À mesure que les technologies intelligentes pénètrent le tissu productif marocain, un déséquilibre s’installe entre la vitesse des mutations techniques et la capacité des salariés à les comprendre, les discuter, voire les contester. L’intelligence artificielle, la robotisation, la numérisation des processus RH ou comptables ne sont plus réservées aux multinationales : elles touchent aujourd’hui les sociétés de transport, les banques régionales, les industries agroalimentaires, les enseignes de distribution, les assurances, les administrations locales.
Et pourtant, les travailleurs marocains – même qualifiés – restent généralement tenus à l’écart des décisions qui modifient leur travail au quotidien. Ils découvrent parfois un outil automatisé le jour même où leur poste devient obsolète. Ce silence organisationnel fragilise la confiance, alimente la résistance et accélère la désaffection au sein des équipes.
Pour y remédier, le futur Code du travail marocain doit instaurer une obligation nouvelle : la création d’un comité de transformation technologique dans toute entreprise ou administration employant cinquante salariés ou plus. Ce comité, à parité entre représentants de la direction et représentants du personnel, aura pour mission principale d’anticiper, d’évaluer et d’accompagner l’introduction de toute nouvelle technologie ayant un impact significatif sur l’organisation du travail, les conditions d’emploi ou les compétences requises.
Ce comité devra être consulté avant toute mise en œuvre d’un outil numérique modifiant la répartition des tâches, la nature des évaluations, les horaires ou le périmètre des missions. Il pourra formuler des avis, demander des études d’impact, proposer des formations d’actualisation ou des mesures d’adaptation humaine. Les décisions de l’entreprise, en cas de désaccord, devront être motivées par écrit.
L’objectif n’est pas de freiner l’innovation, mais de l’inscrire dans une logique de transparence, de participation et de régulation sociale. Ce comité sera également un espace de veille, chargé de signaler les dérives liées à l’automatisation excessive, aux risques psychosociaux numériques ou à la déshumanisation du management.
Un rapport semestriel sera établi et transmis à l’inspection du travail ainsi qu’au ministère de la Transition numérique, afin d’alimenter une cartographie nationale des transformations technologiques dans les entreprises marocaines.
En généralisant ce type de comité, le Maroc ferait le choix d’un modèle où l’innovation technologique devient un processus collectif, discuté, expliqué, négocié – et non un diktat silencieux venu d’en haut ou de l’étranger.
Et pourtant, les travailleurs marocains – même qualifiés – restent généralement tenus à l’écart des décisions qui modifient leur travail au quotidien. Ils découvrent parfois un outil automatisé le jour même où leur poste devient obsolète. Ce silence organisationnel fragilise la confiance, alimente la résistance et accélère la désaffection au sein des équipes.
Pour y remédier, le futur Code du travail marocain doit instaurer une obligation nouvelle : la création d’un comité de transformation technologique dans toute entreprise ou administration employant cinquante salariés ou plus. Ce comité, à parité entre représentants de la direction et représentants du personnel, aura pour mission principale d’anticiper, d’évaluer et d’accompagner l’introduction de toute nouvelle technologie ayant un impact significatif sur l’organisation du travail, les conditions d’emploi ou les compétences requises.
Ce comité devra être consulté avant toute mise en œuvre d’un outil numérique modifiant la répartition des tâches, la nature des évaluations, les horaires ou le périmètre des missions. Il pourra formuler des avis, demander des études d’impact, proposer des formations d’actualisation ou des mesures d’adaptation humaine. Les décisions de l’entreprise, en cas de désaccord, devront être motivées par écrit.
L’objectif n’est pas de freiner l’innovation, mais de l’inscrire dans une logique de transparence, de participation et de régulation sociale. Ce comité sera également un espace de veille, chargé de signaler les dérives liées à l’automatisation excessive, aux risques psychosociaux numériques ou à la déshumanisation du management.
Un rapport semestriel sera établi et transmis à l’inspection du travail ainsi qu’au ministère de la Transition numérique, afin d’alimenter une cartographie nationale des transformations technologiques dans les entreprises marocaines.
En généralisant ce type de comité, le Maroc ferait le choix d’un modèle où l’innovation technologique devient un processus collectif, discuté, expliqué, négocié – et non un diktat silencieux venu d’en haut ou de l’étranger.
Syndicaliste : L’avis de l’avocat du diable
« Encore un comité. Comme si on n’en avait pas assez. Comités d’hygiène, comités d’entreprise, délégués du personnel qu’on ne consulte qu’en façade... Et maintenant, un ‘comité de transformation technologique’. Le nom est beau, mais dans la réalité, qui va siéger ? Trois syndicalistes intimidés, deux cadres pressés, et un rapport qu’on classera dans un tiroir. La direction dira qu’elle a ‘consulté’, mais le logiciel sera déjà déployé, les postes déjà supprimés, les tâches redistribuées sans discussion. Le problème, ce n’est pas l’absence de comité. C’est l’absence de pouvoir réel donné à ces instances. Tant que les avis ne seront pas contraignants, tant qu’un non pourra être balayé d’un revers de la main patronale, ce comité ne sera qu’un théâtre. Et pendant qu’on joue la démocratie numérique en salle, la machine, elle, tournera sans pause, ni consultation. »



