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Du Maroc insulaire et des Anglo-saxons


Rédigé par le Dimanche 21 Mars 2021

« Le Maroc est une île et les Marocains doivent se comporter comme une population insulaire » avait soutenu l’historien Abdallah Laroui. L’actualité présente ne fait que lui donner raison. Le destin des Marocains est de naviguer sur les océans d’eau et de sable qui les cernent pour élargir leurs horizons.



Trois jours de moins pour atteindre le Royaume uni
Trois jours de moins pour atteindre le Royaume uni
La nouvelle de l’ouverture prochaine d’une liaison maritime entre les ports de Tanger et de Poole, dans le sud-est du Royaume uni, n’a pas suscité grande attention.

La mise en place d’une telle connexion représenterait, cependant, un évènement marquant. Surtout après l’entrée en vigueur de l’accord d’association entre le Maroc et le Royaume uni, le 1er janvier de cette année.

Nouvel horizon

Il y a d’abord la réduction du trajet effectué par les produits marocains pour atteindre le marché britannique, qui est actuellement de 6 jours par camions et qui sera ramené à 3 jours par bateaux.

Il existe également l’opportunité d’augmenter le flux des exportations marocaines vers ce marché qui se cherche des fournisseurs alternatifs, maintenant que le Royaume uni a quitté l’Union européenne.

Ces avantages commerciaux indéniables mis à part, c’est l’esprit même de ce rapprochement maroco-britannique qu’il est intéressant de relever.

Après avoir largué les amarres avec Bruxelles, Londres a repris le large et redéploye ses relations extérieures en fonction de sa nouvelle situation.

Espaces lisses

La frégate Mohammed VI, navire amiral de la Marine Royale
La frégate Mohammed VI, navire amiral de la Marine Royale
Pour Rabat, le virage anglo-saxon devient de plus en plus évident. A ses relations renouvelées avec le Royaume uni, il faut ajouter le renforcement de son partenariat stratégique avec les Etats-Unis.

Suite à la reconnaissance par cette dernière de la marocanité du Sahara, les marines américaines et marocaines ont manœuvrée ensemble durant la 1ère semaine de mars, l’exercice Lightning Handshake 2021.

L’élargissement de la vision géopolitique du Maroc des espaces striés, dans le contexte des tensions vécues sur ses frontières terrestres, aux espaces lisses, avec toutes les possibilités offertes par les étendues océaniques, constitue une révolution silencieuse pourtant déterminante pour l’avenir du royaume.

Historiquement, la marine militaire marocaine a toujours été essentiellement côtière, mais avec l’extension de son domaine maritime et les richesses minières dont regorge sa zone économique exclusive, renforcer la flotte de haute mer du Maroc est une démarche nécessaire qu’il a déjà engagée.


Commerce maritime

Mais c’est surtout au niveau des infrastructures portuaires pour booster ses échanges commerciaux que le Maroc a franchi un grand pas avec Tanger-Med et Nador-West, sur ses côtes méditerranéennes. Il est aussi projeté de doter Dakhla d’un port de plus grande envergure que l’actuel.

Avant que les FAR ne sécurisent le passage frontalier de Guergarat, entre le Maroc et la Mauritanie, le 13 novembre 2020, c’était, alors, par bateaux que le marché du pays voisin du sud a été approvisionné en produits alimentaires, quand les brigands polisariens rançonnaient les camionneurs.

Ce n’est d’ailleurs pas étranger à cette crise que l’armée mauritanienne a organisé, récemment, des manœuvres militaires sur ses frontières nord, plus exactement dans la Wilaya de Tiris-Zemour, l’exercice Zemour II, les plus importantes menées à balles réelles.

Sud sécurisé

Le Maroc, un littoral de 3.500 kms
Le Maroc, un littoral de 3.500 kms
Les voisins du sud ne sont pas dupes. Ni désarmés, non plus. Ils savent très bien que le Mur des FAR prolongé de 50 kms à Touizgui, dans la province d’Assa-Zag, ne laisse d’autres choix aux miliciens séparatistes que de passer par le nord de leur pays pour tenter de poursuivre leurs hostilités contre le Maroc.

Le message adressé par Nouakchott aux polisariens à travers ces manœuvres militaires est évident : la solidarité ‘bidane’ s’arrête là ou commencent les assiettes à remplir des Mauritaniens.

Le projet de gazoduc Nigéria-Maroc, qui va traverser le territoire du voisin du Sud, est également présent dans les esprits. Alors se sera ‘No passeran’ pour les polisariens.

Changer de vision

Quand on voit la mesquinerie avec laquelle se sont comportés les autorités algériennes dans l’affaire de l’Oasis d’El Arja, à proximité de Figuig, quand on entend l’appel de l’islamiste tunisien Rached Ghannouchi à un Maghreb amputé du Maroc et de la Mauritanie, on est bien obligé d’admettre qu’à l’Est, il n’y a pas grand-chose à espérer.

Ce n’est peut être pas sans un arrière fond culturel que les Marocains parviennent développer des relations de plus en plus poussées avec les Anglo-saxons. Entre peuples insulaires, on s’entend parfaitement.




Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Dimanche 21 Mars 2021