Par Saïd Temsamani
Le discours royal prononcé à l’occasion du 26ᵉ anniversaire de la Fête du Trône ne s’est pas contenté de rappeler l’échéance électorale de 2026. Il a fixé un cap, clarifié l’agenda et, surtout, redéfini l’enjeu : les élections ne sont pas une mécanique de répartition des sièges, mais un moment de vérité, une épreuve de responsabilité collective, une opportunité rare de refonder la confiance entre les citoyens et leurs institutions.
Avec une fermeté dénuée d’ambiguïté, le Roi Mohammed VI a insisté sur la tenue des législatives à leur date constitutionnelle, sur la nécessité de disposer avant la fin de l’année d’un cadre juridique clair et stabilisé, et sur l’ouverture immédiate de consultations entre le ministère de l’Intérieur et l’ensemble des formations politiques. Quelques jours à peine après le discours, deux réunions successives réunissaient le ministre et les dirigeants des partis, dans un climat qualifié de « constructif ». Les formations ont désormais jusqu’à la fin août pour soumettre leurs propositions sur l’architecture législative et réglementaire du scrutin, afin qu’elles soient examinées lors de la session parlementaire d’automne.
Avec une fermeté dénuée d’ambiguïté, le Roi Mohammed VI a insisté sur la tenue des législatives à leur date constitutionnelle, sur la nécessité de disposer avant la fin de l’année d’un cadre juridique clair et stabilisé, et sur l’ouverture immédiate de consultations entre le ministère de l’Intérieur et l’ensemble des formations politiques. Quelques jours à peine après le discours, deux réunions successives réunissaient le ministre et les dirigeants des partis, dans un climat qualifié de « constructif ». Les formations ont désormais jusqu’à la fin août pour soumettre leurs propositions sur l’architecture législative et réglementaire du scrutin, afin qu’elles soient examinées lors de la session parlementaire d’automne.
Du rendez-vous procédural à la séquence fondatrice
Ce qui se joue dépasse de loin le simple calendrier électoral. Il s’agit d’un basculement de perspective : passer d’une approche purement procédurale à une conception fondatrice des élections comme levier d’assainissement politique, de moralisation de la vie publique et de réhabilitation de l’éthique de responsabilité.
En filigrane, le message royal est limpide : la politique marocaine doit se départir des réflexes de court terme et des calculs partisans étroits, pour redevenir un espace d’engagement sincère au service de l’intérêt général.
En filigrane, le message royal est limpide : la politique marocaine doit se départir des réflexes de court terme et des calculs partisans étroits, pour redevenir un espace d’engagement sincère au service de l’intérêt général.
La moralisation, colonne vertébrale de la réforme
Cette vision s’inscrit dans la continuité de la lettre royale adressée, en janvier 2024, au colloque national marquant le 60ᵉ anniversaire de la création du Parlement. On y retrouve des priorités claires : adoption d’un code de déontologie parlementaire à valeur contraignante, élévation du niveau des élites politiques, élargissement de la participation des femmes et des jeunes, harmonisation entre démocratie représentative et participative.
L’idée est simple, mais exigeante : sans intégrité, compétence et sens du devoir, aucun texte ne suffira à redonner vigueur à la démocratie. Les maux sont connus – clientélisme, usage abusif de l’argent, opportunisme, insuffisance de compétence – et minent la crédibilité du système.
L’idée est simple, mais exigeante : sans intégrité, compétence et sens du devoir, aucun texte ne suffira à redonner vigueur à la démocratie. Les maux sont connus – clientélisme, usage abusif de l’argent, opportunisme, insuffisance de compétence – et minent la crédibilité du système.
Les partis au pied du mur
Les consultations en cours placent les partis devant un choix stratégique. Soit ils s’enferment dans des revendications corporatistes et une logique de positionnement électoral, soit ils saisissent cette fenêtre historique pour formuler de véritables propositions de réforme : transparence totale du financement politique, contrôle rigoureux des dépenses de campagne, critères de candidature exigeants, redécoupage électoral rationnel, et adoption d’une charte éthique interdisant la diffamation et les alliances opportunistes.
Vers un nouveau contrat démocratique
La dynamique actuelle ouvre la voie à un contrat démocratique renouvelé, conciliant stabilité politique et ouverture institutionnelle, pluralisme et efficacité, représentativité et reddition des comptes. Mais un tel contrat ne peut être décrété d’en haut : il requiert une élévation collective du niveau de conscience civique, dans laquelle partis, société civile et citoyens admettent que la politique n’est pas une chasse au butin, mais un chantier permanent au service du bien commun.
Un moment rare qu’il ne faut pas manquer
L’après-discours du Trône ne ressemblera pas à l’avant. Le Maroc se trouve à l’un de ces tournants rares où la maturité démocratique se mesure à l’aune de l’éthique et de la responsabilité. Le signal envoyé est clair : pas de démocratie solide sans moralité publique, pas d’institutions fortes sans confiance, pas d’élections crédibles sans partis dignes de ce nom.
Les occasions de ce type ne se présentent pas deux fois. Saisissons-la pour écrire la page d’un Maroc politique assaini, efficace et digne de ses citoyens — ou manquons-la, et condamnons-nous à reproduire les mêmes travers qui ont usé la confiance et atrophié la participation.
Les occasions de ce type ne se présentent pas deux fois. Saisissons-la pour écrire la page d’un Maroc politique assaini, efficace et digne de ses citoyens — ou manquons-la, et condamnons-nous à reproduire les mêmes travers qui ont usé la confiance et atrophié la participation.