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Ce que nous demandions au Monde est si simple ! Si seulement nous n’avions pas grandi !


La vie ne nous berce plus sur un lit douillet, et les parents n'arrivent pas à pardonner nos petits écarts et nos mensonges « blancs », le sel marin ne rafraîchis plus nos mémoires, et « les anges de la droite » se lamentent du vide de leurs livres , les vielles chansons ne ravive pas notre circulation sanguine pour franchir un escalier dans l'échelle de l'existence.

Abdelaziz Gougas /alalam



Ce que nous demandions au Monde est si simple ! Si seulement nous n’avions pas grandi !
Les arbres que nous croisons chaque matin n’en peuvent plus, et ne pourront plus lever la main pour saluer à cause de la dépression que pourris dans les entrailles.. Comment redonner aux feuilles des arbres tombés sur le trottoir la sève de l'âme, des attributs des fleurs, du parfum des belles dames et celui des chansons de récolte..

Les bourgeons se fanent dans le jardin avant que l'hirondelle ne sourit, les vallées où on s'allongeait sur la soie de leur lit desséchée pour jeter un coup d'œil furtif au ciel en position flottante.. La pluie ne peut plus tenir ses promesses qui nous font comme des hirondelles annonciatrices du printemps, on n'attend plus que la tranquillité se laisse persuader de de faire un crochet près de nous.. Les mots ont perdu leur esprit et grandissent dans nos bouches avec la lassitude des années et de vieillesse, nos propres démons sont devenus inertes, ne nous donnant plus cet élan enfantin d'aventure…

Soudain, nous sommes tombés sur le monticule de poussière, les épaves de mémoire et les fragments de rêves confondus par les visions des astrologues dans les livres jaunis. C'est l’époque des farces et des épopées soporifiques apparentes ou dissimulées. Même le vide donne son opinion sur ce que nous vivons alors que le ciel lui-même essayait de rester impartial et de maintenir son équilibre sur des questions ambiguës.

Néanmoins les chemins, sous l'effet de nos étonnements et de nos maladies, ont perdu leurs noms et se réfèrent désormais à l'origine de l'animal qui esten nous.. de la maladie de la vache folle à la grippe porcine.
La terre a des vertiges, elle n'arrive plus à accomplir sa révolution ni autour du Soleil, ni autour de la face sombre de la lune. Nous ne sommes plus attirés par les histoires de sources d'eau. La vie s’éffrite au rythme de la danse de l'horloge murale comme une larme agonisante..

Comme nous avons cherché un rêve qui ne cède pas aux vents et marées.. Une brume triste perchée sur les côtés de la cheminée, béante.. Même les pirates d’aujourd’hui et les fabriquants de guerres « amies et sensibles », n'ont même pas un peu poussé notre île des ports de la douleur. ..

Le précipices est désormais visible est nous y courrons allègrement..et les chagrins se sont tus, et leurs larmes n'ont plus la chaleur du sel de la mer. Nous ne sommes plus en mesure d'enlever les voiles de la nuit du ciel pour pouvoir voir en toute clarté les convoitises du soleil sur la page de son visage. Les roses sont devenues pâles, les oiseaux ont perdu leur appétit pour le chant, les champs ont perdu leur fraîcheur, et les chevaux ont vendu leur voix originale au marché aux esclaves.
 
De vieux amis dispersés dans tous les coins, leurs étoiles sont tombées par terre, et des êtres chers se sont séparés en dehors de nos rêves communs, et aucun de nous ne cherche dans les coquillages ce qui rend notre départ aventureux, ni comment les trous du temps se dessinent même avec des chiffons usés .
 
Hier on serrait les choses avec sincérité en amants, on fuyait nos petits rêves dans l'ombre, les élevant sur la soie de nos mains et les comptant sur les doigts de ceux que nous aimons, puis nous écoutouns le son provenant de grottes lointaines, comme s'il s'agissait de sons depuis toujours... nous étions naïvement persuadés que nous possédions le secret des sources et l'instinct des papillons qui enflamme la nostalgie des fleurs, nous étions comme les bougies lumineuses, et la graine de vie qui couvait en nous, brodée de soie de rêve et de sueur des bras alignés pour planter un grain d'espoir.

Sentir comme de la soie les épines avec la douleur de nos pieds et les feux des chemins douloureux comme une fraîcheur paisible pour nos âmes, car nous avons meublé l'univers de noces et de visions.. et cachés aux confins du soleil des villes et des secrets, et nous avons entassé à l'horizon une pluie purificatrice avec laquelle les coupables et les bourreaux lavent leurs épées de la trace de notre sang.
Nous avons continué à défendre l'illusion de doux « fils » de soleil entrant dans nos anciennes ruelles pour toucher les corps affaiblis et nous donner de la chaleur à l'ombre du terrible vide du contexte historique.

Nous avions l'habitude d'empiler les heures de joie, que nous ne perdions pas dans les saisons de récolte, pour les nuits froides et les jours de panique.. Nous mettions notre affection dans tous les moments paisibles avec ce qui contredit nos désirs, et nous ne laissions aucune chance aux rides de résonner avec les sédiments de l'âge .. Même nos querelles étaient comme des aveux de moineaux.

Comme les vestiges d’un âge héroïque, nous paraissons maintenant, exagérés en tout : notre stature, notre gourmandise et nos obsessions, nos déceptions et nos chagrins, tandis que le monde dans lequel nous vivons et qui ne réside pas en nous, au sommet de l'échelle de l'urbanisation, est devenu un petit village qui se rétrécit aux yeux des rêveurs et des vagabonds, comme les aigles dont nous avions l'habitude, avides de grandes aspirations et non les positions. Nous élevions l’infini, nous dilations les pupilles de nos yeux pour le bien des autres. Nous étions prêt à raccourcir notre durée de vie, pour préserver le soleil des sourires dans nos cours, nous rêvions, et rêvions et rêvions encore, et quand nous ouvrions les yeux encore une fois, et faisons de notre mieux pour voir le reste du rêve. Comme nos rêves étaient innocents et la vie plus belle.

Pourquoi on n'est plus emporté par la nostalgie de la splendeur du mystérieux en nous ?
Le temps des miracles est révolu, et plus rien ne nous surprend... Nos rêves saignaient comme une blessure au corps du vent, nos désirs étaient ébranlés, brisés, et les chevaux de l'imagination n'avaient plus la même verve, ni les mêmes vents de désir, que nous ne pouvions attraper.

Nous ne sommes pas non plus restés au port où nous avons fait nos adieux, pour nous réchauffer avec nos souhaits et nos vieux souvenirs.

Il est vrai que nous prenons de plus en plus conscience des nuances : les dix nuages ​​qui s'élèvent au-dessus de nos têtes, la chaise qui tremble dès que manque le désir de la nostalgie, le vieux cimetière qui reçoit chaque jour des morts sans nombres ni rêves, et la voyante qui lit la bonne aventure sur les paumes des épitaphes froids.. l’allumette qui dors dans le lit de la promiscuité, les arbres aux cous rainurés, les potences édulcorées au fluide publicitaire, et l'ascenseur digital sur la « grande toile ».

N'avons-nous pas été accablés par le poids de tous les péchés de l'existence et n'avons-nous pas englouti nos peines comme d'amères remèdes ? On célèbre le chaos organisé et le doute sur la persistance des promesses de printemps.

Quelle est la chose la plus difficile que nous demandions à ce monde ? si seulement nous n'avions pas vieilli ….


Dimanche 27 Février 2022