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Chez les AIT ATTA de Jbel SAGHRO


Dans sa chronique d’aujourd’hui, Fouad ZAIM, nous donne rendez vous avec « Chez les Aït ATTA de Jbal SAGHRO



Par Fouad Zaim Universitaire Conteur du Maroc moderne et ancien

Chez les AIT ATTA de Jbel SAGHRO
A chaque fois que Les historiens et les géographes évoquent les Ait Atta de Jbel Saghro, un événement majeur revient en mémoire, à savoir la "bataille de BOUGAFER",  à laquelle est associée un marocain d'exception, Assou OUBASSLAM.
      
La bataille de Bougafer, de février-mars 1933, a opposé, sur le Jbel Saghro, 12000 hommes et femmes des Ait Atta, à plus de 80000 soldats des forces coloniales, commandées par les généraux Henri Giraud (qui sera plus tard rival du général de Gaulle pour la direction des forces alliées françaises) et Georges Catroux (un des premiers généraux ralliés à la "France libre") appuyés par l'aviation.
 
Je vous invite aujourd'hui à m'accompagner sur les hauteurs de l'Anti-Atlas, chez les Ait ATTA de Jbel SAGHRO. S'il vous plaît, n'hésitez surtout pas à venir....vous ne le regretterez pas.

Le massif du Saghro, où nous nous rendons, est une chaîne montagneuse qui relie les vallées du Drâa et du Tafilalet. Au nord du Jbel Saghro, la magnifique route des "Mille Kasbahs", qui s'étire de Ouarzazate à Tinghir, à travers Skoura, Kelâat M'gouna et Boumalne du Dadès. Au sud, la route part de Agdz, au début de la vallée du Drâa, pour rejoindre, à travers Tazzarine et Ainif, Sijilmassa, aux portes du berceau de la dynastie Alaouite, Rissani.

En tamazight, Saghro signifie "sécheresse". Partout, en effet, l'Adrar Saghru est "une montagne volcanique, un paysage lunaire, de plateaux et de pics, de canyons parcourus par des oueds, de schistes noirs, de mamelons granitiques, de grès rose, de forêts, le tout dominé par des pitons de basalte. Lauriers, genévriers, fleurs de montagne occupent les fonds des vallées".

La faune sauvage dominante est constituée ici d'aigles royaux et de scorpions, jaunes et noirs. Le point culminant est "l'Amalou n' Mansour", 2712 m.

Les villages, peu nombreux, se réduisent à quelques petites baraques, cernées de palmiers ou d'amandiers.
        
Nous sommes, mes amis, aujourd'hui à IKNIOUIN, non loin du col du Tizi n'Tazazert, au cœur de Jbel Saghro, chez les Aït ATTA.
Ces derniers forment une confédération de "cinq tentes" - les Ait Ouallal, les Ait Ouahlim, les Ait Isfoul, les Ait Iazza et les Ait Ounbgi - apparentée aux Senhaja, dont l'origine remonterait au XVIème siècle, qui ne parle que le "braber" et qui se réclame d'un personnage commun, 'Dadda Atta", qui aurait laissé, au cours d'une longue vie de labeur, trente-neuf garçons et une fille.
      
Les Ait Atta sont des "Imazighen" nomades qui ont leur troupeau, de chèvres et de moutons, pour richesse et la nature pour guide.
Dans le massif du Saghro, ils vivent dans des maisons de pierre crue, creusent des puits, plantent des amandiers, cultivent le blé, l'orge et divers légumes. Dans les souks de Kelâat M'Gouna et de Boumalne du Dadès, ils vendent oignons, pommes de terre, courgettes pour acheter farine, viande, pains de sucre et thé.

Lorsque les historiens et les géographes évoquent les Ait Atta de Jbel Saghro, un événement majeur revient en mémoire, à savoir la "bataille de BOUGAFER",  à laquelle est associée un marocain d'exception, Assou OUBASSLAM.

La bataille de Bougafer, de février-mars 1933, a opposé, sur le Jbel Saghro, 12000 hommes et femmes des Ait Atta, à plus de 80000 soldats des forces coloniales, commandées par les généraux Henri Giraud (qui sera plus tard rival du général de Gaulle pour la direction des forces alliées françaises) et Georges Catroux (un des premiers généraux ralliés à la "France libre") appuyés par l'aviation.
Il leur faudra un siège de près de quarante jours, des bombardements terrestres et aériens intensifs, ainsi que le blocus de la montagne, pour venir à bout des valeureux Ait Atta, dont près de 500, parmi lesquels 127 femmes, y laisseront la vie.

Les Aït Atta ont été menés à la bataille par un personnage de légende, leur "Amghar N'ufella", Assou Oubasslam, de son vrai nom Issa Ou Bouhali N'Ait Baslam (1890-1960)..."un homme au beau visage grave, au corps maigre et musclé, impassible et indifférent d'apparence, mais fier et plein de dignité, et qui imposait la confiance" ...et qui, jusqu'au bout portera le flambeau de la résistance amazigh face à l'avancée coloniale.  

Au cas où vous souhaiteriez en savoir plus, ce dont je ne doute pas, n'hésitez pas à lire deux ouvrages en particulier : "Les Ait Atta du Sahara et la pacification du Haut Drâa" (1936), de Georges Spillman, et "Dadda 'Atta and His Forty Grandsons : the Socio- Political Organization of the Ait 'Atta of Southern Morocco" (1984). Vous m'en direz des nouvelles.
 
Pr Fouad ZAIM
 
 

A propos de cette nouvelle rubrique de lodj "Icônes et Sites du Maroc Éternel"

Fouad ZAIM, professeur universitaire en amoureux éternel et fasciné par des personnalités et des lieux qui font la grandeur de notre glorieux Maroc, nous fait voyager par ses récits joliment écrits, pour découvrir des hommes et des femmes ainsi que des régions, qui ont fait le Maroc d’hier et continue de faire le Maroc d’aujourd’hui et de demain. 


Jeudi 28 Octobre 2021