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Donald le fou, Donald le sage




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Donald le fou, Donald le sage
Pour faire la paix, comme pour faire la guerre, il faut des sages et il faut aussi des fous. Donald Trump, dont on savait que la fin de règne allait être mouvementée et qu’il allait se débattre jusqu’au bout, plus par rejet quasi-génétique de la défaite que par soif du pouvoir, fait incontestablement partie de la deuxième catégorie. Mais au-delà du portrait guignolesque surjoué dont il s’est lui-même affublé et dont les médias ont par la suite grossi le trait, cet homme est l’incarnation vivante de la théorie du « Chaos créateur » de Georges Friedman. 

Sous son mandat à la tête de la puissante Amérique, le monde a stressé, tremblé et retenu son souffle par crainte d’éventuelles réactions incontrôlées d’un milliardaire extravagant et fantasque qui détenait, tout de même, les codes de tirs nucléaires. L’Histoire retiendra pourtant que sa Présidence fut l’une des moins belliqueuses qu’ait connue l’Amérique en trois siècles ou presque de régime républicain. Après le retrait des troupes de GI des principales poches de tensions où elles étaient positionnées à travers le monde, et entre les frappes et les interventions militaires  sporadiques menées sous couvert de la lutte contre le terrorisme et surtout pour l’apprivoisement du très farouche régime des Ayatollahs d’Iran, Donald Trump s’en est allé discutailler paix avec son homologue et non moins fou, Kim Jong-un. En vain certes, mais on lui reconnaîtra qu’il aura essayé. 

Au Moyen-Orient et malgré l’impair qu’il a commis envers les Palestiniens et l’ensemble du monde arabo-musulman en déplaçant l’ambassade de son pays vers Al Quds Acharif, on se souviendra de son insistance pour dissiper la mésentente entre pays du Golfe en vue de former un bloc étanche face aux visées expansionnistes de l’Iran. Insistance qui s’est soldée cette semaine par l’organisation du sommet d’Al-Ula en Arabie-Saoudite à l’issue duquel la hache de guerre a été enterrée entre Qataris, d’une part, et Saoudiens et Emiratis, de l’autre. 

Plus proche de nous, au Maroc, on se souviendra qu’il aura fallu toute la fantaisie, la hardiesse et la spontanéité de cet homme pour reconnaître une évidence : la souveraineté du Maroc sur son Sahara à propos de laquelle ses prédécesseurs ont longtemps tergiversé. Comme quoi, même dans la folie, subsiste parfois une part de sagesse et de justesse.

Rédigé par Majd EL ATOUABI le Jeudi 7 Janvier 2021 sur https://lopinion.ma


Mercredi 13 Janvier 2021