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Deux arrestations à l’aéroport Mohammed 5 d'un russe et d'un franco-algérien


Rédigé par La rédaction le Samedi 25 Octobre 2025

Casablanca a connu, samedi 25 octobre 2025, une séquence sécuritaire peu commune à l’aéroport international Mohammed-V. En l’espace de quelques heures, deux voyageurs arrivant sur le tarmac ont été interpellés par les équipes de la Sûreté nationale, chacun visé par un mandat international diffusé via Interpol.



Deux arrestations à l’aéroport Mohammed 5 d'un russe et d'un franco-algérien
Le premier, un ressortissant russe de 34 ans, était recherché pour des faits liés au terrorisme et à l’appartenance à une organisation extrémiste.

Le second, un Français d’origine algérienne âgé de 24 ans, était activement recherché par la justice de son pays pour participation à une organisation criminelle et détention illégale de substances explosives.

Deux dossiers distincts, un même point de chute, et une constante : la rigueur du contrôle frontalier marocain et la fluidité de la coopération policière internationale.

Selon la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), l’alerte est venue de la base de données d’Interpol, consultée systématiquement lors du contrôle d’identité des passagers. Le ressortissant russe, débarqué d’un vol en provenance de Mauritanie, a été immédiatement signalé au pointage : une notice émise par le Bureau central national (BCN) d’Interpol à Moscou le rattache à des activités terroristes et à une structure qualifiée d’extrémiste par la justice russe. Conformément aux procédures, l’intéressé a été conduit sous supervision du parquet compétent, première étape d’une procédure d’extradition destinée à vérifier les conditions légales d’une remise aux autorités requérantes.

Quelques heures plus tard, les mêmes mécanismes de vérification ont conduit à l’interpellation d’un second profil : un citoyen français, d’origine algérienne, âgé de 24 ans. Là encore, la consultation de la base Interpol a levé toute ambiguïté : une notice rouge diffusée par le BCN d’Interpol-Paris le recherche pour des faits d’organisation criminelle et de détention illicite de matières explosives. Placé en garde à vue sur instruction du ministère public, il attend, lui aussi, la suite des démarches judiciaires prévues par les conventions internationales et le droit interne marocain.

Au-delà du fait divers, ces deux arrestations racontent autre chose : la montée en gamme d’un dispositif national de sûreté aux frontières, soutenu par des connexions temps réel avec les réseaux d’alerte internationaux. À Rabat, le Bureau central national Interpol, relevant de la DGSN, a notifié sans délai ses homologues de Moscou et de Paris pour enclencher les circuits de coordination. C’est précisément ce maillage — poste frontière, parquet, BCN Interpol-Rabat, homologues étrangers — qui donne au Maroc une capacité d’action rapide contre la criminalité transnationale, qu’elle prenne la forme de réseaux terroristes ou de structures criminelles plus classiques.

Dans ce domaine, la réactivité ne suffit pas ; il faut de la méthode. Le cadre légal de l’extradition, qui articule droit marocain et conventions bilatérales ou multilatérales, impose un contrôle scrupuleux : vérification de l’identité, de la validité du mandat étranger, du principe de double incrimination, des garanties judiciaires et, le cas échéant, des risques spécifiques (notamment en matière de droits fondamentaux). Ce filtre juridique, exercé sous l’autorité du parquet et des juridictions compétentes, est une garantie autant qu’un garde-fou. Il permet d’allier efficacité opérationnelle et respect des standards internationaux.

Il faut également mesurer l’effet dissuasif de telles interceptions. Mohammed-V est l’un des hubs majeurs du continent : flux d’affaires, tourisme, correspondances vers l’Afrique et l’Atlantique… Dans cet espace à forte densité, la crédibilité des contrôles se joue sur deux leviers : la qualité du renseignement en amont et l’exploitation éclair des signaux à l’instant du contrôle. Les bases Interpol — lorsqu’elles sont alimentées vite et bien par les États — deviennent un multiplicateur d’efficacité. L’expérience marocaine, appuyée sur la coordination DGSN-DGST et des partenariats nourris avec les services étrangers, s’est imposée au fil des années comme une référence régionale en matière d’anti-terrorisme, de lutte contre le crime organisé et, de plus en plus, de cybercriminalité.

Pour autant, l’autosatisfaction serait malvenue. La pression criminelle se déplace, apprend, contourne. Les routes aériennes évoluent, les faux papiers se perfectionnent, et la porosité entre terrorisme et criminalité organisée est, hélas, documentée. C’est là que le « modèle » marocain joue son va-tout : un investissement continu dans la formation des agents, l’équipement des points de contrôle, l’interopérabilité des bases de données et la culture du partage d’information. Les opérations de ce 25 octobre n’ont rien d’un coup de chance ; elles sont la manifestation visible d’un protocole devenu routine.

Reste la dimension diplomatique et judiciaire. Une arrestation à la frontière n’est que le premier acte d’un processus où chaque détail compte : délais, requêtes complémentaires, auditions, recours éventuels. Les autorités marocaines, en notifiant les BCN de Moscou et de Paris, ont enclenché un mécanisme qui se juge à l’aune de la précision procédurale autant qu’à celle de la coopération de la partie demanderesse. Là aussi, le Maroc joue la carte de la prévisibilité : appliquer le droit, tout le droit, rien que le droit — et tenir le cap de ses engagements internationaux.

En somme, ces deux interpellations à Mohammed-V valent signal. Elles disent un pays qui prend au sérieux la sûreté de ses frontières et qui assume sa place dans la chaîne mondiale de sécurité. Elles rappellent aussi que la lutte contre la criminalité transnationale ne se gagne pas à coups d’effets d’annonce, mais par la constance : base de données à jour, postes de contrôle vigilants, parquets réactifs, et des interlocuteurs étrangers qui jouent le jeu. Samedi, à Casablanca, la mécanique a fonctionné. Et c’est précisément quand elle fonctionne sans bruit que la sécurité publique marque des points.

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Samedi 25 Octobre 2025