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Fatigue chronique ou simple coup de mou : que cache réellement l’épuisement moderne ?


Dans un monde où tout va vite, la fatigue est devenue un état presque ordinaire. Pourtant, lorsque cet épuisement s’installe, qu’il résiste au repos et s’impose comme une ombre persistante dans le quotidien, il ne s’agit plus d’un simple “coup de mou”.

C’est peut-être ce qu’on appelle la fatigue chronique, un mal insidieux qui touche de plus en plus de personnes, y compris au Maroc, sans toujours être reconnu comme tel.



Fatigue chronique : un épuisement qui dépasse le simple manque de sommeil

Fatigue chronique ou simple coup de mou : que cache réellement l’épuisement moderne ?
Contrairement à la fatigue passagère qui suit une nuit courte ou une période de stress, la fatigue chronique s’installe dans la durée. Elle ne disparaît pas après un week-end de repos, ni après quelques jours de vacances.

Elle s’accompagne souvent de maux de tête, de troubles de la concentration, de douleurs musculaires ou encore d’une hypersensibilité émotionnelle. Les spécialistes la définissent comme une fatigue persistante depuis plus de six mois, sans cause médicale clairement identifiée.

Ce syndrome, parfois appelé “encéphalomyélite myalgique”, reste encore mal compris, mais il est désormais considéré comme une véritable pathologie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Au Maroc comme ailleurs, la multiplication des rythmes effrénés, des journées surchargées et des modes de vie connectés favorisent cette forme d’épuisement prolongé. Le corps dit “stop”, mais souvent, on l’ignore.

Des causes multiples : stress, mode de vie, ou dérèglements physiologiques

La fatigue chronique est rarement le fruit d’une seule cause. Elle se nourrit d’un enchaînement de facteurs physiques, psychologiques et sociaux. Le stress permanent au travail, à la maison, dans la société reste le premier déclencheur.

La charge mentale, souvent invisiblement portée, use le système nerveux et dérègle la production d’hormones comme le cortisol, indispensable à la gestion de l’énergie. À cela s’ajoutent un manque de sommeil réparateur, une alimentation déséquilibrée, une sédentarité accrue, ou encore des carences en fer, magnésium ou vitamine D particulièrement fréquentes chez certaines populations.

La fatigue chronique peut aussi être liée à des troubles du système immunitaire ou à des infections virales anciennes. Dans certains cas, elle se manifeste après une longue période d’efforts physiques ou émotionnels intenses.

Mais plus encore que ses origines biologiques, c’est le contexte de vie moderne qui semble l’alimenter : la pression de la performance, l’hyperconnexion, le manque de temps pour soi. Le corps finit par se rebeller.

Les signaux d’alerte à ne pas négliger

Il est difficile de faire la différence entre une fatigue normale et une fatigue chronique, surtout dans des sociétés où “être fatigué” est devenu banal. Pourtant, certains signes doivent alerter : une fatigue persistante depuis plusieurs semaines ou mois ; un sommeil non réparateur malgré des nuits complètes ; des difficultés de concentration et de mémoire ; des douleurs diffuses ou musculaires inexpliquées ; une baisse de motivation ou une irritabilité inhabituelle.

Ces symptômes ne sont pas “dans la tête” : ils traduisent un déséquilibre profond du système nerveux et hormonal. L’erreur la plus courante consiste à banaliser ces signaux ou à les attribuer uniquement au stress. Il est essentiel de consulter un médecin pour écarter toute cause organique (anémie, hypothyroïdie, carence, etc.) et, surtout, d’apprendre à écouter son corps.

Mieux vivre avec la fatigue chronique : rééquilibrer, comprendre, agir

Le traitement de la fatigue chronique repose d’abord sur la reconnaissance du problème. Trop souvent, les personnes concernées culpabilisent ou se sentent incomprises, parce qu’elles “n’ont pas de raison d’être fatiguées”. Pourtant, c’est précisément ce décalage entre l’apparence et le ressenti qui rend le syndrome si difficile à vivre.

Les approches thérapeutiques combinent souvent rééducation du sommeil, alimentation anti-inflammatoire, activité physique douce (comme la marche ou le yoga) et gestion du stress par des techniques de respiration, de méditation ou de pleine conscience. Au Maroc, certaines cliniques et centres de bien-être commencent à intégrer ces dimensions dans leurs programmes de santé préventive.

Les entreprises, elles aussi, s’intéressent de plus en plus à la question du burn-out et de la fatigue chronique, conscients de leur impact sur la productivité et le bien-être au travail. Mais au-delà des traitements, le véritable défi reste culturel : apprendre à ralentir. Accepter que le repos n’est pas une faiblesse, mais une nécessité. Redonner au temps de récupération la place qu’il mérite dans nos vies ultra-connectées.

Un mal du siècle silencieux

La fatigue chronique n’a rien d’une simple lassitude : c’est une alerte. Celle d’un corps et d’un esprit épuisés par le rythme que nous leur imposons. Loin d’être un phénomène marginal, elle incarne le symptôme d’une époque où la performance a pris le pas sur la présence à soi.

Et peut-être que la première étape pour s’en sortir, c’est d’oser dire : “Je suis fatigué”, sans honte ni justification. Parce que comprendre sa fatigue, c’est déjà commencer à guérir.

Lundi 10 Novembre 2025



Rédigé par Salma Chmanti Houari le Lundi 10 Novembre 2025