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Etats-Unis : Il fut un temps, la démocratie


Rédigé par le Samedi 9 Janvier 2021

Le Capitole, siège du Congrès des Etats-Unis, est tombé pendant quelques heures, mercredi 6 janvier, aux mains de manifestants pro-Trump. Ils étaient là pour protester contre le « truquage » des élections présidentielles et le « vol » de la Maison blanche. Bilan de l’intervention de la Garde nationale pour les évacuer : 4 morts, dont une femme. Requiem pour la démocratie américaine.



Un partisan de Trump se faisant prendre en photo au sein du Capitole
Un partisan de Trump se faisant prendre en photo au sein du Capitole
C’est un assaut contre un symbole de la démocratie américaine ont hurlé les médias mainstream, qui n’ont jamais eu ni Donald Trump, ni ses partisans, en odeur de sainteté.

C’est également un symbole de l’effondrement de la démocratie représentative, sur le modèle américain, ont-ils, toutefois, évité de souligner.

Pendant que les pro-Trump remettent en cause les fondements même du système politique de leur pays, leurs adversaires les dénigrent sans ménagement. Les règles du vivre ensemble, différents mais égaux, ne sont plus respectées.
C’est la république des Etats-Unis qui est entrée en profonde crise existentielle.

Qui sont les trumpistes ?

Dans la situation de crise politique ou en sont arrivés les Etats-Unis, que les accusations des Trumpistes contre le déroulement du processus électoral soient fondées ou pas est devenu secondaire. C’est la pérennité du système politique américain, du moins tel qu’on le connaît, qui pose problème.

Les Trumpistes, c’est près de 74 millions de voix exprimés le 3 novembre pour le président sortant, dix millions de plus que le scrutin précédent. Populistes, militants extrême droite, « déplorables », peu importe les qualificatifs que leurs accolent les médias mainstream, ils représentent près de la moitié du corps électoral américain.

Ils se recrutent essentiellement dans la catégorie sociale des travailleurs peu ou moyennement qualifiés, ont vu leurs emplois délocalisés et se font sermonner par la gauche culturelle pour leur attachement à leurs valeurs traditionnelles.

Ils étaient auparavant représentés par le parti démocrate, du temps ou la gauche américaine s’intéressait à la classe ouvrière, avant d’être récupérés par les républicains, au nom de la préservation des valeurs, et de finir maintenant tout simplement hors-circuit avec le candidat présidentiel qu’ils appuient.

Déclassement

Ce sont des laissés pour compte de la globalisation, qui n’ont plus que leur pays à quoi s’attacher. Les exclure de l’espace public, les priver de moyens d’expression politique, même sur des réseaux sociaux, pour incapacité d’inadaptation au monde globalisé dans lequel les élites se meuvent en toute aisance, reviendrait à reléguer au rang de citoyens de seconde zone une large partie de la population, et, de fait, renoncer à la démocratie.

Quand Joe Biden a déclaré vouloir réunifier les Américains sous sa présidence, c’était, bien entendu, plus un discours politiquement correct que le reflet d’une réelle possibilité.

Ce qu’attendent de Biden ses sympathisants de gauche (promotion des droits des minorités ethniques, sexuelles, migration, etc) est totalement inacceptable pour la base trumpiste. Et ni les uns, ni les autres ne semblent prêts au compromis.

Par Ahmed NAJI




Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Samedi 9 Janvier 2021