Argent, éthique et emploi : le triptyque d’un redressement durable
Premier pilier : le pouvoir du consommateur organisé. La « consommation citoyenne » n’est pas un geste symbolique ; c’est un instrument de re-tarification des risques (réputationnels, juridiques, commerciaux) pour les entreprises. Une campagne de boycott isolée est fragile ; une stratégie d’achat informée, continue et traçable devient une variable de pilotage. Elle déplace l’investissement, influence les politiques de conformité, et réinscrit l’éthique dans la fonction coût. Sa faiblesse actuelle tient moins à l’outil qu’à la coordination, à la donnée et à la persévérance.
Deuxième pilier : corriger la grande dissonance entre croissance et emploi. Les mégaprojets densifient le capital fixe et modernisent les infrastructures, mais leur élasticité à l’emploi reste limitée. Tant que la barrière d’entrée à l’entrepreneuriat demeure élevée — procédures lourdes, capital patient rare, commande publique peu inclusive —, nous continuerons d’afficher des points de PIB sans absorber les cohortes de jeunes actifs. La solution est concrète : simplification radicale des démarches, délais garantis, règlement des factures publiques à 30 jours, quotas d’achats réservés aux PME, et fonds d’amorçage locaux capables de prendre du risque réel plutôt que d’empiler la dette.
Troisième pilier : mettre fin à l’ambiguïté financière. Opposer « banque participative » et « banque classique » par le seul prisme du taux est un contresens. La question n’est pas le prix, mais le contrat : qui porte le risque, à quel moment se transfère la propriété, comment se répartissent garanties et incertitudes ? Une finance alignée sur des principes de partage (musharaka, mudaraba, salam, istisna‘) reconnecte le rendement à l’activité réelle et réduit la prolifération de dettes stériles. Oui, certaines pratiques participatives doivent être mieux encadrées (promesses excessivement « fermes », exécutions trop « documentaires ») ; mais le remède n’est pas de renoncer, c’est d’élargir l’offre au-delà de la seule murabaha et d’industrialiser des produits d’investissement qui coproduisent de la valeur plutôt que de la transférer.
Deuxième pilier : corriger la grande dissonance entre croissance et emploi. Les mégaprojets densifient le capital fixe et modernisent les infrastructures, mais leur élasticité à l’emploi reste limitée. Tant que la barrière d’entrée à l’entrepreneuriat demeure élevée — procédures lourdes, capital patient rare, commande publique peu inclusive —, nous continuerons d’afficher des points de PIB sans absorber les cohortes de jeunes actifs. La solution est concrète : simplification radicale des démarches, délais garantis, règlement des factures publiques à 30 jours, quotas d’achats réservés aux PME, et fonds d’amorçage locaux capables de prendre du risque réel plutôt que d’empiler la dette.
Troisième pilier : mettre fin à l’ambiguïté financière. Opposer « banque participative » et « banque classique » par le seul prisme du taux est un contresens. La question n’est pas le prix, mais le contrat : qui porte le risque, à quel moment se transfère la propriété, comment se répartissent garanties et incertitudes ? Une finance alignée sur des principes de partage (musharaka, mudaraba, salam, istisna‘) reconnecte le rendement à l’activité réelle et réduit la prolifération de dettes stériles. Oui, certaines pratiques participatives doivent être mieux encadrées (promesses excessivement « fermes », exécutions trop « documentaires ») ; mais le remède n’est pas de renoncer, c’est d’élargir l’offre au-delà de la seule murabaha et d’industrialiser des produits d’investissement qui coproduisent de la valeur plutôt que de la transférer.
Croître sans trahir : pour une économie du risque partagé..
Quatrième pilier : remettre le risque spéculatif à sa place. L’attrait pour les cryptomonnaies et le « trading » de court terme traduit moins une culture d’investissement qu’une tentation de revenu instantané. Or ces pratiques drainent l’épargne vers des jeux à somme nulle, sans chaîne de valeur, avec une asymétrie d’information massive. L’éducation financière doit faire préférer la création (commerce, production, services exportables) à la volatilité ; c’est une politique de compétitivité autant qu’une politique sociale.
Cinquième pilier : penser démographie et droit privé comme variables économiques. Un taux de fécondité sous le seuil de renouvellement annonce des tensions futures sur retraites, innovation et productivité. De l’autre côté, des réformes familiales qui, par inadvertance, mutualisent les dettes plutôt que les projets, renchérissent le coût d’entrée dans la vie active et incitent à l’endettement. Il faut soutenir l’équilibre : sécuriser le logement et la parentalité, éviter les dispositifs qui transforment la cellule familiale en caution universelle au service de produits de crédit, et favoriser l’épargne longue orientée vers l’investissement productif.
Au total, l’économie que nous voulons suppose une boussole simple : la croissance comme résultat d’un contrat social crédible. Ce contrat repose sur trois mécanismes :
(1) la traçabilité des flux (pour que le citoyen sache ce qu’il finance)
(2) le partage du risque (pour que le rendement soit la rémunération d’un effort, non d’un privilège)
(3) l’exécution rapide et prévisible des règles (pour que l’initiative soit récompensée et la rente découragée). Alors, les mots « éthique », « efficacité » et « attractivité » cesseront d’être en concurrence.
Cinquième pilier : penser démographie et droit privé comme variables économiques. Un taux de fécondité sous le seuil de renouvellement annonce des tensions futures sur retraites, innovation et productivité. De l’autre côté, des réformes familiales qui, par inadvertance, mutualisent les dettes plutôt que les projets, renchérissent le coût d’entrée dans la vie active et incitent à l’endettement. Il faut soutenir l’équilibre : sécuriser le logement et la parentalité, éviter les dispositifs qui transforment la cellule familiale en caution universelle au service de produits de crédit, et favoriser l’épargne longue orientée vers l’investissement productif.
Au total, l’économie que nous voulons suppose une boussole simple : la croissance comme résultat d’un contrat social crédible. Ce contrat repose sur trois mécanismes :
(1) la traçabilité des flux (pour que le citoyen sache ce qu’il finance)
(2) le partage du risque (pour que le rendement soit la rémunération d’un effort, non d’un privilège)
(3) l’exécution rapide et prévisible des règles (pour que l’initiative soit récompensée et la rente découragée). Alors, les mots « éthique », « efficacité » et « attractivité » cesseront d’être en concurrence.
Nous ne sommes pas condamnés au dilemme entre pureté impraticable et pragmatisme cynique. Il existe un chemin de réalisme exigeant : consommer en conscience, financer ce qui produit, réformer les contrats plutôt que les slogans, et rappeler que la confiance — matière première de toute monnaie, de tout marché, de toute politique — se gagne là où l’on aligne le discours, les règles et les incitations. C’est à cette condition que l’économie redeviendra un bien commun.


