Par Dr Anwar CHERKAOUI, expert en communication médicale et journalisme de santé
C’était à la fin des années quatre-vingt, dans un pays encore hésitant entre la pudeur et la science, entre l’ombre des traditions et la lumière brutale de la modernité.
Un homme rentra de France. Médecin.
Mais pas n’importe lequel.
Il portait dans sa mallette une spécialité étrange, presque sulfureuse : l’andrologie.
Il en parlait avec calme, mais dans ses mots flottaient les échos d’un silence longtemps enfoui dans les murs des chambres conjugales.
Il disait : " Je soigne les hommes qui n’arrivent plus à aimer avec leur corps. Ceux qui veulent, mais ne peuvent plus."
À l’époque, le Viagra n’avait pas encore été prononcé.
Deux options seulement s’offraient à ceux que la virilité avait quittés.
Pas le genre de virilité qu’on exhibe en société.
Non, celle qui se mesure dans l’intime, dans la moiteur d’un lit, là où les certitudes s’effondrent face à un corps qui ne répond plus.
La première : l’injection intracaverneuse.
Un acte à la fois clinique et déroutant.
Le médecin, ganté de latex et armé d’une aiguille, piquait directement dans ce membre que tant de civilisations ont adoré ou maudit.
Un liquide s’y infiltrait, comme un soupçon d’espoir.
L’érection venait.
Fermement.
Mais brièvement.
L’homme, alors, devait courir, parfois littéralement, vers sa compagne, comme on court après un train en partance, pour attraper au vol une dernière chance d’étreinte.
Cela marchait.
Parfois.
Mais le désir devenu chronomètre ne fait plus rêver.
La seconde option était plus radicale, plus chirurgicale, presque kafkaïenne.
Une prothèse pénienne.
Un dispositif implanté dans la chair, qu’on déroulait comme une échelle de secours, lorsque le feu du désir se rallumait.
Ce n’était plus un sexe, c’était une mécanique.
Un acte d’amour devenu geste technique, presque militaire.
Mais pour certains hommes, c’était cela ou le néant.
Et le néant, quand on aime, fait bien plus mal que le métal froid sous la peau.
Ces méthodes, austères, parfois douloureuses, ont pourtant redonné du sens à des existences vacillantes.
Des hommes qui se taisaient, des femmes qui pleuraient en silence, des couples suspendus entre tendresse et frustration.
Et puis un jour, la petite pilule bleue est arrivée.
Viagra.
Quatre lettres, une révolution.
Elle n’était ni magique, ni absolue, mais elle a brisé un tabou, fait tomber une peur, ouvert une porte.
La science, enfin, avait donné au désir un allié, discret et efficace.
Aujourd’hui, on en rit, on en parle, on en abuse parfois.
Mais il ne faut pas oublier ces années d’avant, où le plaisir était une ordonnance, l’amour un protocole, et l’érection… un combat.
Pasolini aurait filmé ces hommes en noir et blanc, avec des visages en sueur et des silences lourds.
Sartre y aurait vu l’enfer de l’être jeté dans un corps qui trahit sa volonté.
Et moi, en tant que médecin. je n’y vois que des humains, égarés dans leur chair, qui cherchent à aimer encore.
Même si cela passe par une aiguille, un piston, ou une petite pilule bleue.
Pour l’histoire, le Maroc est le 3eme pays au Monde, après les USA et le Mexique, à avoir introduit le viagra en mai 1998.
Un homme rentra de France. Médecin.
Mais pas n’importe lequel.
Il portait dans sa mallette une spécialité étrange, presque sulfureuse : l’andrologie.
Il en parlait avec calme, mais dans ses mots flottaient les échos d’un silence longtemps enfoui dans les murs des chambres conjugales.
Il disait : " Je soigne les hommes qui n’arrivent plus à aimer avec leur corps. Ceux qui veulent, mais ne peuvent plus."
À l’époque, le Viagra n’avait pas encore été prononcé.
Deux options seulement s’offraient à ceux que la virilité avait quittés.
Pas le genre de virilité qu’on exhibe en société.
Non, celle qui se mesure dans l’intime, dans la moiteur d’un lit, là où les certitudes s’effondrent face à un corps qui ne répond plus.
La première : l’injection intracaverneuse.
Un acte à la fois clinique et déroutant.
Le médecin, ganté de latex et armé d’une aiguille, piquait directement dans ce membre que tant de civilisations ont adoré ou maudit.
Un liquide s’y infiltrait, comme un soupçon d’espoir.
L’érection venait.
Fermement.
Mais brièvement.
L’homme, alors, devait courir, parfois littéralement, vers sa compagne, comme on court après un train en partance, pour attraper au vol une dernière chance d’étreinte.
Cela marchait.
Parfois.
Mais le désir devenu chronomètre ne fait plus rêver.
La seconde option était plus radicale, plus chirurgicale, presque kafkaïenne.
Une prothèse pénienne.
Un dispositif implanté dans la chair, qu’on déroulait comme une échelle de secours, lorsque le feu du désir se rallumait.
Ce n’était plus un sexe, c’était une mécanique.
Un acte d’amour devenu geste technique, presque militaire.
Mais pour certains hommes, c’était cela ou le néant.
Et le néant, quand on aime, fait bien plus mal que le métal froid sous la peau.
Ces méthodes, austères, parfois douloureuses, ont pourtant redonné du sens à des existences vacillantes.
Des hommes qui se taisaient, des femmes qui pleuraient en silence, des couples suspendus entre tendresse et frustration.
Et puis un jour, la petite pilule bleue est arrivée.
Viagra.
Quatre lettres, une révolution.
Elle n’était ni magique, ni absolue, mais elle a brisé un tabou, fait tomber une peur, ouvert une porte.
La science, enfin, avait donné au désir un allié, discret et efficace.
Aujourd’hui, on en rit, on en parle, on en abuse parfois.
Mais il ne faut pas oublier ces années d’avant, où le plaisir était une ordonnance, l’amour un protocole, et l’érection… un combat.
Pasolini aurait filmé ces hommes en noir et blanc, avec des visages en sueur et des silences lourds.
Sartre y aurait vu l’enfer de l’être jeté dans un corps qui trahit sa volonté.
Et moi, en tant que médecin. je n’y vois que des humains, égarés dans leur chair, qui cherchent à aimer encore.
Même si cela passe par une aiguille, un piston, ou une petite pilule bleue.
Pour l’histoire, le Maroc est le 3eme pays au Monde, après les USA et le Mexique, à avoir introduit le viagra en mai 1998.