Un contexte politique et économique qui pousse au changement
Son ambition est forte : replacer les TPE au cœur du modèle de croissance, réduire les fractures territoriales et corriger une lente dérive d’un Maroc économique “à deux vitesses”, déjà dénoncé dans plusieurs discours royaux. Cette Charte se veut à la fois un cadre, une obligation morale et une méthode — mais aussi un test grandeur nature de la capacité du pays à synchroniser ses institutions dans un objectif commun.
La Charte prend appui sur une série de rappels structurants et cite d’abord le discours du Roi Mohammed VI du 30 juillet 2025, qui appelle explicitement à “amortir les disparités sociales et spatiales” et à abandonner les schémas classiques de développement au profit d’une approche territoriale intégrée.
Ce passage n’est pas anodin : il place les TPE dans l’orbite d’un projet de société, et pas seulement dans celle d’un simple plan sectoriel.
Elle renvoie ensuite au discours de 2019 appelant le secteur bancaire à s’ouvrir davantage aux autoentrepreneurs et aux petites entreprises. Les TPE, souvent perçues comme un segment risqué et peu rentable, ont longtemps été les laissées-pour-compte du système financier marocain. Or, ce segment pèse lourd : il représente l’essentiel du tissu entrepreneurial, irrigue l’emploi et constitue une courroie indispensable au développement local.
Dans ce contexte, la Charte agit comme une réponse institutionnelle à un problème structurel. Elle cherche à créer un environnement plus équitable, plus lisible, plus fluidifié, capable de transformer des milliers de petites unités économiques en véritables leviers de croissance.
Une définition large, assumée, et économiquement cohérente
La Charte clarifie ce que le Maroc entend par TPE : toute entreprise réalisant un chiffre d’affaires annuel inférieur ou égal à dix millions de dirhams. Le seuil est volontairement inclusif. Il englobe à la fois les micro-entrepreneurs fragiles et les petites structures actives dans l’industrie, les services ou le commerce.
Cette amplitude crée une difficulté : comment adresser une population si hétérogène ? Mais elle présente aussi un avantage stratégique : elle permet de déployer une politique d’accompagnement massive et cohérente sur l’ensemble du territoire, sans multiplier les nomenclatures et les dispositifs parallèles.
La Charte prend appui sur une série de rappels structurants et cite d’abord le discours du Roi Mohammed VI du 30 juillet 2025, qui appelle explicitement à “amortir les disparités sociales et spatiales” et à abandonner les schémas classiques de développement au profit d’une approche territoriale intégrée.
Ce passage n’est pas anodin : il place les TPE dans l’orbite d’un projet de société, et pas seulement dans celle d’un simple plan sectoriel.
Elle renvoie ensuite au discours de 2019 appelant le secteur bancaire à s’ouvrir davantage aux autoentrepreneurs et aux petites entreprises. Les TPE, souvent perçues comme un segment risqué et peu rentable, ont longtemps été les laissées-pour-compte du système financier marocain. Or, ce segment pèse lourd : il représente l’essentiel du tissu entrepreneurial, irrigue l’emploi et constitue une courroie indispensable au développement local.
Dans ce contexte, la Charte agit comme une réponse institutionnelle à un problème structurel. Elle cherche à créer un environnement plus équitable, plus lisible, plus fluidifié, capable de transformer des milliers de petites unités économiques en véritables leviers de croissance.
Une définition large, assumée, et économiquement cohérente
La Charte clarifie ce que le Maroc entend par TPE : toute entreprise réalisant un chiffre d’affaires annuel inférieur ou égal à dix millions de dirhams. Le seuil est volontairement inclusif. Il englobe à la fois les micro-entrepreneurs fragiles et les petites structures actives dans l’industrie, les services ou le commerce.
Cette amplitude crée une difficulté : comment adresser une population si hétérogène ? Mais elle présente aussi un avantage stratégique : elle permet de déployer une politique d’accompagnement massive et cohérente sur l’ensemble du territoire, sans multiplier les nomenclatures et les dispositifs parallèles.
L’enjeu central : fluidifier l’accès au financement
Le premier chantier de la Charte est clairement financier. Les banques et les institutions de microfinance (IMF) s’engagent à “déployer une offre de crédit adaptée”, couvrant les besoins de création, d’exploitation et de développement, et ce “quelles que soient leur finalité et leur maturité”. La formulation est importante : elle élimine les zones grises et ferme la porte aux refus qui reposent sur des critères implicites ou subjectifs.
Elle impose aussi la simplification et la digitalisation du parcours de crédit, ce qui devrait réduire le coût administratif, accélérer les délais et diminuer les frictions qui découragent tant d’entrepreneurs. La digitalisation n’est plus ici un slogan, mais un engagement contractuel.
Autre évolution majeure : une prise en compte explicite des spécificités des TPE dans la fixation des taux et des garanties. Le texte suggère que la standardisation excessive des pratiques bancaires ne convient plus à un segment aussi fragile. Il introduit l’idée de critères différenciés, potentiellement plus souples, qui tiennent compte du rythme de croissance des entreprises plutôt que de leur seule capacité actuelle à fournir des garanties tangibles.
À cette politique de crédit s’ajoute une composante assurantielle, avec la mise en place d’offres dédiées et de primes bonifiées. Là encore, il s’agit de réduire le risque perçu par les banques tout en limitant les coûts pour les entrepreneurs.
Elle impose aussi la simplification et la digitalisation du parcours de crédit, ce qui devrait réduire le coût administratif, accélérer les délais et diminuer les frictions qui découragent tant d’entrepreneurs. La digitalisation n’est plus ici un slogan, mais un engagement contractuel.
Autre évolution majeure : une prise en compte explicite des spécificités des TPE dans la fixation des taux et des garanties. Le texte suggère que la standardisation excessive des pratiques bancaires ne convient plus à un segment aussi fragile. Il introduit l’idée de critères différenciés, potentiellement plus souples, qui tiennent compte du rythme de croissance des entreprises plutôt que de leur seule capacité actuelle à fournir des garanties tangibles.
À cette politique de crédit s’ajoute une composante assurantielle, avec la mise en place d’offres dédiées et de primes bonifiées. Là encore, il s’agit de réduire le risque perçu par les banques tout en limitant les coûts pour les entrepreneurs.
Tamwilcom, pivot du système de garantie
La Charte renforce clairement le rôle de l’institution publique Tamwilcom, chargée de fournir une offre de garantie “diversifiée et adaptée” et d’en simplifier l’utilisation.
Dans un pays où l’accès au financement est souvent bloqué non par la qualité du projet, mais par l’absence de garantie, ce volet peut devenir un véritable levier de transformation.
Si Tamwilcom applique ces engagements, cela pourrait déclencher un cercle vertueux : baisse du risque pour les banques, hausse de l’octroi de crédit, augmentation des investissements, croissance de l’emploi.
Le futur du risque bancaire : un scoring national augmenté par l’IA
La Charte à la surprise générale marque une rupture technologique assumée en œuvrant à la mise en place d’un système national de scoring dédié aux TPE, intégrant des données alternatives et permettant l’usage de l’intelligence artificielle pour affiner l’évaluation du risque.
Si ce scoring est bien conçu, il pourrait corriger les biais qui ont longtemps pénalisé les entreprises sans historique bancaire ou opérant en zones rurales.
Mais le défi est double : éviter le “sur-scoring” excluant et garantir la transparence des critères. Ce volet technologique pourrait être l’une des initiatives économiques les plus structurantes de la décennie.
Dans un pays où l’accès au financement est souvent bloqué non par la qualité du projet, mais par l’absence de garantie, ce volet peut devenir un véritable levier de transformation.
Si Tamwilcom applique ces engagements, cela pourrait déclencher un cercle vertueux : baisse du risque pour les banques, hausse de l’octroi de crédit, augmentation des investissements, croissance de l’emploi.
Le futur du risque bancaire : un scoring national augmenté par l’IA
La Charte à la surprise générale marque une rupture technologique assumée en œuvrant à la mise en place d’un système national de scoring dédié aux TPE, intégrant des données alternatives et permettant l’usage de l’intelligence artificielle pour affiner l’évaluation du risque.
Si ce scoring est bien conçu, il pourrait corriger les biais qui ont longtemps pénalisé les entreprises sans historique bancaire ou opérant en zones rurales.
Mais le défi est double : éviter le “sur-scoring” excluant et garantir la transparence des critères. Ce volet technologique pourrait être l’une des initiatives économiques les plus structurantes de la décennie.
Accompagner les TPE tout au long de leur cycle de vie
La Charte insiste sur l’accompagnement non financier, trop souvent négligé. Les banques et IMF doivent suivre les TPE de la pré-création à la post-création, y compris pour la restructuration en cas de difficultés.
La CGEM prend un engagement fort : favoriser l’accès des TPE aux marchés, inciter ses membres à réduire les délais de paiement — un point crucial — et organiser des formations techniques et numériques dans toutes les régions du Royaume.
Maroc PME, les Centres Régionaux d’Investissement (CRI) et le Ministère de l’Investissement s’engagent à intégrer les TPE dans les dispositifs d’aide existants, notamment ceux de la Charte de l’Investissement. Bank Al-Maghrib renforce l'accès à l’information économique et financière, tandis que la Fondation Marocaine pour l’Éducation Financière forme des conseillers dédiés et met à disposition des outils pédagogiques spécialisés.
Autrement dit : la TPE cesse d’être une entité isolée et devient un acteur intégré à un écosystème d’accompagnement structuré.
La CGEM prend un engagement fort : favoriser l’accès des TPE aux marchés, inciter ses membres à réduire les délais de paiement — un point crucial — et organiser des formations techniques et numériques dans toutes les régions du Royaume.
Maroc PME, les Centres Régionaux d’Investissement (CRI) et le Ministère de l’Investissement s’engagent à intégrer les TPE dans les dispositifs d’aide existants, notamment ceux de la Charte de l’Investissement. Bank Al-Maghrib renforce l'accès à l’information économique et financière, tandis que la Fondation Marocaine pour l’Éducation Financière forme des conseillers dédiés et met à disposition des outils pédagogiques spécialisés.
Autrement dit : la TPE cesse d’être une entité isolée et devient un acteur intégré à un écosystème d’accompagnement structuré.
Créer une dynamique territoriale : communication, tournées et formation
La Charte va au-delà de la technique bancaire. Elle exige des campagnes de communication coordonnées, des tournées régionales pour écouter les entrepreneurs et une révision des procédures internes des banques afin de mieux identifier, suivre et accompagner les TPE.
En filigrane, une idée forte : une réforme réussie n’est pas seulement une question de produits financiers, mais aussi de changement culturel.
Pour que les TPE se sentent enfin considérées, il faudra que les guichets bancaires, les CRI et les acteurs publics adoptent un langage commun et une attitude plus proactive.
En filigrane, une idée forte : une réforme réussie n’est pas seulement une question de produits financiers, mais aussi de changement culturel.
Pour que les TPE se sentent enfin considérées, il faudra que les guichets bancaires, les CRI et les acteurs publics adoptent un langage commun et une attitude plus proactive.
La gouvernance : un Comité TPE pour suivre, corriger et ajuster
Le pilotage de la Charte repose sur un Comité TPE réunissant tous les signataires, avec un secrétariat assuré par Bank Al-Maghrib. Ce comité aura trois missions essentielles :
suivre l’application des mesures ;
résoudre les difficultés rencontrées ;
formuler des recommandations.
Les institutions doivent soumettre leur déclinaison opérationnelle, leurs objectifs quantitatifs et leur calendrier.
Un reporting régulier est prévu, ainsi qu’un rapport annuel qui constituera un diagnostic public de la réforme.
Enfin, une plateforme digitale nationale centralisera les informations, assurant une traçabilité et une transparence inédites.
Une réforme prometteuse… si l’exécution suit
Cette charte ambitionne de répondre à des défis structurels : bancarisation insuffisante des TPE, concentration urbaine des opportunités, rigidité des procédures, déficit d’accompagnement, poids excessif des garanties, retards de paiement, manque de visibilité sur les dispositifs d’aide.
La Charte apporte des réponses cohérentes et parfois audacieuses. Elle modernise, simplifie, unifie.
Mais le véritable enjeu est celui de l’exécution. Les réformes économiques marocaines échouent rarement faute d’idées, mais souvent par manque de mise en œuvre rigoureuse.
Cette fois, la gouvernance, les outils digitaux, la coordination institutionnelle et la pression des entrepreneurs eux-mêmes pourraient créer les conditions d’un changement réel.
Si la promesse de cette Charte se concrétise, elle pourrait devenir un accélérateur de croissance et un outil de rééquilibrage territorial puissant, transformant progressivement les TPE en moteur reconnu — et non plus subi — de l’économie marocaine.
Elle pourrait aussi inspirer une nouvelle génération de politiques publiques centrées sur l’inclusion économique, la donnée, et la simplification administrative.
En 2026, les TPE seront les premières à juger. Et ce jugement dira beaucoup sur la capacité du Maroc à faire de l’équité économique un projet national partagé.
suivre l’application des mesures ;
résoudre les difficultés rencontrées ;
formuler des recommandations.
Les institutions doivent soumettre leur déclinaison opérationnelle, leurs objectifs quantitatifs et leur calendrier.
Un reporting régulier est prévu, ainsi qu’un rapport annuel qui constituera un diagnostic public de la réforme.
Enfin, une plateforme digitale nationale centralisera les informations, assurant une traçabilité et une transparence inédites.
Une réforme prometteuse… si l’exécution suit
Cette charte ambitionne de répondre à des défis structurels : bancarisation insuffisante des TPE, concentration urbaine des opportunités, rigidité des procédures, déficit d’accompagnement, poids excessif des garanties, retards de paiement, manque de visibilité sur les dispositifs d’aide.
La Charte apporte des réponses cohérentes et parfois audacieuses. Elle modernise, simplifie, unifie.
Mais le véritable enjeu est celui de l’exécution. Les réformes économiques marocaines échouent rarement faute d’idées, mais souvent par manque de mise en œuvre rigoureuse.
Cette fois, la gouvernance, les outils digitaux, la coordination institutionnelle et la pression des entrepreneurs eux-mêmes pourraient créer les conditions d’un changement réel.
Si la promesse de cette Charte se concrétise, elle pourrait devenir un accélérateur de croissance et un outil de rééquilibrage territorial puissant, transformant progressivement les TPE en moteur reconnu — et non plus subi — de l’économie marocaine.
Elle pourrait aussi inspirer une nouvelle génération de politiques publiques centrées sur l’inclusion économique, la donnée, et la simplification administrative.
En 2026, les TPE seront les premières à juger. Et ce jugement dira beaucoup sur la capacité du Maroc à faire de l’équité économique un projet national partagé.
Ils sont tous venus, ils ont tous signé.
La Charte relative au financement et à l'accompagnement des très petites entreprises (TPE) a été signée, jeudi à Rabat, par le ministère de l’Économie et des Finances, le ministère de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques, Bank Al-Maghrib, Tamwilcom, Maroc PME, le groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), la fédération nationale des associations de microcrédit (FNAM) et la confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).