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Chômage : le gouvernement a-t-il trouvé la recette miracle ?


Rédigé par La Rédaction le Vendredi 28 Février 2025

Un budget conséquent, mais des incertitudes sur l’impact réel
Huit initiatives : une réponse globale aux défis de l’emploi ?
Un suivi gouvernemental renforcé, mais une efficacité à prouver



​Feuille de route pour l'emploi au Maroc : ambition pragmatique ou pari risqué ?

Chômage : le gouvernement a-t-il trouvé la recette miracle ?
Face à un chômage persistant, le gouvernement marocain dévoile une feuille de route ambitieuse. Dotée d’une enveloppe budgétaire de 15 milliards de dirhams, cette stratégie s’articule autour de huit initiatives phares censées stimuler la création d’emplois et ramener le taux de chômage à 9 % d’ici 2030. Reste à savoir si ces mesures répondront réellement aux attentes.

Un budget colossal pour quels effets concrets ?

La répartition budgétaire est structurée autour de trois axes : 12 milliards de dirhams pour stimuler l’investissement privé à travers la Charte de l’investissement, 1 milliard pour préserver les emplois ruraux et 2 milliards pour dynamiser les programmes de relance de l’emploi. Mais ces investissements suffiront-ils à transformer durablement le marché du travail marocain ?

Huit initiatives pour relancer l'emploi

1-Soutien aux très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) : Le gouvernement mise sur ces entreprises pour générer de l’emploi en facilitant leur accès aux financements et aux marchés publics. Une meilleure gouvernance et des modalités de soutien simplifiées sont promises, mais les lourdeurs administratives pourraient entraver ces efforts.

2-Renforcement des politiques actives d’emploi et généralisation de la « progression professionnelle » (Tadrij) : Cette mesure vise à inclure davantage de personnes non diplômées dans les dispositifs de formation et d’intégration. D’ici 2025, elle devrait aboutir à la création de 422.500 emplois, mais cela suppose un suivi efficace pour garantir l’employabilité des bénéficiaires.

3-Extension des programmes de formation et d’intégration professionnelle : L’Anapec et le ministère de l’Inclusion économique s’engagent à élargir des programmes tels que Idmaj (160.000 bénéficiaires), Tahfiz (22.500 bénéficiaires) et Taehil (30.000 bénéficiaires). De plus, la durée des contrats d’insertion sera réduite de 24 à 12 mois pour accélérer l’intégration.

4-Soutien à l’emploi agricole et préservation des emplois ruraux : Avec la sécheresse qui pèse sur l’agriculture, l’État prévoit d’augmenter la surface cultivée en céréales à 4 millions d’hectares et de sélectionner des projets agricoles à fort potentiel d’emploi. Une plateforme numérique doit également voir le jour pour optimiser l’adéquation entre offre et demande de main-d’œuvre agricole.

5-Intégration des politiques actives d’emploi dans un programme unifié : L’objectif est d’optimiser les ressources de l’État en regroupant et harmonisant les différents dispositifs existants. Cela permettrait de toucher entre 400.000 et 500.000 bénéficiaires annuellement, mais le risque de bureaucratisation excessive demeure.

6-Renforcement du rôle de l’Anapec et des centres de carrière : L’agence se verra confier un rôle clé dans l’orientation et l’accompagnement des demandeurs d’emploi dès leur scolarisation. De nouveaux services numériques et des career centers seront déployés à l’échelle nationale.

7-Amélioration de l’accès des femmes au marché du travail : Un focus particulier est mis sur l’élimination des obstacles qui freinent l’emploi féminin, notamment le transport et la garde d’enfants. Une politique efficace nécessitera des solutions concrètes, telles que des aides ciblées ou des infrastructures adaptées.

8-Réduction de l’abandon scolaire et adaptation de la formation aux besoins du marché : La mise en adéquation des formations avec les exigences des employeurs vise à améliorer l’employabilité des jeunes. Cette initiative, si bien exécutée, pourrait réduire le fossé entre formation et marché du travail.

Une gouvernance en trois niveaux

Pour assurer le suivi de ces initiatives, le gouvernement prévoit une structure de gouvernance en trois niveaux :
 
  • Une Commission ministérielle de l’emploi, présidée par le Chef du gouvernement, qui se réunira trimestriellement.
  • Une Commission de pilotage, chargée d’assurer la mise en œuvre et le suivi opérationnel des décisions.
  • Une Unité de collecte des données, rattachée à la Direction des études et prévisions financières, pour analyser l’impact des mesures.


Une feuille de route à surveiller de près

Cette stratégie marque une avancée indéniable en matière de lutte contre le chômage, mais plusieurs interrogations subsistent : la mise en œuvre sera-t-elle à la hauteur des ambitions affichées ? Le secteur privé jouera-t-il le jeu ? Le suivi des résultats sera-t-il rigoureux ? Seul l’avenir dira si ces mesures permettront d’enrayer durablement la montée du chômage ou si elles resteront de simples annonces.



 

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Vendredi 28 Février 2025