De Zagora aux cimes européennes : le destin d’un autodidacte
Elhousine Elazzaoui
Il est né dans le sud aride du Maroc, à Zagora, là où les dunes tutoient les rêves des enfants. Elhousine Elazzaoui, discret, humble, presque invisible aux yeux des siens, a pourtant conquis l’un des mondes les plus exigeants de l’athlétisme : celui du trail et du skyrunning international. Mais dans son propre pays, ce nom ne dit rien ou presque à personne.
À 14 ans, il participe par hasard à une course organisée sur le marché de sa ville. Il gagne. Et puis... rien. Pas de recruteur, pas d'encadrement, pas de suivi. À l’image de beaucoup de talents marocains, son destin aurait pu s’arrêter là, dans l’oubli des pistes poussiéreuses du Sud. Mais le hasard – et l’amour – vont changer la donne.
À 14 ans, il participe par hasard à une course organisée sur le marché de sa ville. Il gagne. Et puis... rien. Pas de recruteur, pas d'encadrement, pas de suivi. À l’image de beaucoup de talents marocains, son destin aurait pu s’arrêter là, dans l’oubli des pistes poussiéreuses du Sud. Mais le hasard – et l’amour – vont changer la donne.
Une trajectoire qui débute loin des projecteurs
Alors qu’il travaille dans l’agence de voyages de son frère, Elazzaoui croise la route d’une touriste suisse. Une rencontre décisive. En 2016, il s’installe dans le canton du Tessin. C’est en Suisse que son destin athlétique s’écrit. Sans encadrement fédéral, sans soutien ministériel, sans bourse marocaine. Seulement une volonté brute, et une compagne qui croit en lui.
Il découvre le trail, cette discipline extrême où se mêlent endurance, technique et dénivelés vertigineux. En 2018, il remporte déjà le 80 km de la Morocco Race, un clin d’œil à son pays d’origine. Mais il faudra attendre son triomphe au Swiss Alpine Marathon en 2021, gagné avec plus de dix minutes d’avance, pour que les regards se tournent vers ce coureur atypique.
Il découvre le trail, cette discipline extrême où se mêlent endurance, technique et dénivelés vertigineux. En 2018, il remporte déjà le 80 km de la Morocco Race, un clin d’œil à son pays d’origine. Mais il faudra attendre son triomphe au Swiss Alpine Marathon en 2021, gagné avec plus de dix minutes d’avance, pour que les regards se tournent vers ce coureur atypique.
Des performances de haut niveau, année après année
L’année 2019 marque son entrée dans le cercle très fermé du skyrunning. Il bat des records, rivalise avec les meilleurs, et monte sur les podiums en Italie, en Suisse, en Espagne. Mais souvent, les classements l’ignorent. Pourquoi ? Parce qu’il est marocain, donc non-éligible aux titres européens.
En 2022, il brille dans les prestigieuses Golden Trail World Series : deuxième au classement général, il finit devant les stars françaises et espagnoles. Il est même rétroactivement déclaré vainqueur du marathon de la Jungfrau après la disqualification pour dopage du premier. Pourtant, pas un mot dans la presse sportive nationale. Pas une ligne sur les comptes officiels du ministère.
En 2022, il brille dans les prestigieuses Golden Trail World Series : deuxième au classement général, il finit devant les stars françaises et espagnoles. Il est même rétroactivement déclaré vainqueur du marathon de la Jungfrau après la disqualification pour dopage du premier. Pourtant, pas un mot dans la presse sportive nationale. Pas une ligne sur les comptes officiels du ministère.
Une année 2023-2024 exceptionnelle… dans le silence
En 2023, il frôle la victoire à Zegama, puis s’impose avec brio sur la DoloMyths Run. En 2024, il multiplie les exploits : deuxième au Giro Media Blenio face aux cadors éthiopiens, vainqueur du marathon du Mont-Blanc, et surtout, une domination totale sur les épreuves américaines de la Golden Trail.
Il remporte la finale à Ascona-Locarno, sur ses propres terres d’entraînement. Avec un score parfait de mille points, Elazzaoui entre dans l’histoire. Lui, le fils de Zagora, le nomade devenu roi des montagnes, porte haut les couleurs d’un pays qui ne le reconnaît pas.
Il remporte la finale à Ascona-Locarno, sur ses propres terres d’entraînement. Avec un score parfait de mille points, Elazzaoui entre dans l’histoire. Lui, le fils de Zagora, le nomade devenu roi des montagnes, porte haut les couleurs d’un pays qui ne le reconnaît pas.
Pourquoi ce silence autour de lui ?
La question dérange, mais elle est légitime. Pourquoi un tel vide médiatique autour de cet athlète exceptionnel ? Manque de médiatisation du trail au Maroc ? Méconnaissance des disciplines outdoor ? Ou simple indifférence institutionnelle ? "Je cours pour moi, pour ma liberté, pas pour la gloire", disait-il un jour dans une interview confidentielle.
Mais derrière cette modestie, se cache une réalité plus dure : le Maroc consacre plus d’énergie à célébrer ses boxeurs amateurs ou ses espoirs du foot qu’à reconnaître un champion mondial de trail. Même la Fédération Royale d’Athlétisme, pourtant en quête de nouveaux modèles, semble passer à côté de ce joyau brut.
Mais derrière cette modestie, se cache une réalité plus dure : le Maroc consacre plus d’énergie à célébrer ses boxeurs amateurs ou ses espoirs du foot qu’à reconnaître un champion mondial de trail. Même la Fédération Royale d’Athlétisme, pourtant en quête de nouveaux modèles, semble passer à côté de ce joyau brut.
L’avenir : encore plus haut, encore plus fort ?
Aujourd’hui, à bientôt 30 ans, Elazzaoui n’a rien perdu de sa fougue. Il enchaîne les victoires, les records et les exploits. Son style offensif, sa capacité à doser ses efforts, et sa maîtrise technique en descente font de lui l’un des plus redoutés du circuit.
Il n’est ni une étoile filante, ni un produit marketing. Il est l’anti-héros parfait d’un sport dur, exigeant, injustement négligé. Si la France avait eu un Elazzaoui, il aurait déjà été décoré. Si la Suisse l’avait adopté, il aurait eu un documentaire. Le Maroc, lui, l’ignore.
Il est des champions dont on découvre l’existence par accident. Elhousine Elazzaoui est de ceux-là. Loin des feux médiatiques, il incarne une génération de talents sans projecteur, de héros sans médaille dorée autour du cou, de Marocains brillants qui attendent autre chose qu’un tweet de circonstance.
Ce n’est pas seulement son palmarès qui interpelle, c’est l’indifférence dans laquelle il est plongé. Le trail est une discipline noble, et Elazzaoui en est aujourd’hui l’un des meilleurs ambassadeurs. Espérons que les médias, les sponsors et les institutions sportives marocaines ouvriront enfin les yeux. Avant qu’il ne soit trop tard.
Il n’est ni une étoile filante, ni un produit marketing. Il est l’anti-héros parfait d’un sport dur, exigeant, injustement négligé. Si la France avait eu un Elazzaoui, il aurait déjà été décoré. Si la Suisse l’avait adopté, il aurait eu un documentaire. Le Maroc, lui, l’ignore.
Il est des champions dont on découvre l’existence par accident. Elhousine Elazzaoui est de ceux-là. Loin des feux médiatiques, il incarne une génération de talents sans projecteur, de héros sans médaille dorée autour du cou, de Marocains brillants qui attendent autre chose qu’un tweet de circonstance.
Ce n’est pas seulement son palmarès qui interpelle, c’est l’indifférence dans laquelle il est plongé. Le trail est une discipline noble, et Elazzaoui en est aujourd’hui l’un des meilleurs ambassadeurs. Espérons que les médias, les sponsors et les institutions sportives marocaines ouvriront enfin les yeux. Avant qu’il ne soit trop tard.