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Entre la France et la Russie, le commerce de l'uranium bat son plein malgré les sanctions.(Première Partie )


Rédigé par le Lundi 13 Mars 2023

En dépit des sanctions contre Moscou , le cargo « Mikhail Dudin » fait des allers-retours entre Dunkerque et la Russie et charge et décharge régulièrement de l’uranium en provenance ou à destination de la Russie.



Écouter le podcast de cet article :


Un cargo a déchargé, mardi 28 février 2023, de l'uranium en provenance de Russie, sur le port de Dunkerque.
Un cargo a déchargé, mardi 28 février 2023, de l'uranium en provenance de Russie, sur le port de Dunkerque.
Le nucléaire français  «sous emprise» de la Russie !

Le nucléaire français est «sous emprise» de la Russie, affirme Greenpeace  qui avait déjà qualifié de «scandaleuse» la poursuite du commerce nucléaire avec la Russie, secteur qui n'est pas visé par des sanctions internationales, contrairement aux hydrocarbures

Selon l'ONG, la Russie contrôlerait 43% des importations d'uranium naturel en provenance du Kazakhstan et d'Ouzbékistan, et un tiers de celles d'uranium enrichi. Le gouvernement français  , persistant dans le déni et le tissu de mensonges a bien entendu réfuté l'argumentation de l'ONG

Greenpeace avait affirmé samedi 11 mars que la filière nucléaire française était «sous emprise» de la Russie, via des importations d'uranium naturel en provenance du Kazakhstan et d'Ouzbékistan, soit plus de 40% de l'approvisionnement de la France, outre de l'uranium enrichi.

En 2022, année de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, «près de la moitié de l'uranium naturel importé en France provenait du Kazakhstan et d'Ouzbékistan», 43% exactement, a souligné Greenpeace dans un rapport publié deux jours avant le début de l'examen par l'Assemblée nationale d'un projet de loi visant à accélérer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires .

Or, selon l'ONG, «la quasi-totalité de l'uranium naturel en provenance du Kazakhstan, et une partie considérable de celui venant d'Ouzbékistan, passe entre les mains du monopole russe du nucléaire civil,  Rosatom , qui contrôle le transport de toutes les matières nucléaires transitant sur le sol russe», via des convois ferroviaires jusqu'au port de Saint-Pétersbourg, puis des cargos jusqu'en France.

Des routes évitant le territoire russe «ne représentent aujourd'hui pas de véritables alternatives», ajoute le rapport.
Le texte de 99 pages s'appuie sur des données publiques (douanes, publications d'entreprises, d'organisations publiques, d'ONG, de groupes de réflexion et de médias).

On contourne bien les sanctions !

L'organisation avait en particulier relevé que la France avait reçu de la Russie «un tiers de l'uranium enrichi nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires françaises pendant un an», un triplement en 2022 ! 

 «Toujours en 2022, l'intégralité des exportations françaises d'uranium de retraitement (URT) a été envoyée en Russie, et l'intégralité des importations d'uraniumré-enrichi (URE) en France provenait de Russie», selon la même source.

«Contrairement à ce qu'affirment les défenseurs de l'atome, la dépendance de la filière nucléaire française aux autorités russes est immense, ce qui pourrait expliquer pourquoi la France continue de s'opposer activement aux sanctions contre Rosatom au niveau européen», avait averti Greenpeace samedi 11 mars . 

Le gouvernement français nie en bloc !

Bien sûr , le gouvernement français  a rapidement organisé , quoique en catastrophe , sa riposte en niant en bloc , en réfutant les accusations pourtant flagrantes et accablantes  contenues dans le rapport de Greenpeace !
 
Mais , selon le cabinet de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, la France «ne se fournit pas en Russie pour son approvisionnement en uranium naturel ou la préparation du combustible, comme cela est sous-entendu à tort par Greenpeace. C'est une différence qu'a notre pays avec certains de ses voisins européens».
 

Tenex, filiale de Rosatom (Russie), seule à convertir l’uranium de retraitement .
Tenex, filiale de Rosatom (Russie), seule à convertir l’uranium de retraitement .
Des arguments tirés par les cheveux.


Pour contredire le rapport accablant de Greenpeace , le gouvernement français use et abuse d'arguments tirés par les cheveux , qui ne tiennent pas debout et qui ne sont absolument pas crédibles

Jugez-en de vous-mêmes :

«S'agissant des sanctions contre la Russie, la position française sur ce sujet est constante : les sanctions doivent avoir un impact sur l'économie du pays visé. Des sanctions sur la filière nucléaire généreraient un impact modeste sur la Russie» .

«À l’inverse, la résiliation des derniers contrats subsistants qui portent sur le retraitement de combustibles générerait des indemnités plus avantageuses pour la Russie que leur poursuite a minima», plaide le cabinet de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

De son côté, EDF a dit «maximise(r) la diversification de ses sources géographiques et de ses fournisseurs» en combustible nucléaire : «Nous ne sommes dépendants d'aucun site, d'aucune société et d'aucun pays». EDF, qui oppose le «caractère confidentiel» du détail de ses approvisionnements, «applique strictement toutes les sanctions internationales et/ou les restrictions liées à la non-obtention d'autorisations administratives requises, tout en respectant les engagements contractuels pris», a ajouté la société.

Celle-ci a souligné n'avoir «acheté aucun uranium naturel extrait de mines russes, ni de services de conversion de l'uranium naturel en Russie en 2022», ni «augmenté sa part d'enrichissement de son uranium naturel non russe réalisé en Russie en 2022 par rapport à 2021».

Ainsi , si la  ministre de l'énergie  affirme que la France n'est pas livrée en uranium russe , pourquoi dit-elle par la suite qu'il s'agit d'anciens contrats dont la résiliation aurait profité à la Russie !?

Par ailleurs, en parallèle , il a été établi contrairement aux allégations du gouvernement français que la France expédie effectivement son uranium usagé en Sibérie

De l’uranium de retraitement (URT) appartenant à EDF, issu des combustibles nucléaires usés dans ses centrales, a été réenrichi en Russie, l’un des seuls pays au monde à disposer d’une chaîne de conversion et d’enrichissement active pour ce type de matière, déjà utilisée.

Certifiant une information de La Tribune , EDF confirme la livraison en France d’uranium de retraitement enrichi (URE), qui sera ensuite transformé en crayons de combustibles, en vue d’une réutilisation dans un ou plusieurs des quatre réacteurs de 900 MW de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse (Ardèche) à partir de 2023.

Elle est, pour l’instant, la seule homologuée à utiliser l’URE, en plus de l’uranium neuf. Les réacteurs de 1 300 MW pourraient suivre à partir de 2027.
Le secteur de l’énergie nucléaire échappe ainsi , à dessein , aux sanctions européennes contre la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine.

Inutile de vous préciser que de nombreux dirigeants européens dont l'ancien chancelier allemand Gerhard Schroeder  et François Fillon, ancien premier ministre français, ont longtemps siégé , avec d'autres , dans les Conseils d'administration des plus grandes firmes russes du nucléaire et de la Pétrochimie notamment !

Et l'ancien président français Nicolas Sarkozy aurait reçu trois millions d'euros pour redorer l'image de l'industrie russe en Occident  favoriser la Russie dans certains contrats .
 
Édifiant non !? 
 
Hafid FASSI FIHRI 

Sources : ( Greenpeace, Le Parisien, Le figaro ) 
 




Hafid Fassi fihri
Hafid Fassi Fihri est un journaliste atypique , un personnage hors-normes . Ce qu'il affectionne,... En savoir plus sur cet auteur
Lundi 13 Mars 2023