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Censure au Maroc : entre lignes rouges et zones grises


Rédigé par La Rédaction le Mercredi 30 Avril 2025

Imaginez un écrivain marocain, plume à la main, naviguant entre les écueils invisibles de la censure. Au Maroc, la censure n'est pas toujours frontale ; elle se manifeste souvent par des silences, des absences, des livres introuvables sans explication.​



Censure au Maroc : entre lignes rouges et zones grises
Les "lignes rouges" sont bien connues : la monarchie, l'intégrité territoriale et l'islam. Toute critique perçue comme franchissant ces lignes peut entraîner des sanctions. Mais au-delà de ces interdits explicites, une autocensure pernicieuse s'est installée. Les éditeurs, les libraires et même les auteurs anticipent les réactions des autorités et s'abstiennent de publier ou de distribuer des œuvres potentiellement controversées. Cette autocensure est souvent plus efficace que la censure officielle, car elle est intériorisée et difficile à quantifier.​

Des exemples concrets illustrent cette réalité. Le roman "Le Pain nu" de Mohamed Choukri, autobiographie crue d'une jeunesse marocaine marquée par la pauvreté et la marginalité, a été interdit au Maroc de 1983 à 2000. Ce n'est qu'après de nombreuses années et une reconnaissance internationale que le livre a été autorisé à la vente.​

Plus récemment, en 2022, le roman "Journal d'une lesbienne" de Fatima Ezzahra Amezgar a été retiré du Salon international du livre de Rabat. Officiellement, le livre n'était pas enregistré correctement, mais beaucoup y ont vu une censure déguisée en raison du sujet abordé. Ironiquement, cette interdiction a suscité un intérêt accru pour le livre, qui est devenu un best-seller au Maroc.​

Face à ces restrictions, de nombreux auteurs et éditeurs se tournent vers le numérique pour contourner la censure. Les livres électroniques, les blogs et les réseaux sociaux offrent des plateformes alternatives pour la diffusion des idées. Cependant, ces espaces ne sont pas totalement à l'abri de la surveillance et de la répression.​

L'avis de l'avocat du diable

La censure, qu'elle soit officielle ou intériorisée, entrave la liberté d'expression et la créativité. Elle pousse les auteurs à l'autocensure, appauvrit le débat public et limite la diversité des idées. Dans un monde de plus en plus connecté, où l'information circule librement, maintenir des barrières à la liberté d'expression est non seulement inefficace, mais aussi contre-productif. Il est temps de repenser les politiques de censure pour favoriser un environnement où les idées peuvent s'exprimer librement et être débattues ouvertement.​

Édition marocaine – Production éditoriale – Subventions publiques – Centralisation géographique – Littérature – Sciences humaines – Tirage faible – Dépendance institutionnelle – Diffusion limitée – Langue arabe – Langue française – Langue amazighe – Vulnérabilité structurelle – Lecture publique – Lectorat élitiste – Accès au livre – Numérique – Écosystème du livre – Commande publique – Château de cartes





Mercredi 30 Avril 2025