Dans un stade plein à craquer, la “Nati” féminine a livré une prestation courageuse face à la redoutable Roja, championne du monde en titre. La rencontre, intense et disputée, s’est soldée par une victoire espagnole (2-0), mettant fin au parcours historique de la Suisse, qui atteignait pour la première fois ce niveau de la compétition.

Au-delà de l’élimination, le tournoi marque un tournant pour le football féminin suisse. Une ferveur populaire inédite s’est emparée du pays, illustrée par la foule rassemblée samedi sur la Place fédérale de Berne pour rendre hommage aux joueuses, malgré une météo défavorable.

« Nous avons lutté pendant des années pour en arriver là. Nous voulions raviver la flamme du football féminin, et nous y sommes parvenues, en partie grâce à vous », a déclaré la milieu offensive Lia Wälti lors de cet événement baptisé “Merci event”. « La Suisse a enfin sauté dans le train. Merci infiniment », a-t-elle conclu, émue.

Smilla Vallotto, sa coéquipière, a salué l’engouement populaire : « Il y avait près de 30 000 personnes dans le stade, mais aussi des milliers de supporters dans les fan zones de Berne, Zurich et Genève ».

À l’issue de la phase de groupes, l’UEFA annonçait déjà des chiffres record : 461 582 spectateurs dans les huit stades, avec 22 matchs joués à guichets fermés — une affluence bien supérieure à celle de l’Euro 2022 en Angleterre (357 993).

Les quarts de finale ont confirmé cet engouement, établissant de nouveaux records d’affluence pour des matchs à élimination directe (hors finale) : 34 128 spectateurs pour le France-Allemagne à Bâle et 29 734 pour Espagne-Suisse à Berne.

L’ambiance ne se limitait pas aux tribunes : les fan zones des grandes villes suisses comme Bâle, Genève, Zurich ou Berne ont attiré des foules immenses, dépassant le demi-million de visiteurs, dans une atmosphère festive.

Ces chiffres donnent raison à la ministre des Sports, Viola Amherd, qui avait prédit que cet Euro marquerait les esprits, tant par sa qualité organisationnelle que par son impact sur la perception du football féminin en Suisse.

Du côté de l’UEFA, la directrice du football féminin, Nadine Kessler, s’est également réjouie : « Le football féminin est irrésistible. Ce tournoi dépasse le cadre du sport : c’est un véritable mouvement, et il est là pour durer ».

Sportivement, l’édition 2025 a également confirmé l’essor du football féminin en Europe. L’Espagne, tenante du titre, rejoint les demi-finales aux côtés de l’Allemagne, l’Italie et l’Angleterre, témoignant de la compétitivité croissante du tournoi.

Ce succès éclatant contraste avec la polémique survenue en début d’année, lorsque le gouvernement suisse avait annoncé une subvention de seulement 4 millions de francs, bien en deçà des 15 millions promis initialement. Cette décision avait suscité l’indignation du monde sportif et politique. Finalement, sous la pression du Parlement et des cantons, le Conseil fédéral a rétabli le soutien à hauteur des 15 millions prévus, en décembre 2024.

Un réajustement salutaire qui a permis à cet Euro 2025 de se tenir dans des conditions à la hauteur de son ambition et de laisser une empreinte durable dans l’histoire du sport féminin européen.