Utilisation des eaux non conventionnelles en agriculture : Traitement et réutilisation des eaux usées pour l'irrigation.
Il fut un temps où le Maroc nourrissait sa population de pain, de lentilles et de fèves sans se demander d’où venait la graine. Aujourd’hui, au SIAM 2025, c’est un tout autre scénario : le blé est une denrée géopolitique, le pois chiche un enjeu stratégique, et la farine une affaire d’État.
La guerre en Ukraine, la flambée des prix mondiaux, les sécheresses répétées… tout converge vers une conclusion brutale : le Maroc dépend trop de l’extérieur pour son assiette quotidienne. Le blé tendre, notamment, est majoritairement importé, exposant le pays aux turbulences du marché international.
Et pourtant, des efforts se multiplient. L’INRA travaille sur des variétés plus résilientes. L’ONICL repense ses politiques de stockage. Les filières s’organisent pour redonner leur place aux légumineuses oubliées. On parle de semis direct, d’agriculture de conservation, de rotation des cultures. L’objectif : produire plus, avec moins. D’eau. D’engrais. De pétrole.
Mais cette transition est un défi. Car les rendements sont encore faibles. Les filières peu structurées. Les prix, instables. Et les consommateurs… peu fidèles. Le pain blanc industriel reste roi. Le haricot importé est souvent moins cher que le local. Et les habitudes alimentaires ne changent pas avec des posters.
Alors, faut-il relocaliser à tout prix ? Réinventer une souveraineté alimentaire “à l’ancienne” ? Ou accepter une interdépendance bien négociée ? La réponse n’est ni simple, ni binaire. Mais au SIAM 2025, on sent une prise de conscience : le pain n’est plus un aliment, c’est une politique.
L’avocat du diable : produire local, à quel prix ?
Tout le monde aime l’idée de souveraineté alimentaire. Mais la réalité est moins sexy. Produire du blé localement, c’est parfois produire moins, pour plus cher. Et si on veut vraiment relocaliser, qui paiera la différence ? L’État ? Le consommateur ? L’agriculteur ? Derrière la promesse du “Made in Morocco” se cache souvent un surcoût, une baisse de compétitivité, un arbitrage difficile. Peut-être qu’au lieu de fantasmer une autosuffisance totale, il faut penser en réseau. En sécurité alimentaire partagée. En résilience multi-échelle. Car le pain, c’est aussi une question de partage.



