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Erdogan tend la main à la Syrie pour tourner la page de la guerre civile


Rédigé par le Mercredi 5 Février 2025

Après 13 ans de guerre civile qui ont laissé la Syrie en ruines, une lueur d’espoir semble émerger. Le président intérimaire syrien, Ahmed al-Sharaa, s’est rendu en Turquie mardi pour rencontrer le président Recep Tayyip Erdogan. L’objectif de cette rencontre : discuter de l’offre turque d’aider à la reconstruction de la Syrie, un pays ravagé par l’un des conflits les plus meurtriers et destructeurs de ce siècle.



Un rapprochement fragile : la Turquie et la Syrie discutent de la reconstruction après une décennie de conflit dévastateur

Erdogan tend la main à la Syrie pour tourner la page de la guerre civile

Cette visite, marquée par des discussions stratégiques, symbolise un tournant potentiel dans les relations entre Ankara et Damas, historiquement tendues. Erdogan a salué la "détermination" d’al-Sharaa à combattre le terrorisme et a souligné que la Turquie était prête à fournir un soutien concret pour aider la Syrie à se relever. "La Turquie est prête à apporter son expertise et ses ressources pour contribuer à la reconstruction de la Syrie et à la stabilisation de la région", a déclaré Erdogan lors d’une conférence de presse.

Depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011, les relations entre la Turquie et la Syrie ont été marquées par des antagonismes profonds. La Turquie a soutenu des factions rebelles opposées au régime de Bachar al-Assad, tandis que Damas a accusé Ankara d’interférer dans ses affaires internes. Cependant, la situation sur le terrain a évolué. La Turquie, confrontée à des défis internes et régionaux, semble désormais privilégier une approche plus pragmatique.

L’un des principaux enjeux pour Ankara est la gestion des réfugiés syriens. Avec plus de 3,7 millions de réfugiés sur son territoire, la Turquie supporte une pression économique et sociale croissante. L’aide à la reconstruction de la Syrie pourrait être un moyen de faciliter le retour des réfugiés, tout en stabilisant la région frontalière.

La reconstruction de la Syrie représente une tâche titanesque, selon les Nations unies, les dégâts causés par la guerre s’élèvent à plusieurs centaines de milliards de dollars. Les infrastructures essentielles, telles que les hôpitaux, les écoles et les réseaux d’approvisionnement en eau, ont été détruites ou gravement endommagées.

L’offre turque pourrait inclure la construction d’infrastructures, la restauration des services publics et le développement de projets économiques dans les zones les plus touchées. Cependant, cette aide soulève des questions. La Syrie acceptera-t-elle une assistance turque, compte tenu des tensions historiques ? Et dans quelle mesure cette aide sera-t-elle conditionnée par des intérêts politiques ou stratégiques ?

L’initiative turque reflète une stratégie plus large visant à repositionner la Turquie comme un acteur clé dans la région. En s’impliquant dans la reconstruction de la Syrie, Ankara pourrait renforcer son influence face à d’autres puissances régionales, comme l’Iran ou la Russie, qui jouent également un rôle important dans le conflit syrien.

Cette situation rappelle d’autres cas similaires, comme la reconstruction de l’Irak après la guerre de 2003. À l’époque, plusieurs pays, dont les États-Unis et leurs alliés, avaient investi massivement dans la reconstruction, mais les résultats avaient été mitigés en raison des tensions politiques et de la corruption. La Syrie pourrait faire face à des défis similaires, notamment en ce qui concerne la coordination des efforts internationaux et la transparence dans l’utilisation des fonds.

Si l’offre turque se concrétise, elle pourrait avoir des répercussions positives à plusieurs niveaux. Sur le plan économique, la reconstruction pourrait relancer des secteurs clés, tels que l’agriculture, l’industrie et le commerce, offrant ainsi des opportunités d’emploi à des millions de Syriens. Socialement, elle pourrait contribuer à apaiser les tensions en améliorant les conditions de vie des populations les plus vulnérables.

Cependant, pour que cet impact soit durable, il faudra surmonter plusieurs obstacles. La corruption, la fragmentation politique et les tensions ethniques et religieuses pourraient freiner les progrès. De plus, la communauté internationale devra jouer un rôle actif pour garantir que l’aide bénéficie réellement à la population syrienne.

La visite d’Ahmed al-Sharaa en Turquie marque une étape importante dans les relations entre Ankara et Damas. Elle symbolise un rapprochement fragile mais nécessaire dans un contexte de crise humanitaire et de défis régionaux. À court terme, l’offre turque pourrait accélérer la reconstruction de certaines régions syriennes et faciliter le retour des réfugiés. À long terme, elle pourrait ouvrir la voie à une stabilisation durable de la région, à condition que les acteurs impliqués surmontent leurs divergences et travaillent ensemble.

Cependant, les incertitudes demeurent. La Syrie, encore divisée et affaiblie, devra relever des défis colossaux pour se reconstruire et réintégrer pleinement la communauté internationale. Quant à la Turquie, son rôle dans ce processus sera scruté de près, tant par ses alliés que par ses adversaires.


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Mamoune ACHARKI
Journaliste junior passionné par l'écriture, la communication, les relations internationales et la... En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 5 Février 2025