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Emancipation des femmes marocaines : Interview avec Houda, la fondatrice de "Bent Darhoum"


Rédigé par le Mercredi 8 Mars 2023

Aujourd'hui, nous célébrons la Journée Internationale des Femmes, une journée qui commémore la lutte pour les droits des femmes et leur émancipation, et à la sensibilisation aux défis auxquels elles sont confrontées dans le monde entier.
Pour marquer cette occasion, nous avons eu l'opportunité de discuter avec Houda, la fondatrice inspirante de la plateforme Instagram ‘Bent Darhoum’, une plateforme féministe pour les femmes marocaines.
Cette plateforme a été créée pour donner une voix aux femmes marocaines, pour les aider à briser les stéréotypes de genre au Maroc et les soutenir dans leur lutte pour l'égalité des sexes. Dans cette interview, nous allons explorer les défis et les opportunités qui se présentent aux femmes marocaines et comment la plateforme cherche à les soutenir dans leur lutte pour l'égalité des sexes.



Houda est la fondatrice de "Bent Darhoum, une plateforme féministe dédiée aux femmes marocaines.

Emancipation des femmes marocaines : Interview avec Houda, la fondatrice de "Bent Darhoum"
  •  Pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?
Je m’appelle Houda, j’ai 26 ans, je suis née et j’ai grandi au Maroc, et je suis la fondatrice de ‘bent darhoum’, qui est une page instagram qui a pour but de promouvoir l’empowerment des femmes marocaines en général et de leur accorder une représentation digitale.
 
  • Quand avez-vous créé votre page instagram ? Et c'était quoi votre but au début ?
J’ai créé ma page instagram en 2019, parce qu’à l’époque il n’y avait pas de représentation féministe sur les réseaux sociaux. Donc si on avait envie d’avoir accès à du contenu féministe il fallait lire des livres et regarder des interviews, des conférences de femmes féministes connues au Maroc, mais sur les réseaux, il y en avait pas à l’époque, et puis le problème pour moi et la faille était que pour avoir accès à du contenu féministe digitale, il y avait du contenu qui était principalement européen ou américain, et pour moi personnellement ça me posait problèmes parce que je ne me sentais pas forcément représentée, on a pas les mêmes luttes, on a pas les mêmes priorités, on a pas les mêmes thématiques, donc c’est des luttes qui sont complétement différentes même si bien sûr on se rejoint sur les grandes lignes, mais après il y a des spécificités locales qui ne sont pas forcément similaires et qui sont à mon avis même très différentes et donc voilà je ne me sentais pas représentée par ce contenu-là.

Donc je me disais que ça serait intéressant d’avoir un concept qui est proprement local, qui est enraciné dans l’identité et la culture marocaine et qui pourrait faire en sorte que plusieurs femmes marocaines puissent se sentir vues et entendues. Et donc pendant longtemps, j’attendais que ce concept soit créé, puis un jour je me suis dit pourquoi est-ce que je ne le ferai pas moi, je pense que j’en sais assez sur le sujet, pourquoi est-ce que je ne le ferai pas, et donc c’est à ce moment-là que j’ai créé cette page-là, et pour moi le but c’était vraiment de pouvoir faire en sorte que plusieurs femmes marocaines puissent se sentir vues et entendues, qu’elles sachent qu’elles ne sont pas seules dans leur lutte parce que c’est vrai qu’on se sent un peu isolé, si on est une femme féministe au Maroc on peut se sentir isolée, on peut se sentir seule, et mon but c’était de faire comprendre que malgré la distance qui est entre nous, dans les villes différentes dans lesquelles on vit, et bien on se comprend, on a un vécu assez similaire et voilà on est ensemble !
 
  • Que souhaitez-vous transmettre à travers votre page ?
Alors déjà pour savoir je ne suis pas seule en ce moment sur la page. Alors j’avais commencé seule, il n'y avait que moi, mais depuis le mois de décembre, il y a une nouvelle personne, Zineb qui m’a rejoint et qui crée du contenu avec moi, voilà c’est juste une petite parenthèse pour le préciser.

Et donc ce que je souhaite transmettre à travers la page, je pense qu’il y a plusieurs volets. Le premier c’est de la sensibilisation, c’est de revenir sur des questions qui sont importantes, et qui pour moi sont même assez primordiales aujourd’hui comme par exemple les violences et le harcèlement sexuel, revenir sur des lois qui sont aujourd’hui au Maroc très inégalitaires, donc revenir sur ces informations qui sont importantes et qu’on devrait tous connaître, donc il y a ce volet-là qui est de la sensibilisation.

Et puis le deuxième volet qui est très important pour moi aussi qui n’est pas forcément de la sensibilisation, mais je dirai plutôt de partager des informations sur des femmes marocaines et des icônes féministes ou des icônes tout simplement femmes. Donc ça c’est une nouvelle rubrique qu’on a mis en place depuis le mois de décembre et qui est « femme du mois », donc chaque mois on fait un profil ou un focus du coup sur une femme marocaine, ça peut être une artiste, ça peut être une femme en politique, ça peut être une figure historique, ça peut être une écrivaine, ça peut être une sportive.

Et le but c’est de pouvoir parler de ces femmes-là, c’est de pouvoir mettre en lumière leurs histoires, tout ce qu’elles ont réussi à construire et de faire en sorte qu’on les connaisse. Parce que je me suis rendue compte par exemple qu’on ne connaissait pas forcément les femmes qui ont marqué l’histoire du Maroc, y en a beaucoup, mais on ne les connaît pas parce qu’on sait tous que l’histoire supprime et efface les femmes de la mémoire collective et c’est le cas pour beaucoup de femmes marocaines qui ont pourtant marqué notre histoire.

Donc ce sont des femmes comme Malika El Fassi, Zaynab Nefzaouia, Lalla Messaouda, khnata bent bakkar, ou bien Sayyida al-Hurra. On ne les connaît pas forcément, on n'en parle pas, donc elles sont inconnues. En tout cas inconnu, je dis inconnu vis à vis de la majorité parce que bien sûr il y a des personnes qui les connaissent, mais voilà, je dirai que la plupart ne les connaît pas forcément, et donc le but c’est de pouvoir mettre en lumière l’histoire de ces femmes-là, et de faire en sorte que notre génération puisse les connaître, donc ça c’est un volet, qui pour moi est très important parce que je pense que pendant longtemps on pensait qu’on avait pas forcément de représentation féminine dans notre histoire, et c’est tout simplement faux, c’est juste qu’on ne les connaît pas et qu’on a pas fait assez d’effort pour faire en sorte qu’elles soient tout simplement plus connues.

Et puis, le dernier volet c’est la communauté, je dirai, et donc là ça rejoint ce que j’ai cité tout à l'heure le but c’est vraiment de pouvoir faire en sorte que plus de femmes marocaines puissent se sentir moins seules, qu’elles se sentent soutenues et qu’elles sentent qu’on est plusieurs dans ce combat, même si on se connait pas forcément, et bien on se comprend, on a vécu les mêmes expériences, on a le même vécu et voilà, on est ensemble.
 
  • Nous avons constaté que vous partagez des contenus traitant de la situation des femmes et filles dans la société. Et ce que les femmes interagissent avec le contenu de votre page plus que les hommes ou bien le contraire ?
Effectivement, il y a principalement des femmes qui interagissent avec mon contenu, d’ailleurs, c’est parce que mes cibles sont les femmes principalement, je n’estime pas que je fais ce que je fais parce que je veux me battre contre les mentalités, moi ce que je veux faire c’est faire en sorte que les femmes aient accès à ces informations-là, pour moi le mot parfait c’est empowerment, c’est à donner plus de pouvoir et de puissance au femmes.

Ma cible est principalement féminine parce que mon but c’est de créer une communauté avec des femmes et qu’on puisse apprendre, même moi, mois y compris j’apprends chaque jour avec les personnes de ma communauté, donc oui je dirai qu’il y a principalement des femmes, après oui, effectivement, il y a des hommes qui me suivent, il y a des hommes qui interagissent, mais c’est des sujets qui traitent la lutte pour les droits des femmes, donc effectivement, la cible est principalement féminine.
 
  • Selon vous, quel est le rôle et l’impact des réseaux sociaux et de la communication numérique dans le changement de mentalité ?
Les réseaux sociaux ont beaucoup d’impact sur la communication numérique et sur le changement de mentalité parce qu’il ne faut pas oublier que les réseaux sociaux c’est un travail de communication, donc à l’époque avant les réseaux sociaux, il y avait principalement la radio, la télé et le journal.

Aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux, on peut communiquer d’une manière qui est beaucoup plus efficace parce qu’on a beaucoup de portées, on peut cibler beaucoup plus de personnes, on peut faire en sorte que notre contenu soit vu par plus de monde.

Donc effectivement, je pense que les réseaux sociaux ont un impact énorme et il ne faut pas les sous-estimer bien au contraire. C’est un outil qui est très important aujourd’hui dans le changement des mentalités, et dans les luttes pour les droits des femmes. Alors bien sûr, on ne doit pas s'arrêter qu’aux réseaux sociaux, le travail de terrain est aujourd’hui très important, il est primordial, j’estime que même le travail des associations par exemple, c’est la base pour notre lutte.

Mais les réseaux sociaux viennent compléter le travail des associations, et je pense que nous, tout comme les associations, on se complète, et chacun a sa partie du travail qui fait qu’on peut avancer et continuer et œuvrer au changement au sein de notre société.

Et pour moi, il y a une limite chez les médias traditionnels, alors déjà il y a beaucoup de femmes activistes féministes au Maroc, qu’elles soient activistes ou écrivaines ou autres.
Le problème était que pendant très longtemps, elles dépendaient des médias, c’est à dire qu’elles avaient besoin des médias traditionnels, par exemple de la télé ou de la radio pour pouvoir atteindre plus de monde. Donc pour moi, c’était très handicapant. Parce que cette libération de la parole dépendait des autres, elle dépendait de la télé, de la radio, des personnes qui allaient inviter ces femmes-là.

Et aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux, et bien ce qu’on a, c'est qu’on a mis fin un peu à cette dictature de la pensée ou le monopole de la pensée qu’on avait avant. Aujourd'hui grâce aux réseaux sociaux, et bien on voit des pensées qui sont différentes, on voit des réflexions qui sont nouvelles, on a plus ce monopole-là, donc ce n’est plus une dictature.

Au contraire, en tant que femmes et en tant qu’activistes, et bien on a plus besoin des médias traditionnels pour nous faire entendre parce que du coup grâce aux réseaux sociaux, on peut créer nos propres médias et on peut se faire entendre. Donc je pense que les réseaux sociaux nous permettent vraiment de pouvoir être plus autonomes, de pouvoir être les gardiennes de notre voix et de notre parole et nous permettre de ne plus dépendre de personne, et pour moi, ça c’est la clé de la libération, c’est qu’on la détient qu’on a pas besoin des autres pour y arriver.
 

  • Quelles oppositions rencontrez-vous sur Instagram ? Critique d’une supposée radicalité des combats des femmes, cyber harcèlement, censure ou encore ?
Alors bien sûr les oppositions sur Instagram et sur les réseaux sociaux en général, bien sûr qui en a beaucoup, on reçoit des critiques, on reçoit des insultes, j’ai déjà reçu des menaces de mort, des menaces de viol. Ça peut être assez effrayant et ça peut être très déroutant, ça peut être fatigant et drainant psychologiquement.

J’ai fait une longue pause un moment parce que c’était assez difficile de faire face à autant de négativité tout le temps ça devient lourd et pesant. Donc j’avais fait une longue pause, c’était une pause d’un an ou plus même je dirais. Et donc j’ai repris qu’en décembre et c’était un peu le burn out activist, c’est à dire qu’on arrive à un certain moment où il y a tellement de négativité qu’on y arrive plus. Mais j’ai repris quand même. Donc j’avais besoin de cette pause-là psychologique pour pouvoir me ressourcer, pour pouvoir me focaliser sur moi, et puis après j’ai repris en étant beaucoup plus forte et aussi en étant un peu plus détachée de ce qui se passe sur les réseaux sociaux.

Donc vraiment cette pause m’a permis de remettre les choses en perspectives et de me rappeler pourquoi j’ai commencé à faire ça, et donc depuis mon retour, je me focalise sur le bon côté des choses, qui est le fait que, grâce aux réseaux sociaux et grâce à ce que je fais, j’ai créé un lien, avec des femmes incroyables, qui est invisible entre nous toutes, et on arrive aujourd’hui à communiquer, à débattre, à partager toutes ces choses-là qu’on a vécues.
Et aujourd’hui je me concentre plus plutôt sur ça. Et c’est ce qui fait que c’est plus facile, c’est à dire que peu importe toute la haine à laquelle on peut faire face sur les réseaux finalement le plus important c’est ce bon côté de ces choses-là, et qui est ce lien avec d’autres femmes marocaines qui sont absolument incroyables.

Pour la radicalité des combats des femmes, personnellement je pense que c’est un argument et une critique qui va au-delà des réseaux sociaux, c’est ce qu’on a toujours critiqué et reproché aux femmes féministes, et c’est ce qu’on continue de faire aujourd’hui. Peu importe ce qu’on dit, on sait très bien qu’on sera toujours critiqué parce qu'on sera vu comme des extrémistes, comme des radicales, et vous savez quoi, je pense que ce n’est pas important, parce que de toute façon peu importe l’idée qu’on formule et qu’on partage, on sera toujours vue comme des femmes qui veulent ébranler le statu quo et on sera toujours vues comme des menaces pour le patriarcat. Donc, moi cette critique, honnêtement, je ne fais pas attention parce que je pense qu’on va toujours nous reprocher ça.
 
  • Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre vision sur la situation de la femme et le développement de la situation des droits des femmes au Maroc ?
Alors, pour cette question je ne sais pas du tout comment y répondre, parce que c’est une question qui est assez générale. Je pense qu’on stagne beaucoup depuis plusieurs années, on n'avance pas, ou bien on avance vraiment à petit pas. On n'avance pas beaucoup parce que les lois qui sont inégalitaires et contre lesquelles les associations et les activistes féministes luttent depuis des années bien elles sont encore là.

Comme l’inégalité dans l’héritage, on parle de l’article 175 du code de la famille, on parle du droit à l’IVG, donc ce sont des lois qui n’ont pas changé, et pourtant ça fait des années que les femmes luttent contre elles.

Je pense qu’on avance pas en ce moment, on avance peut être en terme de sensibilisation, oui, en terme de communication, oui, là je pense que c’est vraiment grâce à l'avènement des réseaux sociaux qu’on arrive justement à communiquer sur ces sujets là, c’est à dire qu’il y a une sorte de libération de la parole qu’on avait pas auparavant. On peut le remarquer d’ailleurs avec le mouvement metoo qu’on avait de 2021, donc il y a une réelle libération de la parole, il y a plus de soutien, surtout chez les jeunes, donc ça n’existait pas auparavant. Mais en termes de droits, et en termes de lois, et bien on stagne beaucoup.
 
  • Selon vous, est ce qu’il y a actuellement de l’espace pour le débat féministe au Maroc ?
Bien sûr qu’il y a de l’espace pour le débat féministe au Maroc, je pense qu’on utilise un argument fallacieux contre nous, et que pendant longtemps on a essayé de nous faire croire que le débat féministe n’est pas une priorité, et qu’il faut se focaliser sur des sujets plus urgents ou des luttes plus urgentes, juste des questions plus urgentes, comme si on Maroc on avait pas des élus politiques dans des domaines différents qu’on pouvait faire quelque chose à la fois, ce qui est à mon avis faut.

Mais en plus de ça, je pense que c’est tout à fait normal qu’un homme juge que le débat féministe n’est pas une priorité, bien sûr que ce n’est pas ta priorité parce que tu n’es pas concerné. Mais si on regarde les chiffres et dans les faits, et bien, les femmes au Maroc constituent 50,1% de la population, bien sûr que c’est une priorité, bien qu’il y a de la place pour le débat féministe au Maroc. Et d’ailleurs le Roi Mohamed 6 l’a confirmé durant son dernier discours de la fête du trône l’été dernier, il a appris encore une fois sur la lutte pour les droits des femmes au Maroc, il l’a encouragée et cela prouve que la lutte féministe est en lien et est parallèle avec les priorités du pouvoir au Maroc.
 
  • Quels sont les principales réalisations et les objectifs attendus par les femmes au Maroc selon vous ?
Alors qu’une des réalisations récentes au Maroc c’est l’ouverture du métier de Oudoul aux femmes et aussi la réglementation autour qui a changée avec par exemple le fait que le témoignage d’un homme aujourd’hui vaut celui d’une femme, ce qui n’était pas forcément le cas avant parce que le témoignage d’un homme valait celui de deux femmes.

Donc aujourd’hui grâce au métier de Oudoul, les femmes ont plus d’opportunités économiques pour leur permettre une émancipation financière, et aussi grâce à ce nouveau projet de loi en terme de témoignage, et bien cela fait que les femmes sont mises sur le même piédestal que les hommes, que leur parole vaut autant que celle des hommes, mais qu’il y a une inégalité de genre sur ce point-là. Donc je pense que c’est une réalisation majeure et c’est l’une des réalisations les plus importantes de ces dernières années.

Et pour les objectifs attendus, je dirais plus de sécurité et de protection venant des lois. Pour parler d’un exemple je vais donner l’égalité dans l’héritage, aujourd’hui, les politiques gouvernementales encouragent la participation des femmes dans la vie économique du pays, mais parallèlement les femmes vont toucher moins que leurs frères si leur père est mort, et ça n’a absolument aucun sens, parce qu’on peut pas estimer aujourd'hui que les femmes sont assez libres pour participer, travailler et faire partie de la vie active, et ensuite estimer qu’elles n’ont pas le droit de toucher le même héritage que leur frèreça n’a absolument aucun sens, et je trouve même que c’est complètement en désaccord avec la réalité de notre société actuelle de notre mode opératoire et du fonctionnement de la société, c’est complètement opposé à notre modèle actuel et je pense que c’est un des objectifs principaux pour nous en tant que femmes au Maroc. Puis, il y a aussi le droit à l’IVGça aussi c’est un droit, qui, à mon avis, est censé être un droit inaliénable et puis il y a aussi la réforme du code de la famille sur la question de la tutelle par exemple.

Et puis un autre point qui est important pour nous, et qui est une priorité selon nous, c’est aussi que l’Etat puisse garantir la protection et la sécurité des femmes dans l’espace publique ou même dans la sphère privée, que ce soit au niveau de le harcèlement sexuel, ou des violences sexuelles en général.

C'est-à dire de faire en sorte que les femmes se sentent soutenues et protégées par les institutions du pays et cela dans toutes les différentes étapes, donc allant de la police au système juridique. Donc pour ça, il faut une formation des équipes sur les équipes de le harcèlement sexuel et des violences contre les femmes, des viols etc… Donc, ceci d’un côté.

D’un autre aussi, c’est de faire en sorte qu’il y a des outils qui puissent faciliter le soutien, l’accompagnement des femmes qui sont victimes, et donc ça peut être par exemple des hot line, que les femmes peuvent appeler dans  les cas violences sexuelles ou d’harcèlement sexuel qu’ils puissent accompagner la personne et puis l’aider. La mise en place de foyer, par exemple pour venir en aide aux femmes qui sont menacées par leur mari et qui ont besoin de partir de chez elles, d’avoir un réel accompagnement, et tout un système autour des femmes qu’il puisse les protéger.

Et puis un dernier volet qui est très important, qui est aussi tout simplement la sensibilisation, parce que, pour moi, cela c’est aussi la sensibilisation des jeunes à l’école, donc ça comment à l’école. Pour moi, il est très important aujourd’hui dans notre pays de faire en sorte que les jeunes à l’école aient accès à l’information, parce qu’aujourd’hui, ce n’est pas normal que les femmes qui sortent dans la rue se fassent harceler partout où elles vont. Ce n’est pas normal. Donc, pour moi il est très important de trouver la source du problème et de faire en sorte qu’à l’école, les jeunes soient sensibilisés sur la question.

Et cela peut être par des cours sur le harcèlement sexuel, sur les violences sexuelles, sur le sexisme plus généralement. J’en avais des cours à l’école qu’on appelait l’éducation nationale sur l’éducation civique, donc ça  peut être quelque chose qui rentre justement dans l’éducation civique, parce que pour moi c’est un thème qui lié justement à l’éducation civique, et c’est très important pour les jeunes d’apprendre ce qu’est le savoir vivre et le vivre ensemble avec les femmes. Ils doivent apprendre à faire société avec les femmes en les respectant, en respectant leur intégrité physique et justement en changeant leur perception du corps féminin, et ça je pense que c'est un sujet qui doit faire partie des cours à l’école.

En conclusion, notre interview avec Houda, la fondatrice de la plateforme Instagram féministe "Bent Darhoum' pour les femmes marocaines nous a permis de mieux comprendre les enjeux auxquels les femmes marocaines sont confrontées dans leur quête pour l'égalité des sexes. Nous avons également pu découvrir comment cette plateforme permet aux femmes marocaines de faire entendre leur voix, de se soutenir mutuellement et de sensibiliser le public aux problèmes qu'elles rencontrent. 

En cette Journée Internationale des Femmes, il est important de continuer à soutenir les efforts des femmes pour l'égalité des sexes dans le monde entier et de faire entendre leurs voix pour un avenir plus juste et plus égalitaire pour tous.

Salma LABTAR




Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 8 Mars 2023