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Ciel, mon vaccin !


Rédigé par le Mardi 19 Janvier 2021

Alors, il vient ou pas ce vaccin ? Nombreux sont les citoyens qui ont de plus en plus la désagréable impression d’être pris pour des imbéciles par le ministre de la Santé.

Khalid Ait Taleb a parlé aux Marocains d’abord en chinois, avant de se mettre au hindi. Mais, maintenant qu’ils se sont rendu compte qu’en fait, il ne comprend ni l’un, ni l’autre, en tout cas pas les chiffres figurant sur leurs calendriers, il s’est soudain rappelé qu’il ne fallait pas donner de faux espoirs sur la date d’arrivée du vaccin. De qui se moque-t-on, là ?



Ciel, mon vaccin !
Les 600 Marocains qui se sont prêtés au test sur le vaccin chinois, cela n’aurait, donc, servi à rien ? Vaccin classique fabriqué avec un virus inactivé, facile à conserver (entre 2 et 8°), ses concepteurs affirment qu’il a un taux de réussite de 79 %. C’est ainsi que le vaccin de Sinopharm a été présenté, il y a six mois déjà, à l’opinion publique nationale.

Il a également été question, juste quelques jours après, du vaccin britannique Astrazeneca, utilisant un adénovirus de chimpanzé, tout aussi facile à conserver et prétendant, pour sa part, à un taux de succès allant de 70 à 90 %.

On avait donc le choix entre risquer de se mettre à parler soudainement mandarin ou de se gratter la tête tout en étant suspendu à une branche d’arbre, mais au moins on allait rester vivant et pouvoir enfin se déplacer librement.

Bercés d’illusions

Avec les 65 millions de doses qui auraient été commandées, les Marocains se voyaient déjà se faire des câlins sans porter de masques et fêter les mariages sans finir la soirée au commissariat de police.

Les opérateurs économiques, pour leur part, se frottaient déjà la main à la perspective de pouvoir reprendre normalement leurs activités et soigner leurs finances infectées par le Covid. Bref, le salut tant attendu au bout d’une piqûre.

Mieux encore, pour flatter notre ego (il faut quand même avouer que nous avons la fâcheuse tendance de nous prêter facilement à ce jeu), il a été dit que les Marocains allaient compter parmi les premiers peuples au monde, svp, à recevoir le vaccin !

Retour vers la réalité

Puis, on nous a expliquées qu’il fallait attendre que la Chine et la Grande-Bretagne, pays concepteur desdits vaccins, les autorisent d’abord sur leurs propres territoires. Cela semblait couler de sens et on a continué à y croire.

Les discussions de café tournaient alors plutôt sur l’efficacité comparée des vaccins produits, le caractère obligatoire ou pas de la vaccination… Personne ne se doutait, encore, que notre ministre de la Santé était tout simplement en train de nous mener en bateau.  

Maintenant que les deux vaccins, le chinois et le britannique, ont été homologués par les autorités sanitaires de Pékin et Londres, d’abord, on ne parle bizarrement plus du vaccin chinois.

Ensuite, l’avion censé ramener le vaccin britannique fabriqué en Inde n’a toujours pas décollé. Et pour glacer les espoirs d’une éventuelle prochaine livraison, les Indiens ont été on ne peut clairs : India first !


L’heure des comptes

Ô rage, ô désespoir… On s’est fait berner par notre gouvernement, parce que nous y avons vraiment cru. Le tout accompagné d’un brin de fierté (totalement déplacée même si c’est pénible à admettre). C’est dire à quel point, on se sent stupide, après coup.

Bon, arrivé à ce stade de crétinisation des citoyens par notre cher ministre de la Santé, il faut bien taper du poing sur la table et crier assez ! Quand on n’a pas les compétences nécessaires pour assumer une charge aussi lourde ou affronter une situation de crise aussi grave, on rend son tablier.  

C’est vrai qu’il n’est pas facile de renoncer au salaire de ministre et autres avantages sociaux qui vont avec, mais là, il s’agit non seulement de la santé des citoyens, mais aussi celle de l’économie, et non moins important, de la crédibilité du gouvernement.

Théorie du complot

Comme la communication des pouvoirs publics s’est révélée plus que défaillante au sujet de la vaccination, j’ai dû me rabattre honteusement sur l’épicier de mon quartier, théoricien du complot assumé, qui m’avait toutefois bien prédit que les Marocains n’allaient recevoir leurs doses de vaccin qu’une fois la pandémie passée.

« C’est une question de haute politique », a-t-il commencé à m’expliquer, sans sourciller. « Si les Marocains sont tous vaccinés avant les élections, ils pourraient se rendre aux urnes massivement, ce qui pourrait bien signifier la fin des beaux jours aux frais des contribuables pour les membres de notre gouvernement ».

« Tu vois, toi, El Otmani retourner soigner des malades mentaux ?» , m’a-t-il demandé, pince sans rire. Et il a enchaîné en répondant à sa propre question : « Non, il préfère plutôt nous rendre fous. Enfin, il laisse le Covid le faire à sa place, pour prétendre, par la suite, qu’on a encore besoin de ses services de psychiatre pour une thérapie collective ».

Le poisson de mai

C’est une explication qui en vaut une autre, même si tirée par le bout des cheveux. En tout cas, elle tient bien plus la route que la prétendue immunité collective promise par Ait Taleb pour le mois de mai, alors que pas une seule dose de vaccin n’a été, à ce jour, réceptionnée.

Docteur El Otmani, ou sont nos vaccins ? Ait Taleb vous aurait-il promis d’aller en Inde les rapporter à pieds ?

Vivement un vaccin contre l’incompétence, cette épidémie fait des ravages depuis trop longtemps.

Par Ahmed NAJI




Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Mardi 19 Janvier 2021