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Ce que suggère la Banque mondiale

Face à la précarité financière engendrée par la crise, aux poussées inflationnistes et hausses des taux, les pays en développement appelés à assainir leur secteur financier


Rédigé par le Mercredi 23 Février 2022

C'est sous l'intitulé "La finance au service d’une reprise équitable" que la Banque mondiale vient de communiquer sur un Rapport sur le développement dans le monde 2022. Établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs, ce document se penche, essentiellement, sur les risques interdépendants auxquels ménages, entreprises, institutions financières et pouvoirs publics sont confrontés suite à la crise provoquée par la COVID-19 et les conséquences qui en découlent.



Ce que suggère la Banque mondiale

L'enjeu consiste à déterminer la meilleure manière de réduire les risques financiers résultant des mesures exceptionnelles prises en réponse à la pandémie tout en soutenant, en même temps, une reprise équitable moyennant l'identification d'un certain nombre de domaines d’action prioritaires ou la hiérarchisation des ressources en fonction des situations.


Et c'est, justement, dans cet ordre d'idées que s’appuyant sur des résultats de recherches, les auteurs de ce rapport affirment apporter un nouvel éclairage sur l’interconnexion des bilans et les risques de répercussions d’un secteur à l’autre, et formulent des recommandations stratégiques à cet égard.


Constat de départ

Au fait, ce rapport part d'un constat de départ qui lui servira par la suite à mieux affiner sans argumentaire afférent à tout éventuel retour à la normale.


C'est, quelque part, ce que lodj.ma avait  déjà explicité dans un précédent papier traitant du "moment keynésien" et du fait qu'un retour progressif à des politiques monétaires " raisonnables "ou à des stimuli budgétaires appropriés pose problème et feraient que les défis et enjeux de la reprise seraient eux aussi inédits.


Le constat de départ réside dans le fait que la pandémie avait déclenché la crise économique la plus étendue depuis près d’un siècle.
Et dans le fait aussi que les mesures d'atténuation des conséquences économiques et sociales qui en découlent ont aussi accru la survenue d'un certain nombre de risques dont un surendettement des États, un accroissement de la fragilité financière. En plus d'une certaine érosion généralisée de la transparence.


Un second constat

Le tout fait que les économies émergentes se sont retrouvées avec une marge de manœuvre budgétaire extrêmement limitée, et vont être davantage fragilisées par la normalisation imminente de la politique monétaire qu'opéreraient les économies avancées.


Autrement dit, le retour à la normale en termes de conditions de liquidité, de financement, de refinancement et d'observation de normes comptables et réglementaires, aurait un surcoût notamment pour les pays émergents qui auraient à gérer une double contrainte : assainir leur secteur financier et composer avec une conjoncture de plus en plus marquée par de fortes poussées inflationnistes et hausses des taux.


Et c'est, fort probablement, ce qui fait dire à M. David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale, dans un communiqué de presse daté de Washington le 15 février que " le risque est que la précarité financière favorise la propagation de la crise économique inflationniste et la hausse des taux d’intérêt. Le durcissement des conditions de financement à l’échelle mondiale et l’atonie des marchés intérieurs de la dette dans de nombreux pays en développement découragent l’investissement privé et freinent la reprise ".
Et qu'il est "essentiel d’œuvrer à l’élargissement de l’accès au crédit et de veiller à ce que les capitaux soient affectés de manière à stimuler la croissance. Cela permettrait à des entreprises de plus petite taille, mais plus dynamiques, et à des secteurs présentant un potentiel de croissance plus important, d’investir et de créer des emplois. "



Des suggestions

Et c'est aussi partant de là, et du fait aussi que des enquêtes réalisées auprès d’entreprises d’économies émergentes révèlent que beaucoup d’entre elles devraient accuser des retards de paiement dans les prochains mois avec le risque que la dette privée pourrait subitement se muer en une dette publique, comme ce fut le cas lors de nombreuses crises antérieures, que ce rapport attire l’attention sur plusieurs domaines d’action prioritaires, dont la détection précoce des risques financiers.


Déjà, la dette publique atteint des niveaux sans précédent. Versant dans le même ordre d'idées, Mme.Carmen Reinhart, vice-présidente sénior et économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale précise dans le même communiqué que "c’est le moment de privilégier des actions rapides et sur-mesure destinées à soutenir l’assainissement du système financier afin qu’il puisse fournir le surcroît de crédits nécessaires pour stimuler la reprise. À défaut, ce sont les plus vulnérables qui seront les plus durement touchés."


Pour y parvenir, les auteurs de ce rapport préconisent une gestion anticipative des prêts en difficulté et plaident en faveur de régimes d’insolvabilité efficaces pouvant minimiser les risques de surendettement à long terme et d’octroi de prêts à des entreprises « zombies » qui affaiblissent la reprise économique.
 D'autant plus que, soulignent-ils, "dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, 50 % des ménages sont incapables de satisfaire leurs besoins de consommation de base pendant plus de trois mois et l’entreprise moyenne signale qu’elle dispose uniquement de réserves de trésorerie pour couvrir deux mois de dépenses".





Noureddine Batije
Noureddine BATIJE est un journaliste spécialiste en investigation journalistique et traitement de... En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 23 Février 2022