L'ODJ Média

Exposition : D’ici et d’ailleurs


Rédigé par Rédaction le Vendredi 6 Mai 2022

Mohamed Azouzi et Abderrahim Makhlouf, galerie Tatmin Rabat Hassan du 12 au 27 Mai 2022



Par Horya Makhlouf

Exposition : D’ici et d’ailleurs
Mohamed Azouzi et Abderrahim Makhlouf se sont rencontrés il y a des années dans une ville de l’est parisien, limitrophe de la capitale, où l’un et l’autre continuent de partager leur temps avec le Maroc.

Casablanca, Bab Berret : il y a plusieurs points de départ à ce voyage, quantité de points d’arrivée, mais surtout des points de passage. Amsterdam, Chefchaouen, Moscou, Nancy, Pantin, Paris, Rabat, Tanger, Tétouan : l’addition des étapes parcourues par l’un et l’autre dessine un itinéraire riche et protéiforme, qui traverse les frontières et parcourt les univers sans s’essouffler.

Les deux artistes ont cheminé à travers les mondes, souvent en solitaire, se ménageant ici ou là leur propre place, toujours mouvante, dans des communautés de pratique ou de pensée.

Ils sont des Marocains Résidents ici et ailleurs, qui se retrouvent là autant que là-bas, et rapportent de leurs pérégrinations des couleurs, des formes et des symboles, avec lesquels ils composent chacun leurs toiles.

Les vocabulaires picturaux que l’un et l’autre ont développés se sont augmentés au fur et à mesure des expériences et des voyages.

Chez Azouzi autant que chez Makhlouf, des angles, des lignes et des points continuent de renouveler le répertoire de formes développé par l’abstraction géométrique de la seconde moitié du XXème siècle.

Chez l’un et l’autre, une palette aux couleurs chaudes, largement teintée de jaunes et de rouges, et aux contrastes francs se décline en combinaisons illimitées. Essentiellement ocre et terreuse chez Azouzi, reposant sur des associations de couleurs complémentaires chez Makhlouf, chacune évoque les ciels, les montagnes et les terres de la contrée maternelle et se mélangent à ceux des pays traversés.

Elle matérialise les souvenirs d’un soleil du Sud qui tantôt brûle, tantôt embaume les paysages, qui sait être aussi doux que brutal, et dont les nuances infinies sont d’autant mieux perçues et restituées par les yeux de peintres qui ont éprouvé l’altérité, notamment en traversant les continents.

L’abstraction picturale composée par les deux artistes connait des similitudes mais aussi bien des variations : les deux amis parlent les mêmes langues – arabe, français et peinture – mais chacun a cuisiné son propre dialecte en atelier.

Azouzi et Makhlouf sont des pseudo-nomades, pèlerins, observateurs, qui ont multiplié les rencontres avec l’Autre et l’ailleurs, traversé les miroirs et les oppositions. Ainsi n’est-il pas anodin de retrouver dans leurs œuvres des lignes de rupture – peut-être allégories de frontières – mais surtout de réparations – comme un indice qu’il est possible de les dépasser.

Des lignes en zigzag et des lignes de suture – dessinées au fusain chez Azouzi, cousues au fil chez Makhlouf – répartissent ainsi l’espace dans les labyrinthes de formes composés par les deux peintres. S’ils ne travaillent pas en duo, les deux artistes partagent toutefois certaines couleurs et certains symboles.

Soleil et lune, courbes et contre-courbes se retrouvent d’une toile à l’autre en déclinaisons variables. C’est que leurs parcours, avec toute la part d’intime et d’aléatoire qu’ils contiennent, se nourrissent de racines et d’héritages communs. Une histoire de l’art et une histoire tout court, qu’ils envisagent tous les deux comme métisses, hybrides, à cheval entre les terres et les mers.

Être d’ici et d’ailleurs, c’est aussi être de partout à la fois : une place depuis laquelle dire un peu de l’un et un peu de l’autre, multiplier les pistes et les chemins, à la croisée desquels se rencontrer enfin.

Diaporama


Télécharger le livret de l'exposition





Vendredi 6 Mai 2022