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Cannabis : L’or vert du Maroc ?


Rédigé par La rédaction le Dimanche 6 Décembre 2020

C’était bien roulé, comme dans du papier-cigarette. La Commission des stupéfiants des Nations Unies a décidé, le 2 décembre 2020, que le cannabis ne serait plus considéré comme une drogue dure. Ceux qui en cultivent au nord du Maroc se voient déjà en réducteurs du déséquilibre de la balance commerciale. Voulez-vous tirer une bouffée ?



Cannabis : L’or vert du Maroc ?

Leadership mal-assumé

Sur les 27 pays qui ont voté pour le retrait du cannabis de la liste des drogues dures, le 2 décembre à Vienne, lors de la 63ème session de la Commission des stupéfiants des Nations-Unies (CND), sur recommandation de l’Organisation médicale de la santé (OMS), le Maroc. Beaucoup ont voulu y voir une volonté des pouvoirs publics de légaliser, à terme, la production du cannabis à usage thérapeutique. Et ils ne semblent pas avoir fumé de la moquette.
Le cannabis, essentiellement cultivé dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, c’est 47.500 hectares destinés à la production de cette plante, selon les statistiques 2018 de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime. Jusqu’à présent, le Maroc inhale mal sa place de leader mondial en la matière. Mais il se pourrait bien que cette situation ne tarde pas à changer.

Pour l’humain,…

Plusieurs contraintes poussent, en effet, dans ce sens. La production du cannabis subvient aux besoins de quelques 90.000 ménages, ce qui représente une population de plus de 700.000 personnes. Les chiffres sont ceux du ministère de l’intérieur.
C’est le département le mieux placé pour savoir aussi que la répression des agriculteurs qui s’adonnent à cette culture n’aboutit à rien. Juste à les obliger de vivre dans l’ombre des narcotrafiquants, qui les exploitent. Ils sont, par ailleurs, ainsi empêchés de jouir de nombre de leurs droits civiques. Le divorce avec l’Etat dure depuis 1932, date à laquelle fut interdite la culture de cette plante.

…l’eau,

Et ils ne sont pas les seuls qu’il faudrait sauver des griffes des narcotrafiquants. Les autres agriculteurs des régions ou est produit le cannabis et les nappes phréatiques s’y trouvant sont autrement menacés.
Ces dernières années, les narcotrafiquants ont fourni aux cultivateurs de cannabis les graines d’une forme hybride, dite « kherdala ». Elle est commercialement plus intéressante, en raison d’une teneur en tétrahydrocannabinol (THC) plus élevée que la « beldia », mais également plus grande consommatrice d’eau.

…et les sols

Il faut aussi tenir compte de l’épuisement des sols, phénomène pour lequel la plante beldia est déjà réputée, et de la déforestation à laquelle recourent les cultivateurs de cannabis, motivés par la première considération. La culture du cannabis occupe déjà quelques 4% des terres arables. Ce sont autant de raisons, sociales et environnementales, pour lesquelles l’Etat doit entretenir de meilleures relations avec les cultivateurs de cannabis.

THC convertible en DHS

944 millions de dollars. C’est le montant que pourrait encaisser le Maroc dès la première année de légalisation du cannabis, selon « Prohibition partners ». Il s’agit d’un groupe, basé à Londres, qui se définit lui-même comme source principale de données et de stratégies pour l’industrie du cannabis. Il est même question de l’apparition d’une nouvelle niche à fort potentiel en « THC », le « tourisme cannabique » !
Imaginez Ketama en nouveau pôle touristique, menant une concurrence acharnée à Marrakech et Agadir, avec des établissements hôteliers dotés de fumoirs de haschich en guise d’activités de loisirs et de distractions… Des marges bénéficiaires hallucinantes dans une atmosphère baignée de fumées enivrantes. Il est interdit de rire ! Enfin, tant que THC peut être converti en DHS.

« Joints » de PIB !

Peu de gens le savent, mais outre les Pays-Bas, l’Espagne, le Portugal, la Belgique, l’Italie, la Suisse et la Tchéquie, ou la consommation du cannabis est légalisée (uniquement pour « usage thérapeutique » en Allemagne), des pays comme l’Espagne, l’Italie et la Grande-Bretagne intègrent aussi le trafic des drogues dans le calcul de leurs PIB.
La France a suivi la tendance, depuis 2018, en évitant de le crier sur les toits (pour que personne ne dise qu’on n’y fume pas de la bonne). Mieux encore, c’est une recommandation de l’institut européen des statistiques, Eurostat ! Maintenant, sur le vieux continent, en compte les « joints » de PIB. Puisque c’est comme ça, autant que ce soit de la « marocaine », exportée en bonne et due forme, ce qui reviendrait, par ailleurs, à couper l’herbe sous les pieds des réseaux de trafiquants.
D’autre part, les hommes politiques et médias européens y réfléchiront, dès lors, en deux taffes avant de se « sevrer » à critiquer le Maroc.
Alors, votre cannabis, vous le voulez haché en « kif » ou en poudre de Hashich pour fumer le calumet de la paix ? Les cultivateurs du nord, dûment dotés de licences de production et d’exportation, se feront un plaisir de vous fournir un produit thérapeutique « bio », dont on dit qu’il immunise même contre le covid. Il n'en entraîne pas moins l'addiction.
Ou alors, venez en consommer sur place et vous allez pouvoir planer au dessus du « plus beau pays du monde », comme le disait un ancien slogan touristique, que l’on ne croyait pas à l’époque aussi vrai.

Ahmed NAJI/Arrissala/L’ODJ


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Dimanche 6 Décembre 2020