritable État de droit, nul besoin de déguisement… la loi s’applique au grand jour, tous les jours, à tous… Le problème, ce n’est pas l’absence de règles, c’est leur intermittence... Elles apparaissent à l’approche des événements, puis disparaissent sitôt la fête terminée, comme les banderoles et les discours… !!
Le contrôleur secret, s’il était permanent, pourrait pourtant faire trembler bien des certitudes, renverser quelques trônes en carton et rappeler que l’abus de pouvoir n’est pas une tradition folklorique… Il pourrait surtout rappeler une évidence… al fassad n’entrave pas seulement l’image du pays, elle freine son développement…
En attendant, profitons du spectacle… au pays du client mystère, la morale circule en civil… et la loi, elle, continue de prendre le taxi seulement les jours de fête… Reste à savoir si al fassad tombera pour de bon… ou s’il se contentera, une fois encore, de faire semblant de ne pas reconnaître le passager… Wa Salam Aleykoum wa Rahmatou Allah.