Ce modèle s’est désormais ancré au cœur de l’écosystème numérique mondial, porté par les réseaux sociaux, personnels comme professionnels.
Conçues pour maximiser l’engagement, ces plateformes récompensent la surenchère émotionnelle et la diffusion continue de contenus, favorisant une logique de saturation permanente. Or, il est essentiel de rappeler que ce qui circule sur ces réseaux n’est pas de l’information, mais une matière première composée de données hétérogènes : textes, images, vidéos, sons, réactions, fragments de conversations. Une donnée, en elle-même, n’a ni sens ni valeur décisionnelle.
Ce n’est que lorsqu’elle est interprétée, contextualisée et vérifiée, dans un cadre temporel et cognitif précis, qu’elle devient information, c’est-à-dire un savoir mobilisable pour comprendre ou agir. La confusion entre donnée brute et information interprétée produit aujourd’hui un emballement collectif, où l’émotion supplante la raison et où la vitesse du partage prime sur la compréhension du fond.
Ce n’est que lorsqu’elle est interprétée, contextualisée et vérifiée, dans un cadre temporel et cognitif précis, qu’elle devient information, c’est-à-dire un savoir mobilisable pour comprendre ou agir. La confusion entre donnée brute et information interprétée produit aujourd’hui un emballement collectif, où l’émotion supplante la raison et où la vitesse du partage prime sur la compréhension du fond.
L’exemple du dernier mouvement de la génération Z au Maroc en offre une illustration frappante.
Porté par la spontanéité et la réactivité de cette jeunesse connectée, le mouvement a trouvé dans les réseaux sociaux un formidable amplificateur, mais aussi un miroir déformant. Des extraits, des images et des phrases isolées ont circulé à grande vitesse, souvent hors de leur contexte initial, transformant des éléments partiels en vérités perçues. Cette dynamique montre combien la matière numérique, sans médiation interprétative, peut alimenter à la fois l’indignation, la confusion et la récupération.
Même les réseaux dits « professionnels » n’échappent pas à ce phénomène. Sous couvert de débats d’idées, ils deviennent parfois des espaces d’influence et de communication instrumentalisée, où l’autopromotion et la mise en scène remplacent la réflexion collective. Le résultat est un environnement où tout semble urgent, mais où plus rien ne fait sens, car les cadres d’analyse s’effacent derrière le flux.
Même les réseaux dits « professionnels » n’échappent pas à ce phénomène. Sous couvert de débats d’idées, ils deviennent parfois des espaces d’influence et de communication instrumentalisée, où l’autopromotion et la mise en scène remplacent la réflexion collective. Le résultat est un environnement où tout semble urgent, mais où plus rien ne fait sens, car les cadres d’analyse s’effacent derrière le flux.
Face à cela, la réponse ne peut être purement technologique.
Elle doit être pédagogique, cognitive et culturelle. Il faut réhabiliter la lenteur, la vérification et le discernement ; former les jeunes générations à distinguer entre donnée et information ; promouvoir des espaces numériques où la qualité prime sur la quantité ; et replacer l’éducation informationnelle et la souveraineté cognitive au cœur des politiques publiques.
Car la souveraineté numérique n’a de sens que si elle s’appuie sur une souveraineté intellectuelle et culturelle, capable d’interpréter, de hiérarchiser et de comprendre avant d’agir. Le véritable enjeu n’est pas technologique : il est civilisationnel. Il s’agit d’apprendre à penser dans un monde saturé de données.
Par Dr Az-Eddine Bennani
Car la souveraineté numérique n’a de sens que si elle s’appuie sur une souveraineté intellectuelle et culturelle, capable d’interpréter, de hiérarchiser et de comprendre avant d’agir. Le véritable enjeu n’est pas technologique : il est civilisationnel. Il s’agit d’apprendre à penser dans un monde saturé de données.
Par Dr Az-Eddine Bennani