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Comment l'Algérie a-t-elle exporté son influence séparatiste du Sahara à la Bretagne ?


Dans une étape qualifiée de "fuite en avant", la télévision officielle algérienne a diffusé un reportage controversé décrivant la région de la Bretagne en France comme des "territoires occupés", un précédent sans équivalent dans le discours officiel algérien envers la France… Ce changement soudain de ton politique n'est pas le fruit du hasard, mais semble être une réaction hystérique à une série de scandales politiques et diplomatiques qui poursuivent le système algérien ces derniers temps…



Par Mohammed Yassir Mouline

Comment l'Algérie a-t-elle exporté son influence séparatiste du Sahara à la Bretagne ?
Au cœur d'une crise diplomatique entre Paris et Alger, le régime militaire algérien intensifie sa campagne de désinformation à l'encontre de la France... Dans un reportage récemment diffusé dans son journal télévisé, Canal Algérie soutient que la France agit comme « une puissance coloniale » en Bretagne... Pour étayer son propos, la chaîne invite à s'exprimer le président du Parti national breton, un groupuscule d’ultra droite identitaire proche de l'idéologie nazie...
 
La parole à un groupuscule néonazi
Mal à l'aise devant la caméra et probablement étonné par la plateforme qui lui est donnée, le militant d'extrême droite identitaire évoque la Bretagne comme une « nation sans État » actuellement « sous occupation française. » Il ajoute que « les Bretons ne sont pas Français » et que l'État s'efforce de martyriser la langue bretonne en interdisant notamment « l'existence de chaînes de télévision, de radios ou d'autres médias en breton. »

La Bretagne, malgré les revendications des indépendantistes, fait indéniablement partie intégrante de la France et ne peut en aucun cas être qualifiée de « colonisée » ou « occupée », comme le suggère ce reportage absurde. Il convient également de rappeler que le Parti national breton a été dissous durant la Seconde Guerre mondiale en raison de ses liens très « amicaux » avec l'Allemagne nazie. Aujourd'hui, avec la résurgence des idées racistes et xénophobes, ce mouvement semble réapparaître sur les réseaux sociaux et dans le débat public, soutenu par la télévision algérienne qui n'hésite pas à donner la parole à un groupuscule néonazi dans le but de déstabiliser la France.
 
L’éclatement d'une affaire explosive
Le reportage, qui a adopté un ton "libérateur" envers une région française située au cœur de l'Europe, est venu quelques jours seulement après l'éclatement d'une affaire explosive qui a révélé l'implication de plusieurs diplomates algériens accrédités à Paris dans des affaires graves liées au terrorisme et à l'enlèvement d'activistes des droits de l'homme algériens sur le sol français, en violation flagrante des lois internationales et de la souveraineté française.
 
Le scandale qui a secoué les relations algéro-françaises ne s'est pas limité à l'implication sécuritaire, mais a pris une dimension politique grave après la publication par le journal français  « Le Journal du Dimanche » d'une enquête approfondie accusant - de manière sans précédent - le président algérien lui-même d'être impliqué dans ces opérations… Le reportage journalistique, soutenu par des témoignages et des documents, ouvre largement la porte à des poursuites judiciaires possibles, notamment après l'émission de mandats d'arrêt européens contre plusieurs diplomates algériens.
 
Tromper l'intérieur et défier l'extérieur
Dans ce contexte, il semble que le système algérien, qui vit une situation d'isolement extérieur et de tensions internes, a décidé d'utiliser "la question nationale alternative" comme un outil pour détourner l'opinion publique et détourner l'attention de la catastrophe diplomatique à laquelle il est confronté… Ainsi, l'État profond en Algérie a choisi d'ouvrir un front médiatique fabriqué contre la France, ciblant la région de la Bretagne qui a une sensibilité historique - dans une tentative de tromper l'intérieur et de défier l'extérieur… Mais cette initiative, qui manque de toute base juridique ou réaliste, reflète clairement l'état de confusion politique au sein du système algérien et son manque d'outils efficaces pour gérer les crises.
 
Reproduire l'ennemi extérieur
Au lieu de faire face aux réalités et de répondre aux accusations portées contre lui avec transparence et responsabilité, le système a choisi de fuir vers le jeu de "l'anticolonialisme", dans un scénario qui rappelle l'ère de la guerre froide et les discours post-indépendance, qui ont perdu leur éclat dans un monde d'aujourd'hui basé sur la responsabilité et les faits… Ce qui s'est passé n'est qu'un nouveau chapitre dans la pièce du régime militaire algérien pour reproduire l'ennemi extérieur, à un moment où la pression interne augmente en raison de la répression politique, de la détérioration de la situation économique et de l'absence de perspectives de réforme.
 
Confrontation ouverte avec la communauté internationale
Cependant, jouer avec le feu sur la scène internationale, en particulier avec un pays de la taille de la France, pourrait se retourner contre le régime lui-même et le placer dans une confrontation ouverte avec la communauté internationale… Les tentatives de perturbation et de tromperie ne serviront à rien pour occulter la vérité… Les questions relatives aux droits de l'homme et les affaires pénales soulevées devant les tribunaux européens ne seront pas closes par un reportage télévisé, et l'opinion publique intérieure ne sera pas réduite au silence en orientant la boussole vers un ennemi extérieur imaginaire.
 
Les tenants du pouvoir dans le régime militaire algérien, en imposant leurs réactions et leurs sensibilités à l'État, s'isolent à l'intérieur de celui-ci, qui est un organisme vivant. Il ne tolérera pas longtemps l'étouffement dans cette double isolation, interne et externe... Et la transformation en son sein vers le renouveau ne tardera pas à se concrétiser... C'est le moment de vérité qui frappe à la porte du palais de la Mouradia avec force, et la réponse ne sera qu'avec la vérité, pas avec la propagande


Vendredi 16 Mai 2025