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Et si le football s’inspirait du basket ?


le Mercredi 13 Août 2025



Par Kamal El Hassane, journaliste stagiaire à LODJ Média

Et si le football s’inspirait du basket ?
On raconte souvent que le football est l’univers tout entier et que le reste du sport n’est que périphérie. Le ballon rond règne, l’audience mondiale l’adore, et les sponsors y voient la poule aux œufs d’or. Le basket-ball, lui, a beau remplir les salles de la NBA et séduire des milliards de spectateurs, il reste un petit frère dans l’imaginaire collectif mondial. Mais si l’on inversait un instant la perspective ? Et si c’était le basket qui pouvait inspirer le football ? L’idée peut surprendre, presque hérétique pour certains, mais elle mérite qu’on s’y attarde.

Ce que le football fait de mieux, il le doit souvent à sa capacité d’adaptation. Il n’a jamais hésité à emprunter à d’autres disciplines : la science de la préparation physique de l’athlétisme, l’exigence tactique du handball, et même le rythme méthodique du rugby. Alors pourquoi ne pas puiser dans l’ADN du basket ? Après tout, c’est un sport où l’espace est roi, où chaque mouvement est calculé pour créer un avantage, et où la rapidité d’exécution n’exclut jamais la patience. Pep Guardiola, obsédé des détails, ne s’y est pas trompé : il a trouvé dans la NBA une source inépuisable d’idées. Son Manchester City « prend un café » en attaque comme les Celtics de Joe Mazzulla ralentissent volontairement le tempo pour disséquer une défense. Steve Kerr et les Golden State Warriors, eux, ont directement importé le « tiki-taka » du Barça pour leur jeu en mouvement constant, un concept qui ferait rougir plus d’un entraîneur de football coincé dans son bloc bas.

Les parallèles sont évidents. Le basket apprend la compression et l’expansion de l’espace en permanence : cinq joueurs, trente mètres, et pourtant une infinité de combinaisons. Le football, plus vaste, pourrait s’en inspirer pour éviter ses temps morts, ces phases où l’on attend qu’un génie surgisse plutôt que de créer collectivement le déséquilibre. En basket, on force l’adversaire à défendre sur chaque centimètre, à se fatiguer mentalement autant que physiquement. Imaginez une équipe de football capable de le faire pendant quatre-vingt-dix minutes : ce n’est plus un match, c’est un siège, un Manchester City en version « Warriors 2017 », étouffant, méthodique, irrésistible.

Il y a aussi la question du rythme. En football, on parle de gestion de tempo, mais rarement avec la précision chirurgicale du basket. Là-bas, changer de vitesse n’est pas un luxe, c’est une arme : accélérer pour surprendre, ralentir pour punir. Les contre-attaques de la NBA ressemblent étrangement aux transitions offensives du football moderne : deux secondes pour passer de la défense à l’attaque. Sauf qu’en basket, on l’enseigne dès les catégories jeunes, là où le football compte encore sur l’instinct. C’est Gregg Popovich, légendaire coach des Spurs, qui résumait la différence avec une petite gifle verbale : « Vous avez 90 minutes et vous trouvez encore le moyen de vous ennuyer ? Nous, on n’a pas ce luxe. »

Même la culture de la répétition mériterait d’être importée. Au basket, on répète des systèmes jusqu’à ce qu’ils deviennent réflexes. Les joueurs savent où être, où regarder, quoi faire, même en aveugle. Les Spurs de Popovich, encore eux, connaissaient chaque angle de passe, chaque écran à poser, chaque mouvement à effectuer comme on récite un texte appris par cœur. Dans le football, cette rigueur existe chez quelques privilégiés comme un Liverpool en pleine forme, ou encore un Brighton version De Zerbi, mais beaucoup continuent de miser sur l’improvisation géniale, ce qui est magnifique, mais un peu comme jouer un solo de guitare en plein concert sans savoir si les autres musiciens suivent.

Enfin, il y a l’attitude. Le basket vit sur l’intensité émotionnelle : chaque possession compte, chaque panier est célébré, chaque erreur est immédiatement corrigée. En football, certaines équipes pourraient s’en inspirer pour éviter ces longues phases de torpeur où l’on attend que le match se réveille tout seul. Les Celtics champions NBA l’ont montré : qu’il reste cinq secondes ou qu’il en reste vingt minutes, l’énergie et la discipline restent identiques. Et quand on sait que la moindre baisse d’attention coûte un panier là-bas, on se demande comment certaines défenses de football survivent à 90 minutes d’alternance entre concentration et sieste.

Alors, comment le basket peut-il inspirer le football ? En lui rappelant que la créativité n’est pas incompatible avec la discipline, que l’espace est un trésor à exploiter, et que le tempo se contrôle autant qu’il se subit. Le roi ballon rond n’a rien à perdre à tendre l’oreille vers son cousin du parquet. Et si cela devait froisser quelques puristes… eh bien, qu’ils se rassurent : ce n’est pas du basket qu’on leur demande de jouer, juste du football un peu plus intelligent.

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Mercredi 13 Août 2025