Par Saïd Temsamani
La lettre envoyée le 10 juillet 2025 par Nizar Baraka, Secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, au président du Parti Populaire espagnol (PP), n’est pas un simple message de félicitations partisanes. C’est un geste politique finement calibré, un acte diplomatique à part entière, et un message adressé à toute l’Europe : la cause nationale marocaine ne souffre plus d’ambiguïté.
L’élégance du ton n’ôte rien à la fermeté du propos. Tout en saluant la réélection du chef du PP à la tête de son parti, Nizar Baraka saisit cette opportunité pour poser une question de fond : jusqu’à quand le PP maintiendra-t-il une position équivoque sur la question du Sahara ? Cette interpellation, directe mais respectueuse, illustre avec brio ce que la diplomatie partisane marocaine peut produire de plus stratégique : mobiliser les liens idéologiques, historiques et géopolitiques pour éclairer la boussole des intérêts partagés.
L’élégance du ton n’ôte rien à la fermeté du propos. Tout en saluant la réélection du chef du PP à la tête de son parti, Nizar Baraka saisit cette opportunité pour poser une question de fond : jusqu’à quand le PP maintiendra-t-il une position équivoque sur la question du Sahara ? Cette interpellation, directe mais respectueuse, illustre avec brio ce que la diplomatie partisane marocaine peut produire de plus stratégique : mobiliser les liens idéologiques, historiques et géopolitiques pour éclairer la boussole des intérêts partagés.
Une lettre, plusieurs messages
En diplomatie, les non-dits sont parfois plus éloquents que les proclamations. Mais ici, la clarté prévaut : le Parti de l’Istiqlal, membre influent de l’Internationale démocrate centriste (IDC), rappelle au Parti Populaire espagnol son devoir de cohérence avec les valeurs communes, et surtout avec l’évolution politique du dossier saharien.
La reconnaissance explicite de la marocanité du Sahara par le gouvernement de Pedro Sánchez en 2022 a été un tournant. En maintenant une posture floue, le PP prend le risque d’apparaître comme déconnecté de cette dynamique, voire en décalage avec les partenaires européens qui ont, les uns après les autres, reconnu la pertinence du plan d’autonomie proposé par Rabat.
La reconnaissance explicite de la marocanité du Sahara par le gouvernement de Pedro Sánchez en 2022 a été un tournant. En maintenant une posture floue, le PP prend le risque d’apparaître comme déconnecté de cette dynamique, voire en décalage avec les partenaires européens qui ont, les uns après les autres, reconnu la pertinence du plan d’autonomie proposé par Rabat.
L’autonomie comme horizon stratégique
Présentée comme une solution « réaliste, crédible et sérieuse », l’initiative marocaine de 2007 bénéficie aujourd’hui d’un soutien international large et diversifié : États-Unis, Allemagne, France, Pays-Bas, pays africains, arabes, asiatiques et latino-américains… Le Parti de l’Istiqlal ne se contente pas de rappeler cette évolution. Il la replace dans une perspective plus large : coopération régionale, stabilité du Maghreb et du Sahel, lutte contre les trafics et les flux migratoires, co-développement.
C’est là toute la force de cette lettre : inscrire la question du Sahara non pas comme un contentieux bilatéral, mais comme une clé de lecture des équilibres géopolitiques euro-méditerranéens. Le Sahara n’est plus un problème ; c’est un levier de partenariat stratégique.
C’est là toute la force de cette lettre : inscrire la question du Sahara non pas comme un contentieux bilatéral, mais comme une clé de lecture des équilibres géopolitiques euro-méditerranéens. Le Sahara n’est plus un problème ; c’est un levier de partenariat stratégique.
La diplomatie partisane, un atout sous-exploité
Ce courrier marque aussi une avancée dans la structuration de la diplomatie partisane marocaine. Longtemps considérée comme le domaine réservé des chancelleries, la défense de la cause nationale s’enrichit désormais de la voix des partis politiques, qui activent leurs réseaux, interpellent leurs homologues, et s’érigent en véritables acteurs d’influence.
En s’adressant frontalement à un acteur politique européen majeur, le Parti de l’Istiqlal montre l’exemple. Il démontre que le dialogue interpartisan, lorsqu’il est bien mené, peut faire avancer des causes d’intérêt supérieur avec intelligence, tact et efficacité.
En s’adressant frontalement à un acteur politique européen majeur, le Parti de l’Istiqlal montre l’exemple. Il démontre que le dialogue interpartisan, lorsqu’il est bien mené, peut faire avancer des causes d’intérêt supérieur avec intelligence, tact et efficacité.
Une interpellation constructive
Il ne s’agit pas ici de dénoncer, mais d’appeler à la clarification. Dans un contexte où le Maroc et l’Espagne ont posé les bases d’une relation nouvelle, stable et tournée vers l’avenir, la position d’un grand parti espagnol comme le PP ne peut rester à mi-chemin. La solidarité historique entre familles politiques doit se traduire dans les actes, surtout quand elle touche à une question existentielle pour le Royaume.
En conclusion
La lettre de Nizar Baraka n’est pas seulement une missive entre dirigeants de partis. C’est un signal fort, adressé à Madrid mais également à Paris, à Bruxelles, à Copenhague, à Dublin, à Ljubljana ou à Luxembourg. Elle incarne une ligne nouvelle de la diplomatie marocaine : l’alliance entre la fermeté des principes, la constance stratégique et l’intelligence des réseaux.
C’est aussi un appel à toute la classe politique marocaine : l’unité nationale se défend sur tous les fronts, y compris sur les bancs des partis frères à l’étranger.
C’est aussi un appel à toute la classe politique marocaine : l’unité nationale se défend sur tous les fronts, y compris sur les bancs des partis frères à l’étranger.