Selon l’édition 2025 de l’Indice mondial de l’écart entre les genres (Global Gender Gap), publié par le Forum économique mondial, le Royaume stagne à la 137e place sur 148 pays, avec un score inchangé de 0,628 par rapport à 2024. Ce classement illustre un progrès partiel : si la parité scolaire est quasiment atteinte, les Marocaines continuent de subir de profondes inégalités dans les sphères économique, politique et sociale.
Une participation économique marginalisée
Le marché du travail reste l’un des principaux foyers d’inégalité. Le Maroc y occupe le 143e rang mondial, révélant une très faible participation des femmes : seules 2,42 millions sont actives, contre 8,42 millions d’hommes. L’écart de participation atteint près de 50 points de pourcentage, et le chômage frappe plus durement les femmes (17,81%) que les hommes (10,69%).
La précarité touche également davantage les femmes, dont près de la moitié occupent des emplois à temps partiel (45,52%), contre seulement 14,60% pour les hommes. Leur accès aux postes à responsabilité reste marginal : 5,4% des entreprises comptent des femmes dans leur top management, et seulement 0,7% sont dirigées majoritairement par des femmes.
Même si le Maroc se classe 82e en matière d’égalité salariale à poste équivalent, l’écart de revenu annuel estimé entre les sexes dépasse les 11.000 dollars.
Des progrès éducatifs freinent sans transformation sociale
L’éducation est le seul domaine où la parité semble effective. Les taux d’inscription au primaire et à l’enseignement supérieur sont désormais équivalents entre filles et garçons, ce qui a permis au Maroc de gagner quatre places dans ce domaine. Cependant, des écarts subsistent en matière d’alphabétisation, avec un retard de 17 points pour les femmes, et dans l’orientation académique : les filles restent peu représentées dans les filières scientifiques et technologiques (STEM), pourtant stratégiques pour l’emploi.
Représentation politique et droits fondamentaux : un recul inquiétant
Sur le plan politique, le Maroc perd six places en un an et se positionne à la 91e place mondiale. La représentation féminine au Parlement reste faible : seulement 11,67% à la Chambre des conseillers, et 26,3% de femmes dans le gouvernement, malgré une légère amélioration par rapport aux standards régionaux.
Le domaine de la santé et des droits fondamentaux suscite également des inquiétudes. Le pays chute à la 136e position mondiale sur cet axe. Le rapport révèle que 46% des femmes ont été exposées à des violences de genre.
Si l’égalité semble respectée en matière d’accès à la justice, aux services financiers et à la mobilité, les discriminations persistent dans plusieurs pans du droit, notamment en matière de succession. Ces inégalités structurelles soulignent l’urgence d’adopter des politiques transversales et ambitieuses pour combler durablement les écarts entre les sexes.