Dans sa note hebdomadaire couvrant la période du 15 au 19 décembre, Attijari Global Research, pôle d’analyse d’Attijariwafa bank, confirme ses scénarios de change. L’institution table sur une progression modérée du dollar face au dirham, avec des niveaux cibles de 9,26 dirhams à un et deux mois, puis 9,31 dirhams à l’horizon de trois mois. À titre de comparaison, le cours spot s’établissait autour de 9,17 dirhams au moment de la publication.
 

L’écart peut paraître limité. Il ne l’est pas pour les opérateurs. Sur le marché marocain, où la bande de fluctuation encadrée par Bank Al-Maghrib impose une certaine discipline, quelques centimes de variation suffisent à modifier les stratégies de couverture des importateurs, des exportateurs ou des trésoriers d’entreprise.

Cette projection repose avant tout sur l’évolution attendue de la parité euro/dollar, un déterminant clé du taux de change dollar/dirham dans le régime actuel. AGR intègre dans son analyse un contexte de resserrement progressif des conditions de liquidité sur le marché des changes, dans un environnement international encore marqué par des politiques monétaires prudentes.
 

Dans le même temps, l’euro n’est pas en reste. AGR anticipe une hausse modérée de la monnaie européenne face au dirham, avec une parité EUR/MAD estimée à 10,88 à court terme et 10,94 à trois mois. Là encore, il ne s’agit pas d’un retournement brutal, mais d’un ajustement graduel, cohérent avec les mouvements observés sur les grandes devises.

Ce qui frappe dans la note d’AGR, c’est le ton mesuré. Pas de paris excessifs, pas de projections spectaculaires. Une approche presque conservatrice, assumée. « Le marché des changes n’aime ni les certitudes absolues ni les effets d’annonce », confiait récemment un cambiste casablancais, rappelant que la visibilité reste limitée dans un monde où les chocs exogènes peuvent rapidement rebattre les cartes.
 

Pour les acteurs économiques marocains, ces prévisions constituent avant tout un repère. Elles permettent d’anticiper les coûts d’importation, d’ajuster les prix de revient ou de calibrer des stratégies de couverture, sans céder à la tentation de la spéculation.

Il faut enfin rappeler que l’évolution du dollar/dirham s’inscrit dans un cadre institutionnel précis. Le régime de change flexible mais encadré du Maroc continue de jouer un rôle amortisseur, limitant les mouvements erratiques tout en laissant une marge d’ajustement progressive. Dans ce contexte, les projections d’AGR s’inscrivent dans une logique de continuité plutôt que de rupture.

Au final, le message est clair : ni emballement ni inquiétude excessive. Pour les prochains mois, le dollar devrait gagner légèrement du terrain face au dirham, tandis que l’euro suivrait une trajectoire tout aussi mesurée. Une stabilité relative, précieuse dans un environnement mondial encore sous tension, et qui confirme que, sur le marché des changes marocain, la prudence reste une valeur sûre.