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CBD : le Maroc trace son chemin dans la cour des grands du cannabis thérapeutique


Par Dr Anwar CHERKAOUI, avec le concours de l’Agence Nationale de Réglementation des Activités Relatives au Cannabis (ANRAC).

Le Maroc avance sur un terrain longtemps sensible avec méthode et sans bruit : celui du cannabis licite, strictement encadré et tourné vers des usages thérapeutiques.

En quelques années, le pays a franchi un cap décisif : 90 produits à base de CBD, cette molécule non psychotrope issue du cannabis, sont désormais enregistrés auprès de l’Agence du Médicament.

Une évolution rapide, portée par un cadre légal clair et par des opérateurs qui ont saisi l’enjeu d’une filière émergente.

Cette dynamique nationale résonne avec une transformation mondiale d’ampleur.

Au Canada, en Allemagne, au Royaume-Uni, aux États-Unis ou encore en Autriche, les recherches sur le CBD s’accélèrent, bousculant les habitudes thérapeutiques et les représentations sociales.

Le CBD, longtemps marginalisé, devient un sujet central dans les débats sur la santé, la douleur et les alternatives non addictives aux traitements classiques.



Une étude européenne qui change la donne

L’un des signaux les plus forts de cette révolution est venu d’Europe.

Publié en septembre 2025 dans Nature Medicine, un essai clinique de phase III mené en Allemagne et en Autriche apporte la preuve la plus solide à ce jour de l’efficacité du CBD contre la douleur chronique.

Pendant plus d’un an, 820 patients lombalgiques ont été suivis dans 66 centres hospitaliers.

Les résultats sont sans ambiguïté :

– diminution nette de la douleur ;
– amélioration du sommeil ;
– meilleure mobilité ;
– et surtout, absence totale d’effet psychotrope.

Pour les 620 millions de personnes souffrant de lombalgies dans le monde, selon l’OMS, ces résultats marquent un tournant.

« C’est la première fois qu’un essai clinique apporte un tel niveau de preuve pour le CBD », souligne le Pr Matthias Karst, coordinateur de l’étude.

 Un champ thérapeutique en expansion continue.

Si le CBD fascine autant la communauté scientifique, c’est qu’il agit sur un vaste réseau encore en exploration : le système endocannabinoïde, véritable régulateur interne de la douleur, du stress, du sommeil et de la neuroprotection.

De publication en publication, les chercheurs découvrent que cette molécule pourrait jouer un rôle de modulateur global de l’équilibre physiologique.

Un potentiel qui dépasse largement la douleur chronique et ouvre la voie à de nouvelles approches thérapeutiques.

​Le Maroc veut être un acteur, pas un spectateur

Dans cette effervescence internationale, le Maroc trace son chemin avec prudence, mais avec ambition.

L’ANRAC structure la filière, accompagne les opérateurs, veille au respect des normes internationales et installe progressivement le pays dans un écosystème scientifique solide.

Les industriels pharmaceutiques marocains travaillent avec les facultés de médecine et les CHU pour développer, à moyen terme, de véritables médicaments à base de CBD, conçus et produits localement.

Une orientation stratégique qui pourrait faire du Maroc un acteur crédible et peut-être incontournable; de cette nouvelle économie thérapeutique.

Le Royaume ne se contente plus d’être une zone de culture encadrée : il devient un territoire de savoir, de recherche et d’innovation réglementaire.

Une manière claire d’entrer dans la nouvelle carte mondiale du CBD… et d’y occuper une place qui compte.

Par Dr Anwar CHERKAOUI

Jeudi 4 Décembre 2025



Rédigé par Salma Chmanti Houari le Jeudi 4 Décembre 2025