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Entretien exclusif avec un patron favorable au transfert des charges fiscales


Rédigé par La Rédaction le Mercredi 29 Janvier 2025

Ce patron invité plaide pour une fiscalité plus équilibrée en allégeant les charges sociales sur les entreprises et en transférant une partie des recettes vers le foncier, les produits de luxe ou les activités polluantes. Il appelle à un dialogue anticipé pour éviter une réforme précipitée et insiste sur les bénéfices économiques et sociaux d’un tel transfert.



Entretien exclusif avec un patron favorable au transfert des charges fiscales
Question : Vous êtes favorable à un transfert des charges fiscales pesant sur le travail. Pourquoi pensez-vous que cette réforme est nécessaire ?

Patron invité : Aujourd’hui, la fiscalité marocaine pèse de manière disproportionnée sur les salaires et les entreprises, ce qui freine la création d’emplois et limite la compétitivité. Les entreprises supportent des charges sociales élevées, ce qui décourage l’embauche, en particulier dans les secteurs formels. Transférer une partie de ces charges vers d’autres bases fiscales est indispensable pour libérer le potentiel économique du pays et attirer davantage d’investissements.

Question : Vous évoquez souvent une fiscalité orientée vers la consommation ou le foncier. Pouvez-vous détailler vos propositions ?

Patron invité : Tout à fait. Il faut diversifier les sources de recettes fiscales. Par exemple :

La fiscalité foncière : Il est temps de taxer la spéculation immobilière et les terrains non bâtis pour les inciter à être mis en valeur.
Les produits de luxe et non essentiels : Une taxation accrue sur ces biens pourrait générer des revenus substantiels sans affecter les produits de base.
Les activités polluantes : Une taxe environnementale, bien ciblée, pourrait financer des projets sociaux tout en favorisant des comportements responsables.

Ces mesures permettent de partager l’effort fiscal de manière plus équitable.

Question : Certains craignent que ces réformes n’alourdissent la charge pour les ménages ou les secteurs vulnérables. Que leur répondez-vous ?

Patron invité : C’est un faux débat. Une réforme bien pensée protégerait les produits de première nécessité et les ménages modestes. Par exemple, une TVA différenciée ou des exonérations sur les biens essentiels pourraient compenser l’impact sur les plus démunis. En parallèle, les secteurs qui bénéficient de rentes ou d’exemptions injustifiées, comme la spéculation foncière ou certains privilèges fiscaux, doivent contribuer davantage. Ce n’est pas une question de pénaliser, mais d’instaurer une fiscalité juste et responsable.

Question : Les syndicats craignent que cette réforme favorise davantage les entreprises que les travailleurs. Comment répondez-vous à cette critique ?

Patron invité: Je comprends leurs inquiétudes, mais ce transfert n’est pas un « cadeau » aux entreprises. En réduisant les charges sociales, nous libérons des marges pour investir dans l’emploi, augmenter les salaires et améliorer les conditions de travail. Une économie dynamique profite à tout le monde : les entreprises peuvent croître, et les travailleurs bénéficient de meilleures opportunités. Ce n’est pas un jeu à somme nulle, mais un cercle vertueux.

Question : Pensez-vous que ce débat peut être tranché avant les élections de 2026 ?

Patron invité : Je l’espère, mais cela dépendra de la volonté des acteurs politiques, syndicaux et économiques de s’engager dans un dialogue constructif. Si nous attendons la dernière minute, le sujet sera politisé et risque de diviser au lieu d’unir. Il est dans l’intérêt de tous d’anticiper et de travailler ensemble à une réforme équilibrée qui garantisse la compétitivité des entreprises tout en renforçant la justice sociale. C’est un enjeu crucial pour l’avenir du Maroc.

 

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Mercredi 29 Janvier 2025