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Citoyens exigeants, citoyens oublieux : l’autre crise de notre société...


Par Aziz Daouda

Le citoyen face à lui-même : entre exigences et oublis

Dans beaucoup de sociétés contemporaines et sans doute aucun dans la notre aussi, une étrange tendance se renforce : celle du citoyen qui exige tout de l’État, mais oublie de se demander ce qu’il lui donne en retour. Cette posture de dédouanement collectif, où les responsabilités se dissolvent dans la critique, nourrit une citoyenneté passive, souvent indignée mais rarement engagée. On reproche beaucoup de choses aux gouvernants en oubliant que c'est nous même qui avons voté pour eux et que ne pas voter est en fait un vote pour les majorités qui se forgent.



Quand quelque chose ne va pas: chômage, insécurité, éducation, santé, la première réaction est souvent d’accuser l’État.

Aziz DAOUDA
Aziz DAOUDA
On réclame davantage de prestations, plus de justice, plus de transparence. C’est légitime. Mais dans cette revendication, il est rare que chacun s’interroge sur son propre rôle : payons-nous nos impôts correctement ? Respectons-nous les lois ? Participons-nous réellement à la vie civique ou préférons-nous laisser les « autres » faire ? Un pays ne se construit pas seulement par les décisions de ceux qui gouvernent, mais par la participation consciente de ses citoyens.
 

Le discours public met souvent l’accent sur les droits : droit à la santé, à l’éducation, au travail, à la liberté d’expression. Mais les devoirs: civils, moraux et économiques sont fréquemment oubliés. Or, revendiquer un droit sans remplir un devoir, c’est fragiliser le contrat social. L’incivisme du quotidien par exemple jeter ses déchets n’importe où, tricher sur ses impôts, contourner les règles, mine autant une société que les grandes défaillances politiques qu’on dénonce. Les droits ne se gagnent pas sans accomplissement des devoirs.
 

Beaucoup dénoncent la corruption comme si elle venait d’en haut, comme une pluie sale tombée sur des citoyens innocents. Mais la vérité est plus dérangeante : le corrupteur et le corrompu se confondent souvent dans la même personne. Le commerçant qui fraude, l’automobiliste qui glisse un billet pour éviter une amende, le parent qui cherche un passe-droit pour son enfant: tous participent à ce même mal. Accuser le « système » sans se reconnaître comme maillon de ce système, c’est refuser de grandir. La corruption est intériorisée et ne dérange que quand on en est la victime ou quand il faut manifester se délectant du goût du populisme et du nihilisme .


On se laisse paisiblement, passivement séduire par les discours simplistes des populistes.

Ces derniers jouent sur la colère, la frustration et la peur. Ils fournissent des coupables tout faits : les élites, les étrangers, les institutions. Mais très peu d’auditeurs prennent le temps d’analyser, de vérifier, de raisonner. Le populisme plaît parce qu’il soulage : il transforme la réflexion en émotion. Le nihilisme, quant à lui, propose un plaisir encore plus dangereux : celui de la désespérance. Croire que tout est perdu, que tout est mensonge, que rien n’a de sens, c’est refuser l’effort de penser le réel et de participer au changement.
 

Beaucoup ont la mémoire courte et ne voient pas les progrès réalisés, souvent parce qu’ils ne prennent pas la peine de comparer. Les générations précédentes ont connu la misère, l’absence d’école, les soins rudimentaires, la précarité permanente. Aujourd’hui, malgré les difficultés, le confort matériel, les infrastructures et les libertés sont sans commune mesure. Regarder en arrière n’est pas de la complaisance : c’est un devoir de lucidité pour mesurer le chemin parcouru.
 

L’ère est à la contestation sans information. Notre époque est marquée par une hyper-réactivité. On conteste avant de comprendre, on commente avant de savoir. Les réseaux sociaux amplifient cette impulsion : on s’indigne plus vite qu’on ne s’informe. Mais une opinion qui ne se fonde pas sur la connaissance devient un bruit, Une nuisance et non une contribution. La critique, pour être légitime, doit être éclairée, étayée, vérifiée.


Un citoyen responsable ne se contente pas de réclamer.

Il agit, s’informe, s’engage et reconnaît les progrès comme les erreurs. C’est seulement à cette condition qu’une nation peut évoluer sans sombrer dans la plainte stérile.

John F. Kennedy n'avait il pas dit dans son discours d'investiture le 20 janvier 1961 sa phrase célèbre, devenue une signature autant personnelles que politique: « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. » Cette citation avait pour but d'inciter l'Américain à se demander avant tout ce qu'il peut apporter à son pays, et non l'inverse. La phrase souligne le devoir civique et la responsabilité personnelle dans le cadre de la nation et est parfaitement transposable chez nous par les temps qui courent.


Il parait que John Kennedy c'était en fait inspiré d'une phrase plus ancienne exprimée par un principal d'école, dans son enfance, et qui aurait dit à propos d'une école qui s'appelait alma mater:

« The youth who loves his alma mater will always ask not 'What can she do for me?' but 'What can I do for her?' » Kennedy aurait remplacé « alma mater » par « pays » pour en faire cette maxime patriotique. A ce demander combien de directeur d'école sont capables d'un tel niveau de réflexion et d'engagement pour inspirer notre jeunesse et lui faire prendre conscience de ses devoirs avant de leur parler de leur droits.
 
Aujourd'hui si le besoin est de formuler un pacte social nouveau pour nous retrouver tous autour du même objectif d'aller de l'avant et de rendre encore plus fort notre pays, il convient aussi de nous atteler à reformuler un pacte patriotique comme cela avait été le cas à notre indépendance ou après la glorieuse marche verte, en nous remémorant à chaque instant, à chacun de souffles, notre devise Dieu, la Patrie, Le Roi.

C'est ainsi que toutes nos revendications seront entendues, que nos droits vont se réaliser, que le corruption va disparaitre et que la paix sociale sera à jamais installée.

PAR AZIZ DAOUDA/BLUWR.COM


 


Lundi 13 Octobre 2025