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21 Mai 2025 - écrit par sylvina neri - Lu 259 fois

Chirurgie thoracique robotisée : le Maroc pionnier en Afrique ?

Une intervention ultra-précise, un matériel d’élite… mais des enjeux de démocratisation et de formation encore cruciaux
Le Maroc devient pionnier africain en chirurgie thoracique assistée par robot. Une prouesse technique qui pose la question de l’accessibilité et de la formation.


Chirurgie thoracique robotisée : le Maroc pionnier en Afrique ?
Opérer les poumons, l’œsophage ou la plèvre à l’aide d’un robot piloté à distance ? Ce qui relevait de la science-fiction il y a quelques années devient peu à peu une réalité au Maroc. À l’occasion du Morocco Medical Expo 2025, la chirurgie thoracique assistée par robot a été présentée comme une première africaine dans sa forme aboutie. Mais cette prouesse soulève aussi des interrogations sur les moyens, l’accessibilité et les priorités de santé.

Quand la machine entre dans la cage thoracique
Le Pr Oussama Afandi, chirurgien thoracique, va exposé les résultats des premières interventions robotisées dans un centre hospitalier marocain. Grâce à une vision en 3D, des bras articulés millimétriques et une dextérité accrue, le robot permet :

des incisions minimales,
une dissection plus fine des tissus,
une réduction significative de la douleur post-opératoire,
une récupération accélérée pour les patients.

Cancers du poumon, tumeurs médiastinales, chirurgie œsophagienne complexe : les indications s’élargissent.

Une prouesse médicale… réservée à quelques-uns
Le robot chirurgical, c’est aussi un coût élevé : entre 15 et 25 millions de dirhams, sans compter la maintenance, la formation du personnel, et les consommables spécifiques. Aujourd’hui, seuls deux à trois établissements marocains disposent d’un tel dispositif, souvent dans le secteur privé.

Cela crée un risque : une médecine d’élite pour quelques patients privilégiés, pendant que les autres continuent de subir des chirurgies ouvertes longues et douloureuses.

Former les chirurgiens, le grand défi
Un robot ne remplace pas un chirurgien. Il l’augmente. Mais pour cela, il faut des formations longues, coûteuses, souvent à l’étranger, avec des simulateurs de dernière génération. Peu de chirurgiens marocains thoraciques sont encore certifiés sur ce type d’appareils.

Des partenariats avec des universités internationales sont en cours, mais le Maroc gagnerait à créer son propre centre de formation régional à la chirurgie robotique, y compris pour l’Afrique subsaharienne.

Un enjeu de souveraineté technologique
Plus qu’un gadget, la chirurgie robotisée pose la question de la souveraineté technologique en santé. Aujourd’hui, tous les robots sont importés, les logiciels propriétaires, les pièces de rechange dépendantes des fabricants. Demain, le Maroc pourrait développer des solutions hybrides locales, plus adaptées à son tissu hospitalier.

L’expertise chirurgicale existe, le savoir-faire en ingénierie aussi. Il manque une stratégie nationale pour faire converger les deux.

L’innovation doit servir le soin, pas l’inverse
Les experts présents au salon l’ont rappelé : la robotique n’a de sens que si elle améliore la qualité de vie du plus grand nombre. Il ne s’agit pas d’un totem technologique, mais d’un outil au service du patient. Cela suppose des critères clairs de déploiement, des indicateurs d’impact, et une évaluation rigoureuse de la pertinence clinique.

FOCUS : Chirurgie thoracique assistée par robot – en chiffres
Coût d’un robot : 15 à 25 millions de dirhams
Durée moyenne d’hospitalisation réduite de 40 %
Indications principales : cancer du poumon, tumeur médiastinale, œsophage
Centres équipés au Maroc : Casablanca, Rabat, en développement à Marrakech
Nombre de chirurgiens certifiés : moins de 10

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