L'ODJ Média

Confession de la rédaction de l'ODJ Média

​Chronique : Entre deux générations, un même vertige


Rédigé par le Samedi 4 Octobre 2025



Confession de la rédaction de l'ODJ Média
Depuis l’apparition du mouvement Gen Z 212 et surtout sa descente dans la rue, la rédaction de L’ODJ vit un moment de vérité. Ce n’est pas seulement l’actualité qui bouscule, mais aussi notre propre miroir. La jeunesse qui manifeste dehors a trouvé son écho à l’intérieur : jeunes journalistes qui veulent écrire avec l’urgence du présent, et une direction plus âgée qui rappelle la nécessité de la mesure, du recul, du poids des mots. Deux pulsations, deux tempos.

Pour les uns, cette génération qui scande dans les boulevards est l’incarnation d’un Maroc impatient, avide de justice sociale et d’avenir, et nos articles doivent porter cette énergie, quitte à heurter. Pour les autres, notre mission est de ne pas céder à l’émotion brute, de donner des clés de lecture, de tempérer les emballements, de protéger l’espace public de la confusion qui guette.

Ce ballottage éditorial n’a pas été neutre. Il a certainement été perçu par nos lecteurs, comme une hésitation, parfois comme une fracture. Mais c’est aussi cela, le rôle d’un média vivant : être traversé par les tensions du pays qu’il raconte. Nous sommes, en un sens, à l’image du Maroc d’aujourd’hui. Un pays partagé entre l’impatience de sa jeunesse et la prudence d’un État qui avance au pas mesuré.

À l’intérieur de la rédaction, les discussions sont devenues un laboratoire : faut-il relayer sans filtre les slogans de Discord et des places publiques ? Faut-il au contraire traduire cette colère en analyses qui dépassent le bruit des réseaux sociaux ? La réponse n’est pas tranchée, et c’est tant mieux. Car c’est dans cet entre-deux, inconfortable mais fertile, que se construit une presse crédible.

Il serait simple de céder à une ligne dure, tout comme il serait tentant de surfer sur l’onde contestataire pour plaire aux clics. Mais L’ODJ se veut un espace de confrontation honnête, où les jeunes plumes bousculent et où l’expérience rappelle que la démesure coûte cher. Cette tension, loin d’être une faiblesse, devient notre signature.

Car derrière Gen Z 212, c’est toute une société qui se cherche. Une société qui hésite entre vitesse et gravité, entre impatience et prudence. Si notre rédaction vibre de cette hésitation, c’est qu’elle est fidèle à sa mission : refléter le Maroc tel qu’il est, sans maquillage. Ni pour flatter, ni pour effrayer, mais pour dire la complexité du moment.

Ainsi, la querelle entre générations dans notre maison n’est pas une rupture, mais un dialogue permanent. Elle traduit une conviction : la presse n’est pas une tour de contrôle hors-sol, c’est un carrefour traversé par les mêmes courants que le pays. Et si nous oscillons, c’est parce que le Maroc, lui aussi, bouge.

Reste une certitude : au-delà des divergences internes, nous savons que notre rôle n’est pas de choisir entre l’élan et la retenue, mais de les faire dialoguer. Parce que ce dialogue est exactement ce dont le Maroc a besoin aujourd’hui.

Par Adnane Benchakroun CEO de L'ODJ Média





Samedi 4 Octobre 2025