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De l’inflation alimentaire


Rédigé par le Mercredi 10 Mai 2023

De mise à jour en mise à jour. A en juger par la toute dernière, telle que livrée le 10 de ce mois par la Banque mondiale, l’inflation des prix alimentaires intérieurs demeure élevée un peu partout dans le monde. Quoiqu’elle se manifeste de manière, plus ou moins, différenciée en fonction d’un certain nombre de déterminants à prendre en considération, qu’ils soient endogènes et/ou exogènes.



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De l’inflation alimentaire
C’est, d’ailleurs, ce qui ressort des dernières données mensuelles disponibles couvrant la période allant de décembre 2022 à mars 2023.

Des chiffres qui en disent long sur l’insécurité alimentaire corrélée à l’envolée des prix et ce qu’endure le commun des mortels qui en pâtit.
Dans la quasi-totalité des pays à revenu faible et intermédiaire, sévit une forte inflation alimentaire.

Jugez par vous-même :

82,4 % des économies à faible revenu, 93 % des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et 89 % des économies à revenu intermédiaire supérieur ont enregistré des taux d’inflation supérieurs à 5 %.
Un grand nombre d’entre elles subissent même une inflation à deux chiffres.

Outre, le fait qu’environ 87,7 % des pays à revenu élevé affichent une forte inflation alimentaire.
Presque aucun espace économique n’est épargné et les pays les plus touchés se situent en Afrique, en Amérique du Nord, en Amérique latine, en Asie du Sud, en Europe et en Asie centrale.

A en juger, cette fois, par la mise à jour semestrielle du Rapport mondial sur les crises alimentaires 2022, le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë et nécessitant une aide humanitaire d’urgence devrait atteindre 205 millions dans 45 pays.

Une situation qui risque de s’aggraver davantage dans la mesure où l’on assiste depuis le début du conflit russo-ukrainien à l’enclenchement de nouvelles mesures afférentes aux exportations et importations de denrées alimentaires.

Une mouvance qui fait dire à la Banque mondiale que la crise alimentaire mondiale est, quelque part, aggravée, ne serait ce qu’en partie, par l’intensification des restrictions commerciales mises en place par les pays dans le but d'accroître l’offre intérieure et d’espérer ainsi amorcer une baisse des prix.

À la date du 13 mars 2023, pas moins de 23 pays avaient imposé 29 interdictions d'exportation sur certains produits agricoles et 14 mesures limitant les exportations avaient été adoptées par une dizaine de pays.

Ajouter à cela les perturbations des chaînes d’approvisionnement et les goulets d'étranglement qui en découlent, les diverses déclinaisons du changement climatique, les séquelles de la pandémie, le resserrement du financement et la hausse des taux, le choc du système alimentaire mondial ne peut être qu’inédit et, comme à l’accoutumée, ce sont les plus vulnérables qui seront les plus durement touchés.

Seront-ils en mesure de concilier les interventions urgentes à court terme et les efforts de résilience à plus long terme ?

La troisième déclaration conjointe du 8 février 2023 des dirigeants de la FAO, du FMI, de la Banque mondiale, du Programme alimentaire mondial et de l’OMC pour juguler l’aggravation de la crise de la sécurité alimentaire et nutritionnelle sera-t-elle d’un grand secours ?

On peut toujours espérer du moment que c’est gratuit.




Noureddine Batije
Noureddine BATIJE est un journaliste spécialiste en investigation journalistique et traitement de... En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 10 Mai 2023