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Et si l’Espagne laissait filer Brahim Ghali ?


le Mercredi 28 Avril 2021



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Et si l’Espagne laissait filer Brahim Ghali ?
La cause « humanitaire » tombe à l’eau
 
«  Quelle Espagne ? » dit une fois Feu SM le Roi Hassan II à l’adresse d’une journaliste. Il n’est pas mille scénarii, de deux choses l’une, serait-ce une Espagne qui se rétracte, revient sur sa bourde, sauve ce qui reste, se règle sur une conduite justicière et souveraine, condamne le tortionnaire entré par « effraction » ? Loin s’en faut, plutôt par « complicité » de l’autorité en place.

Ou serait-ce une Espagne « amorale » qui fait « chiche ! » à sa justice, d’un côté, au Maroc de l’autre. La diplomatie Espagnole mise à nue, prise en étau par le Maroc d’une part, l’Algérie de l’autre, s’enlise dans des lancées qui ne tiennent qu’en « théorie », loin de tout engrenage réel.

Qui peut « gober » la carte « humanitaire » pour justifier d’une « duplicité » ayant conduit à la prise en charge d’un criminel recherché depuis 2013 ? Créditons, par hypothèse, L’Espagne d’un minimum de bonne foi, et concédons-lui les raisons de sa bonne volonté de voler au secours d’un « humain », en ce cas, cet « humain » se devait-il faire l’emprunt d’une fausse identité ?

Était-ce une condition sine qua non à son accès aux soins ? Voyez que la « causa humanitaria » tombe d’elle-même. Et de un. 
 
Ce que peut coûter une mauvaise foi…
 
S’ensuit que l’Espagne conçut en toute conscience « l’immoralité » de son acte, le cas échéant, elle aurait bravé tout camp adverse, en lui objectant son devoir de « bonté ».  De plus, Cette Espagne, dans l’effort de justifier du bien-fondé de sa démarche à l’égard du volet « affaires étrangères » , «  décide », et c’est tout comme, des sentiments marocains, en martelant que les relations bilatérales ne sauraient souffrir d’entaches.

Ah bon ? Est-ce se tromper ? Ou est-ce vouloir tromper ? Les deux cas sont blâmables. C’est ignorer la place de choix où le Maroc érige son Sahara dont il ne saurait démordre, serait-ce sur la moindre mini-parcelle. L’Espagne, l’ignore-t-elle ? Oh ! Que non ! Reste l’hypothèse où l’Espagne s’obstine mordicus à faire de cette bourde une faute légère.

Ça sent la mauvaise foi, à plein nez ! D’ailleurs l’ambassadeur d’Espagne fut sitôt convoqué par le ministère des affaires étrangères pour expliquer…l’inexplicable. Un premier pas dans le cheminement diplomatique, et qui n’aurait pour troisième, si les choses ne se tassent, qu’une rupture jusqu’à nouvel ordre.

Car le Maroc ne pourrait se suffire à cette « poudre de perlimpinpin » en guise de mots creux à l’exemple du  « bon voisinage », « allié stratégique », sans que viennent les habiller des actes qui les confortent dans leur sens. 
 
Ingratitude et mauvaises intentions
 
C’est dire que le Maroc essuie, ici, ce qui s’apparente, et de beaucoup, à une ingratitude. Si le Maroc sut faire preuve, de par le passé, et la chose se maintient, d’une loyauté sans taches, en se refusant en «  bon voisin » d’accueillir sur son sol le dissident Carles Puigdemont, ça n’est pas pour que l’Espagne « le lui rende mal » en ouvrant les bras aux séparatistes de chez nous, criminels, par-dessus le marché.

Il y a maldonne ! Rajoutons à cela, ce bras tendu, à l’œuvre,  infatigable , qui s’ingénie à lutter contre le terrorisme, à juguler le flux migratoire. Il y a matière à s’indigner… Certains, voulant rectifier le tir, en lieu et place d’une Espagne qui tergiverse… avance que  « ça ne fut pas fait pour être su ».

En gros, que l’intention ne fut pas de heurter le Maroc, encore moins de le défier, de lui asséner un coup bas, loin de là, que la chose s’est sue en dehors de leur volonté…celle de vouloir ménager et la chèvre et le chou…Et que bien sûr ne pouvaient-ils pas demander l’avis de Rabat, car de ce côté, la chose est arrêté…

Chose que nous pouvons contrecarrer, et de dire qu’il est d’abord un minimum de forme à mettre dans les rapports entre deux voisins, serait-ce de ces éléments de langage, à s’enquérir de la disposition d’un « allié », de ses objections, au lieu que de magouiller derrière son dos, et que si les choses ne valaient que par leurs intentions, celles-ci valent d’abord, ici, par leur intention première, celle du double-jeu, plutôt que celle qui se targue de préserver les sentiments marocains. 



D’une pierre deux coups ? 
 
Une façon de faire qui confirme l’idée qu’un État n’a point d’amis mais seulement des intérêts. Des intérêts oui, car ça sent le gaz algérien dans cette compromission  espagnole.

En l’espèce, une compromission qui s’étend au-delà du cercle maroco-espagnol, car si tout quidam pouvait fouler le pied espagnol en usant d’un faux-passeport, où en est l’Espagne de son accord d’extradition vis-à-vis de la CE ? Car si l’Espagne est complice aujourd’hui, rien ne dit qu’elle ne le sera point demain ? in fine, ce « Brahim Ghali » serait-il un cadeau empoisonné, remis aux mains espagnoles ?

Car s’il venait à passer entre les filets de la justice, pour pavaner en petit-chef dans les camps de la honte, en toute impunité, d’un côté ses victimes en nombre se rabattront sur ce laisser-aller espagnol pour en demander compte, de l’autre, le Maroc risquerait de rompre ses liens diplomatiques.

Les bruits courent que l’Algérie voulut se défaire du « petit caïd » en le jetant à la gueule du loup justicier, là où il est appelé à répondre de ses atrocités. Raison en serait que ce dernier ait parlé « plus qu’il ne faut » de ces dissensions dans le camp.

Un camp où se diluerait une frange pro-algérienne, et une autre qui garderait raison… Dans les deux cas de figures, la question se pose, comment l’Espagne se tirera-t-elle de l’impasse ? Le tortionnaire se remettra-t-il sur pied ? À quel prix ? 
 
Hicham Aboumerrouane 




Mercredi 28 Avril 2021