À l’occasion de la Journée internationale des personnes âgées, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a tiré la sonnette d’alarme : la population marocaine vieillit rapidement et les politiques actuelles peinent à répondre aux besoins d’une catégorie hétérogène, souvent réduite à sa vulnérabilité. Le Conseil appelle à accélérer le Plan national pour le vieillissement actif et à adopter une loi-cadre spécifique.
Le président du CESE, Abdelkader Amara, a présenté le rapport annuel intitulé « Intégration socio-économique des personnes âgées au Maroc ». Il souligne que les plus de 60 ans représentent désormais 13,8 % de la population, soit plus de 5 millions de personnes, contre 9,4 % en 2014. Près de 60 % d’entre eux ont entre 60 et 69 ans, mais 41 % dépassent déjà les 70 ans.
Cette évolution démographique est liée à l’allongement de l’espérance de vie, mais aussi à la baisse de la natalité.
Problème : 52,4 % des personnes âgées ne perçoivent aucun revenu régulier, et parmi celles qui en ont un, seule la moitié bénéficie d’une pension de retraite.
Le taux d’analphabétisme reste alarmant : 71,6 % chez les plus de 60 ans.
Le CESE pointe plusieurs obstacles :
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Isolement psychologique et exposition à la violence.
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Manque criant de structures d’accueil (seulement 72 recensées au niveau national).
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Deux hôpitaux publics seulement dédiés aux seniors, tous situés dans la région Rabat-Salé-Kénitra.
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Une offre culturelle, sportive et récréative quasi inexistante.
Le Conseil propose :
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Revaloriser les pensions et adapter l’assurance maladie obligatoire aux besoins des seniors, notamment via des soins à domicile.
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Favoriser l’emploi des personnes âgées par des dispositifs flexibles et des incitations fiscales pour les entreprises.
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Soutenir l’entrepreneuriat senior et la transmission des compétences, y compris par les Marocains du monde.
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Développer une véritable silver economy, transformant le vieillissement en levier économique et social.
Avec une population senior en forte croissance, le Maroc devra choisir : continuer à gérer cette question comme un poids social, ou en faire un atout stratégique pour le développement durable. La balle est désormais dans le camp du gouvernement et du Parlement.