Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) vient de publier les résultats de son enquête de conjoncture auprès des ménages pour le deuxième trimestre 2025. Si l’on observe une amélioration notable de l’Indice de Confiance des Ménages (ICM), les indicateurs détaillés révèlent que cette embellie reste fragile, sur fond de pessimisme persistant concernant l’emploi, l’inflation alimentaire et la capacité d’épargne.
Un regain de confiance inédit depuis deux ans
L’ICM s’est établi à 54,6 points au deuxième trimestre 2025, contre 46,6 points au trimestre précédent et 46,1 points à la même période de 2024. Cette progression de 8 points en trois mois traduit un regain d’optimisme dans une conjoncture encore morose. Il s’agit du niveau le plus élevé depuis début 2022, marquant ainsi une rupture dans la tendance baissière observée ces dernières années.
Ce bond est à mettre en relation avec l'amélioration globale de plusieurs composantes de l’indice, notamment la perception du chômage, la situation financière anticipée et, dans une moindre mesure, la propension à consommer des biens durables.
Ce bond est à mettre en relation avec l'amélioration globale de plusieurs composantes de l’indice, notamment la perception du chômage, la situation financière anticipée et, dans une moindre mesure, la propension à consommer des biens durables.
Niveau de vie : un sentiment de dégradation atténué, mais toujours dominant
Malgré cette amélioration, 76 % des ménages continuent de percevoir une dégradation de leur niveau de vie sur les 12 derniers mois, contre seulement 6,8 % qui déclarent une amélioration. Le solde d’opinion reste donc fortement négatif à -69,2 points, mais s’améliore par rapport au -76,5 du trimestre précédent.
Pour les 12 prochains mois, les Marocains sont légèrement moins pessimistes : 44,9 % s’attendent à une détérioration du niveau de vie, 45,4 % à une stabilité, et 9,7 % à une amélioration. Le solde d’opinion passe ainsi à -35,2 points, contre -46,3 au premier trimestre.
Pour les 12 prochains mois, les Marocains sont légèrement moins pessimistes : 44,9 % s’attendent à une détérioration du niveau de vie, 45,4 % à une stabilité, et 9,7 % à une amélioration. Le solde d’opinion passe ainsi à -35,2 points, contre -46,3 au premier trimestre.
Chômage : l’optimisme revient, mais reste minoritaire
Le chômage reste une source majeure d’inquiétude, mais les signaux s’améliorent. 71,8 % des ménages anticipent une hausse du nombre de chômeurs dans l’année à venir, contre 14,3 % qui misent sur une baisse. Le solde d’opinion passe de -73,4 à -57,5 points, un redressement significatif, bien qu’insuffisant pour parler de renversement de tendance.
Ce léger mieux coïncide avec les derniers chiffres de l’emploi publiés par le HCP, signalant une reprise partielle dans les secteurs agricoles et touristiques, moteurs traditionnels du marché du travail au Maroc.
Ce léger mieux coïncide avec les derniers chiffres de l’emploi publiés par le HCP, signalant une reprise partielle dans les secteurs agricoles et touristiques, moteurs traditionnels du marché du travail au Maroc.
Biens durables : des arbitrages encore défavorables
La consommation des ménages reste prudente. 72,7 % considèrent que ce n’est pas le moment d’acheter des biens durables, contre seulement 9,9 % qui jugent la conjoncture favorable. Le solde d’opinion, toujours très bas à -62,8 points, progresse toutefois par rapport aux -72 points du trimestre précédent.
Cela reflète une forme de prudence structurelle dans la dépense, liée à l’incertitude générale, mais aussi à une capacité d’épargne dégradée.
Cela reflète une forme de prudence structurelle dans la dépense, liée à l’incertitude générale, mais aussi à une capacité d’épargne dégradée.
Situation financière : l’amélioration est dans l’œil du cyclone
Concernant leur situation financière actuelle, 57,6 % des ménages estiment que leurs revenus suffisent à couvrir leurs dépenses, contre 40,6 % qui s’endettent ou puisent dans leur épargne, et 1,8 % qui réussissent à épargner.
Le solde d’opinion reste négatif à -38,8 points, mais là encore, le mouvement est en amélioration par rapport au -39,8 du trimestre précédent. Pour les 12 derniers mois, 50,1 % estiment que leur situation s’est détériorée, et à peine 4,2 % l’estiment meilleure. Le solde remonte tout de même à -45,9 points, après -49,3 au premier trimestre.
En projection, 15,1 % des ménages espèrent une amélioration de leur situation financière, contre 23,6 % qui craignent une dégradation. Le solde passe ainsi à -8,5 points, mieux que les -16,4 précédents.
Le solde d’opinion reste négatif à -38,8 points, mais là encore, le mouvement est en amélioration par rapport au -39,8 du trimestre précédent. Pour les 12 derniers mois, 50,1 % estiment que leur situation s’est détériorée, et à peine 4,2 % l’estiment meilleure. Le solde remonte tout de même à -45,9 points, après -49,3 au premier trimestre.
En projection, 15,1 % des ménages espèrent une amélioration de leur situation financière, contre 23,6 % qui craignent une dégradation. Le solde passe ainsi à -8,5 points, mieux que les -16,4 précédents.
Une capacité d’épargne au plus bas
C’est peut-être le point noir le plus criant de cette enquête : la capacité d’épargne des ménages reste anémiée. 91,3 % des ménages estiment qu’ils ne pourront pas épargner dans les 12 mois à venir. Le solde d’opinion s’effondre à -82,6 points, en chute de 5 points par rapport au trimestre précédent. Cela en dit long sur la pression subie par les classes moyennes et populaires face à l’inflation et à la stagnation des revenus.
Une inflation alimentaire toujours pesante
Enfin, l’unanimité est presque totale sur le ressenti d’inflation. 94,2 % des ménages déclarent que les prix des produits alimentaires ont augmenté au cours de l’année écoulée, contre 1,7 % seulement qui évoquent une baisse. Le solde d’opinion reste abyssal à -92,5 points, même s’il s’améliore par rapport aux -97,4 du trimestre précédent.
Pour les mois à venir, 78,9 % anticipent une nouvelle hausse des prix, 18,8 % tablent sur une stabilité et 2,3 % seulement espèrent une baisse. Le solde s’améliore cependant à -76,6 points, contre -80 trois mois plus tôt.
Pour les mois à venir, 78,9 % anticipent une nouvelle hausse des prix, 18,8 % tablent sur une stabilité et 2,3 % seulement espèrent une baisse. Le solde s’améliore cependant à -76,6 points, contre -80 trois mois plus tôt.
Une confiance en redressement, mais une précarité persistante
En conclusion, si les indicateurs de confiance des ménages témoignent d’un certain répit, les signaux restent ambivalents. L’amélioration de l’ICM au deuxième trimestre 2025 semble surtout porter sur des attentes moins catastrophiques qu’auparavant, plus que sur une transformation tangible des conditions de vie. Le ressenti reste globalement négatif sur le chômage, les prix alimentaires et les capacités d’épargne.
Le défi reste donc entier pour les politiques publiques : comment transformer cette fragile reprise de confiance en amélioration réelle du pouvoir d’achat, de la sécurité de l’emploi et des perspectives de consommation ? Une question à laquelle l’économie marocaine devra répondre, trimestre après trimestre.
Le défi reste donc entier pour les politiques publiques : comment transformer cette fragile reprise de confiance en amélioration réelle du pouvoir d’achat, de la sécurité de l’emploi et des perspectives de consommation ? Une question à laquelle l’économie marocaine devra répondre, trimestre après trimestre.